31/05/2024
🔴 Tajmaât
Lorsque les Français sont arrivés en Kabylie en 1857, ils avaient progressivement étudié les traditions et coutumes prévalant dans la société, jusqu'à ce qu'ils aient constaté que la région de Kabylie n'avait ni prisons, ni tribunaux, ni forces de l'ordre, néanmoins, ils vivaient en paix, en sécurité et leur grande force était bien la discipline.
Ils étaient surpris par cette société organisée équivalente à celle des États occidentaux les mieux institués. Ils réalisèrent que le secret résidait dans la force, la solidité et l'enracinement de la structure Tajmaât, ce système coutumier régnait dans tous les villages Kabyles, dont l'organisation était tellement efficace presque infaillible dans la gestion des affaires courantes et le règlement des conflits entre citoyens, qu’il n'y avait ni clôtures pour protéger les biens (champs, vergers...), ni vols, ni meurtres, ni forces de sécurité.
Pour contrer cette réglementation et briser Tajmaât, les autorités françaises avaient publié un décret en 1868, interdisant aux Kabyles de recourir à Tajmaât, et au début de 1872, plusieurs tribunaux avaient été créés à Tizi Ouzou, Ain El Hammam, Béjaïa, Akbou, Sétif, Bordj...
Les français continuaient à changer et déformer les traditions et coutumes kabyles, car ils étaient persuadés que tant qu'ils seraient gouvernés par Tajmaât, la cohésion de la communauté villageoise serait solide et le contrôle sur eux serait difficile.
Malgré les efforts déployés par le colonialisme pour casser la structure, les Kabyles restèrent fidèles et ne recourent jamais aux juridictions instituées par la France.
• Photo : Tajmaât du village Touddart, tribu Ath Aidhel, rive droite de la vallée de la Soummam
✍️ Tarek Oulahlou