Mohamed Rezala est d’un bloc. Sans détour et avec l’honnêteté que ne désavoue pas son regard direct, à la question :
- Parlez-nous de votre parcours, votre entreprise et votre secteur d’activité ? Il annonce d’emblée « Guide nomad est né suite à un échec… » Parcours classique de l’enfant unique, envoyé en Suisse pour y faire mes études que je complète entre Grenoble et Lyon, cursus en Mathématiques appliquées et statistiques, diplôme en poche, je m’empresse de rejoindre la mère patrie pour y concrétiser un projet murement mis au point.
Confiant, je m’y investis totalement. Economies, crédit bancaire, hypothèque de la maison familiale y passent. Nous sommes en 2003. Malgré l’étude de marché et les assurances, c’est l’échec, total et cuisant. 80 % de mon temps de création d’entreprise, je le passais dans l’administration et 20 % à tester mes produits...Tel était l’esprit du créateur algérien !
Refusant toute complaisance envers moi-même, ébranlé par l’ampleur du désastre, totalement ruiné et débiteur, je m’attelle à trouver un créneau qui me remette en selle. L’urgence est de rembourser mes dettes.
Tic ou toc, j’ai depuis toujours l’habitude de noter sur des post-it mes impressions : D’un restaurant à l’autre, service, nourriture, fréquentation, tout y passe si bien que peu à peu germe dans mon esprit l’idée d’un guide. Homme d’action, je m’empresse de joindre par courrier l’auteur du « Guide du routard » qui, intéressé, accepte une rencontre.
Muni de mes notes de restaurants sous forme de manuscrit relié, je reviens de l’entrevue serein. Nous sommes en 2006. La lettre de rejet m’affecte.
Refusant de céder à la fatalité, je décide de « prendre le taureau par les cornes » et me jette dans la bataille par défi plus que par conviction. Je m’associe avec un ami pour démarrer une entreprise viable.
- Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
Nous avons enjambé toutes les ornières, buté contre une administration archaïque. Devant le rejet du manuscrit, nous avons ouvert notre propre maison d’édition et nous sommes battus sur tous les fronts. Ainsi, dès 2007, le premier guide, fait d’informations algérianisées, parait. Je distribue mon premier-né ailleurs que dans les librairies. C’est le succès… Les demandes affluent car l’idée plait.
- Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur qui décide de se lancer ?
…Croire en soi, aller à la rencontre des autres, accepter les critiques, imposer ou proposer une nouveauté avec la conviction d’un leader, faire du bruit, être à l’écoute, ne pas se laisser abattre, voilà ce que mon parcours du combattant nous apprend : Tout entrepreneur qui décide d’investir en Algérie doit prêter une attention particulière à sa socialisation et aux rencontres fortuites qui peuvent être sources d’inspiration. Qu’il fasse preuve d’audace et d’assurance en se rapprochant des utilisateurs du produit pour les comprendre et analyser leurs exigences. Tout créateur d’entreprise, pour réaliser un projet viable doit pouvoir « créer » et nourrir un besoin, faire preuve d’audace et résister au découragement. Plaire et être accessible surtout ! Je précise que je suis le seul, à Alger, à appliquer un prix de vente public dégressif, jugez-en :
De 1700 DA en 2007 à 1200 en 2011, 990 DA en 2014 le guide est proposé à 800 DA en 2017 !
Rester ouvert à toute idée novatrice, ne pas lésiner sur les bienfaits de la communication, anticiper les besoins ou en créer sont les garants de la réussite d’un projet.
- Par quels partenaires seriez-vous intéressé ?
…Je suis fier d’avoir mis à la portée de tous un guide des services, cruellement absent de nos étals, un organisateur de sorties et une aide à gérer ses loisirs. Chaque guide est une nouvelle création, en aucun cas une répétition du précédent ! Tout partenaire soucieux d’améliorer la vie des Algériens, se mettant à la portée de tous sans ignorer leurs rêves les plus fous est le bienvenu pour améliorer et enrichir le guide. J’accepte tout partenariat qui ferait évoluer la société en améliorant mes prestations car « démocratiser la culture du guide et le mettre à la portée de tous les algériens est mon challenge, c’est un réel produit d’utilité publique. »