04/09/2022
COURS D'HISTOIRE: LE WORODOUGOU, FONDATION ET HISTOIRE PRE-COLONIALE (Première partie)
LA VILLE DE SEGUELA:
La ville de Séguéla a été fondée par les Keita (qui prirent plus t**d le nom de BINATE) suite à la dislocation de l´empire du Mali ou Manding, après le règne de Mansa Oulé (l'empereur rouge, en raison de son teint clair, fils et successeur de Soundiata Keïta de 1255 à 1270.)
Les fondateurs de Séguéla sont des descendants directs de Mansa Oulé qui, s'étant converti à l´islam, suscita plus t**d l'abdication de ses propres enfants qui cédèrent le trône à la grande famille Konaté qui tenta d´assurer la survie en pérennisant le nom Keita dans l´appellation des différents rois qui se succédaient.
Entre le XVIe et le début du XVIIe siècle, les KEITA ou BINATE, fondateurs de Séguéla sont venus de la ville de Ségou en même temps que les KONE. L’expédition était conduite par l’ancêtre des Binaté, Youssoufou. Les migrants avaient des descriptions approximatives de la région qui devait leur être propice à la fondation d’un village prospère. Youssoufou avait fait un songe au cours duquel on lui avait révélé le site et la situation du nouveau village. Celui-ci devait se situer au carrefour de sept rivières.
Apres des péripéties, les deux cadets de Youssoufou, ont abandonné le gros du des troupes pour fonder respectivement Kissidougou et Souanzo, en Guinée actuelle. La longue errance conduits les migrants dans la région de Séguéla, plus précisément dans le village de Sefaga ou ils ont demandé l’hospitalité. C’est de cette base que les Binaté lancent les recherches qui aboutissent à la découverte du fameux carrefour. Une fois le site découvert, Youssoufou sans s’y établir retourne dans son village de Sehou-séguéla, dans la région de Ségou pour informer ses compatriotes de sa découverte.
Le rôle de Youssoufou apparait clairement comme celui d’un messager envoyé par les anciens du village de Séhou-séguéla, qui l’avait chargé de trouver l’emplacement indiqué. C’est ce qui expliquerait son retour à Ségou. En outre, le groupe conduit par Youssoufou n’était pas très important pour prétendre accaparer cet espace. Envoyé donc en éclaireur, il est alors retourné informer le gros des troupes sur l’état du site, les populations qui s’y trouvent, leur armement et leurs capacités guerrières.
Une fois de retour à Ségou, Lassana Binaté, fils de Youssoufou et l’ancêtre immédiat des Binaté de Séguéla, retourne sur le site à la tête d’une troupe de guerriers de Ségou, armée en conséquence, c’est-à-dire, à partir des informations des éclaireurs. Lassana, fort de sa cavalerie et de ses armes à feu réussit à déloger les Wobé qui occupaient alors la plus grande partie de l’espace de Séguéla actuel, en les repoussant vers l’ouest de la Cote d’Ivoire. Il repousse également les Gouro jusqu’à la lisière de la forêt.
Une version soutien qu’en souvenir de leur village d’origine, les migrants ont donné le nom de Sehou-Séguéla à l’espace qu’ils venaient de conquérir. Et c’est par déformation et par sclérose que cette appellation est devenue Séguéla, pour plus de commodité.
Une seconde version soutien que le nom de Séguéla est lié à la position géographique prédite avant le voyage des fondateurs qui devaient s´installer dans une zone bien précise où il y avait des Ségué, arbres bien connus dans le "Worodougou". D´où le nom "Sèguèla" et par déformation "Séguéla".
Une troisième et peu probable fait venir le nom de Séguéla de l’expression "Anyé ségué" qui veut dire "nous sommes fatigués".
C’est étant à Séguéla que les Kéita changent de nom et se font appeler "Binaté" qui veut juste dire Bi Na Té soit (Bi = aujourd´hui), (Na=Nan = venue), (Té = pas) qui est la réponse des fondateurs aux colons qui leur demandaient leur nom : Bi Nan Té = "Notre venue, ou notre présence, ne date pas d'aujourd'hui". Certains parmi eux sont restés fidèles au nom d´origine, Keita ou Fouétai (déformation de Keita).
Il faut signaler que les Binaté sont arrivés avec les Koné qui faisaient parti des troupes de conquête des migrants de Ségou. Une fois le village crée, il fallait songer à l’organisation socio-économique. Aussi, les Koné ont-ils étés confiés aux habitants du village de Gbinman, versés dans l’art du travail du fer. Les Koné devaient apprendre l’art de la forge pour réduire la dépendance de Séguéla vis-à-vis des Coulibaly de Gbinman et du village de Ségou, d’où les populations faisaient venir la totalité de leur armement et leurs outils de culture.
A la fondation de la ville de Séguéla, Gbinman était déjà créé. Les populations de cette localité étaient des Coulibaly et des animistes. Aujourd’hui encore, les ces Coulibaly restent les chefs de terre ou « Dougoukoro-tigui » de Séguéla. Toutes les grandes cérémonies d’offrandes à Séguéla sont réalisées par eux. Et pour l'occasion, il leur est interdit de boire ou de manger pendant toute la durée de la cérémonie. C'est une fois de retour chez eux, à Gbinman, qu'ils peuvent satisfaire ces besoins. C'est une cérémonie immuable qui s'est perpétuée jusqu’à nos jours.
Les repères géographiques qui ont servi à l’implantation du village de Séguéla sont le carrefour des 7 rivières qu’on trouve toujours dans la région. Ces cours d’eau sont : Le Tchon’hon près du village de Kamana, le Bafouhoni su la route de Watou, le Kiessamon, le Djemifi’n, le Fiani, le Fabatu et le Fouhoni-shouhonman qui sépare le village de Gbinman de Séguéla.
Aux premières souches de familles comme les Binaté et Koné, se sont ajoutés plus t**d les Bakayoko, les Soumahoro, les Diomandé, les Timité, les Dosso, … vers le XVIIe siècle.
À la fin du XIXe siècle, toute la région sera sous la domination de l'Almamy Samory Touré, fondateur de l'Empire Wassoulou qui s'étendait de Kankan à Dabakala et Kong. (A suivre...)
Extrait (en partie) de la thèse unique de Doctorat : Le Worodougou, peuplement et Mutation des origines à 1912.
Auteur : Fofana Sindou: