15/09/2020
[Culture et tradition]
L' INTRONISATION DE NANAN AGNINI-BILE II EN 1984
LES ENSEIGNEMENTS POUR L'HISTOIRE DES AGNI DJUABLIN
Part 1
Après quarante ans de règne sans discontinuer, Nanan
Kouao-Bile, douzième Roi du Djuablin décède le 4 mars 1982, ouvrant ainsi une ere de succession que le Royaume n'avait plus connue depuis 1934. Lorsque le 25 avril 1982, le peuple affligé, avec à sa tête, non seulement les dignitaires mais aussi les autorités politiques et administratives du pays, ,
accompagnait le roi defunt à sa dernière demeure, il pouvait difficilement imaginer que trois années seraient nécessaires
pour "asseoir" un successeur sur le trone vacant ; trois années d'incertitude quant à la pérennité et l'avenir du royaume agni-djuablin.
Quand on connait le canevas d'évolution des
pouvoirs Traditionnels défini par l'Etat républicain de Cote d'Ivoire, il y avait tout lieu de croire que la mort de Kouao Bile marquerait la fin du royaume en tant que structure dotée d'un pouvoir quelconque.
En effet, comme l'expliquait le Ministre de l'interieur, Léon Konan Koffi: "A l'indépendance, lorsque les institutions ont été mises en place : la justice, les préfectures et la police, il a été question de supprimer plusieurs intermédiaires, à savoir le chef de canton et le chef de tribu et de ne conserver que le chef de village, lequel devenait ainsi le principal auxiliaire du Sous-Prefet.
Et le Ministre de poursuivre : "concernant notre pays,
le Président de la République n'a pas voulu aller jusque-là et a décidé que chaque chef de canton qui mourrait disparaitrait avec tous ses attributs sans être remplacé.
Cependant, lorsqu'il fut acquis que les Agni-Djuablin
bénéficieraient du privilege de choisir un chef suivant
les lois traditionnelles qui régissent le fonctionnement de leur societe, il fallut se rendre à l'évidence que le candidat le mieux place n'était autre que Agnini-Bile Malan Jean-Marie, Ambassadeur de la Côte d'Ivoire en République Centrafricaine. Haut fonctionnaire de l'Etat, il s'avérait indispensable d'obtenir l'accord de l'intéressé et des autorités de tutelle pour sa mise à la disposition du Royaume. Lorsqu'il fut également acquis que la requête présentée à cette fin par les no-
tables rencontrait l'agrément des autorités politiques, cette entorse à la ligne tracée fut perçue comme la manifestation de l'importance reconnue à la royauté en tant qu'intermédiaire utile pour la diffusion des mots d'ordre du pouvoir républicain et pour la mobilisation des masses.
Ainsi, trente mois (2 ans 9 mois) après le décès
de Kouao-Bile, le peuple agni-djuablin s'est mobilisé les 28, 29 et 30 décembre 1984 pour donner un éclat particulier aux manifestations et cérémonies relatives au choix et à l'intronisation de son nouveau roi. Au-delà de la simple narration de ces faits, l'occasion nous paraît opportune de nous interroger sur l'importance et la contribution des cérémonies de cette nature pour la connaissance de l'Histoire.
.....Demain pour la suite.