13/12/2020
Les Ardennes : Le commencement.
J'ai longtemps cherché la 1ère sortie que j’allais présenter sur la page mais au final un seul choix était possible. C’était celle-ci !
J’ai toujours aimé dessiner des parcours, aller découvrir de nouvelles routes. Mais cette sortie, pour la 1ère fois, ce n’est pas pour moi mais quelqu'un d’autre que je la dessinais.
Ma sœur s’était remise au vélo depuis quelques années, c'est un monstre d’endurance mais qui ne croit pas en ses capacités. Je m’étais donc donné comme objectif de lui faire passer pour la 1ère fois la barre des 100kms dans un lieu exceptionnel, dépaysant.
On peut penser que la partie au nord de Paris est plate, c’est faux. Un géant s’y dresse et il surplombe majestueusement la Meuse qui coule à ses pieds, c’est le Mont Malgré Tout. 4km à 8% de moyenne. Autrefois emprunté par le Criterium International, que des noms de légende ont remporté l’étape sur laquelle il figurait : Brochard, Basso, Voigt, Gerrans, Moncoutié. On est loin du flandrien qui aime frotter dans les bordures aux abords d’un mont pavé.
Au départ de Mariembourg, charmant village belge à l’histoire qui même si ses fortifications ont disparu a gardé un certain charme avec sa place Marie de Hongrie, ma sœur ne connaissait en rien le parcours. Mystère. Les premiers kilomètres sont une succession de petites bosses, 3 pour être précis dont la difficulté va crescendo avant d’arriver au pied de la 1ère grosse montée du jour peu avant le vingtième kilomètres, la rue de la Chapelle à Vievres sur Viroin. Longue de 6km, la pente ne dépasse jamais les 6%, la montée se fait donc en douceur au fil que la végétation change. Lorsque nous avons réalisé la sortie, une brume épaisse était présente donnant au lieu une atmosphère mystique.
Un fois le sommet passé, 2 raidars se dressent alors sous les roues, toujours au cœur de la forêt de Nîmes où se passe l’intrigue du livre et film "3 jours et 1 nuit". Les pentes sont respectivement de 13 et 9% mais une fois franchies, une longue descente synonyme de repos nous amène en France. Peu avant la frontière, une stèle symbolisant le centre géographique de l’Europe des 15 est érigée sur la gauche. Au bas de la descente coule la Meuse, un travail remarquable a été fait dans le but de créer une véloroute tout au long de ce fleuve qui voit ses eaux prendre la direction de Maastricht puis la mer du Nord. Là aussi, les paysages sont grandioses, de l’autre côté du fleuve se dressent majestueusement des éperons rocheux hauts de près de 300m. Les kilomètres s’enchaînent et la beauté des lieux donne l’impression d’être dans un fjord en Norvège.
Le géant se dévoile finalement. Le changement de braquet s’impose. Dès son pied, la pente est exigeante, ne laissant pas de repos. 6 lacets sont présents dans la montée dont certains offrent des points de vue plongeant sur la Meuse. Les 2 premiers kilomètres laissent des traces, pourtant le plus dur reste à venir, ce 3ème kilomètre est terrible, les pourcentages avoisinent les 10%. Les longues lignes droites n’aident pas et donnent une sensation de ne jamais en finir d’autant plus qu’un dernier passage à 12% est présent avant le sommet, j’entends ma sœur me haïr. Le géant a été dompté, une pause s’impose. S’ensuit ensuite de nombreux kilomètres mal plats pourtant le rythme reprend de plus belle. Des panneaux indiquent la présence d’une piste de ski de fond, nous sommes à la montagne ? Le retour vers la Meuse se fait en 3 temps, une descente vers Hargnies où le compteur frôle les 60km/h suivi d’une autre plus technique, le tout entrecoupé par le versant le plus facile du col d’Haybes.
Les kilomètres suivants se font donc une nouvelle fois au fil du fleuve. Le plus dur est fait, le bonheur se lit sur les visages. Passé Vireux Molhain, les difficultés refont toutefois surface. Les jambes sont lourdes, la barre des 100kms se rapproche, il ne faut pas céder. La rue du Gay à Tregnes se monte difficilement avec ses passages à près de 10% mais une fois franchi, il n’y a plus qu’à derouler, c’est tout plat. Les derniers tours de roues se font sur le Ravel, une ancienne voie ferrée de train à vapeur dont vous pouvez voir quelques exemplaires à l’entrée de Mariembourg.
Ca y est, après 110km et 1400m de dénivelé, il est temps de remettre le vélo dans la voiture les jambes fatiguées mais le bonheur d’avoir fait une sortie mémorable.