01/03/2024
1932, il grande poeta italiano Ungaretti attraversa la Corsica. A San Pietru di Venacu nel cuore delle montagne corse, il poeta è accolto calorosamente da alcuni pastori tra cui Ors'Antone e vivrà un'esperienza che pochi intellettuali stranieri hanno saputo cogliere: l'anima del popolo corso.
"Le poète demande au patriarche s’il sait lire. "Bien sûr ! réplique Ors’Antone qui, se levant, tire de sa poche le petit livre sur lequel il a appris tout seul : "une pauvre édition populaire de la Gerusalemme liberata". Il s’en est séparé une seule fois, pour la prêter à Ida (la jeune sorcière ?), elle lui a perdu la moitié des pages, "c’est le seul regret de sa vie". Et alors s’improvise une scène qu’Ungaretti n’oubliera jamais :
Il me regarde, les yeux perdus, embrumés : Mentre son questi a la bell’opre intenti
Et il advient alors une chose bouleversante. Un autre petit vieux qui semblait dormir et le Sgiò Ghiuvanni et le jeune garçon et aussi moi qui écrit nous fîmes un chœur avec Ors’Antonne :
.. Perché dobbiano tosto in uso porse,
il gran nemico dell’umane genti
Contra i Cristiani i lividi occhi torse...
Arrive l’heure de se coucher. Mais la Sgià Maria Catali veut que nous buvions une autre petite goutte de "l’acquavita chi sfende i petri" : "Non vi fera mica male ?" Alors, dans cette salle enfumée, avec ces braises et ces barbes blanches, je crus avoir pénétré dans un tableau du Caravage".
Giuseppe Ungaretti. À partir du désert. Éd. du Seuil