Véronique Domagalski - Ad Vitam

Véronique Domagalski - Ad Vitam Découvrez les richesses de Chartres et sa région : anecdotes, suggestions de visites ou de conférence Je vous ferai revivre les grands moments de son histoire.

Carte professionnelle de guide-conférencier n° GC-1428003P
Si Chartres vous évoque d'un premier abord sa cathédrale, chef d’œuvre de l'art gothique avec sa statuaire incomparable et ses vitraux aux couleurs étincelantes, la ville mérite également une balade et une découverte approfondie. Que ce soit pour quelques heures ou quelques jours, je vous propose de découvrir les mille richesses de cette v

ille aux multiples facettes. Et à travers mon commentaire, vous pourrez pointer votre regard sur un détail, vous étonner d’une anecdote et bien sûr profiter à votre gré de cette découverte, pour faire de votre visite un moment unique et privilégié.

Aujourd'hui, nous célébrons les Georges, et dans notre belle Cathédrale de Chartres, ce saint Patron de l'Angleterre est...
23/04/2025

Aujourd'hui, nous célébrons les Georges, et dans notre belle Cathédrale de Chartres, ce saint Patron de l'Angleterre est un véritable saint guerrier entre pierre et verre
Vous le retrouverez debout, casqué, cuirassé, le glaive à la ceinture. Dans la verrière haute de la baie de la nef, saint Georges se dresse comme un prince chrétien. Le regard fier, les armes prêtes mais au repos : c’est un soldat de la foi, un martyr, et plus t**d, un symbole pour toute la chevalerie médiévale.
Figure orientale à l’origine, Georges de Lydda est un officier romain du IVe siècle, mort pour avoir refusé de renier le christianisme lors des persécutions de Dioclétien. Son culte se répand très tôt en Orient, mais c’est l’Occident du XIIe siècle qui lui donne son visage légendaire : celui d’un chevalier qui terrasse un dragon pour sauver une princesse. Ce n’est plus seulement un martyr : il devient le modèle du miles Christi, le chevalier du Christ.
À Chartres, il apparaît en majesté dans la verrière haute évoquée ci-dessus, ainsi que dans une petite rose de la nef, et il est aussi représenté dans la sculpture du portail sud, parmi les saints martyrs. On y reconnaît aisément sa stature de guerrier sacré, dans une cathédrale qui ne le célèbre pas pour ses exploits, mais pour son exemple : celui de l’engagement jusqu’au bout, de l’idéal incarné. Mais regardez attentivement, que ce soit dans le vitrail ou aux pieds de la statue, on voit la roue, un des supplices qu'il dût supporter.
Au Moyen Âge, saint Georges est aussi choisi comme patron des Templiers. C’est dire si sa figure porte un poids symbolique fort : entre pureté, combat intérieur et fidélité à Dieu. Le combattant devient témoin. Le glaive est à la fois défenseur des innocents et symbole de la Parole.
À Chartres, son image transperce la verticalité : on l’aperçoit en levant les yeux, et comme toujours, dans le silence des vitraux, il invite à un courage qui ne fait pas de bruit.

Dans la cathédrale de Chartres, le signe du Taureau s’invite dans le verre et la pierre comme une figure de force et de ...
21/04/2025

Dans la cathédrale de Chartres, le signe du Taureau s’invite dans le verre et la pierre comme une figure de force et de floraison, entre puissance sacrée et rythme des saisons.
Dans le déambulatoire sud, un vitrail du début du XIIIe siècle nous offre une lecture du monde à la fois cosmique et spirituelle : le vitrail des Mois et du Zodiaque associe les signes célestes aux scènes de la vie humaine. Avril y est associé au signe du Taureau.
Dans le médaillon du mois, un homme se tient debout, bien droit, vêtu d’un manteau rouge vif. Il tient dans chaque main une fleur, tandis que deux arbres stylisés l’encadrent, en pleine floraison. Une scène simple, paisible… à un détail près : la fleur dans sa main gauche est flétrie. Subtile dissonance dans cette explosion de vie. La nature renaît, certes, mais cette vie est fragile, suspendue entre éclosion et déclin.
Dans l’univers médiéval, rien n’est anodin. On a pu voir dans cette opposition une allégorie des deux alliances. La fleur fanée évoquerait l’Ancienne Alliance, celle du peuple hébreu, fondée sur la Loi. Les fleurs écloses, au contraire, annoncent la Nouvelle Alliance, celle du Christ, porteuse de résurrection et de salut.
Cette lecture est d’autant plus pertinente qu’avril est, dans la tradition liturgique, le mois de Pâques. Non pas au sens calendaire strict car la date varie, mais symboliquement : c’est le mois de la Passion, de la mort et de la Résurrection. Le vitrail devient alors une méditation visuelle sur le mystère pascal : de la mort jaillit la vie, de l’ancienne loi naît une promesse renouvelée.
Face à cette scène, le signe du Taureau, massivement campé sur ses pattes. Animal de force, il incarne à la fois la puissance du travail et le sacrifice. Pour Méliton de Sardes, père de l’Église, le taureau est le symbole même du Christ, offert comme victime. Une force que seule la vertu peut dominer, sans quoi elle devient destructrice.
À Chartres, comme dans d'autres cathédrales gothiques, le zodiaque n’est pas décoratif : il traduit l’ordre divin de la Création. En croisant les signes du ciel et les gestes de la terre, les maîtres verriers nous rappellent que tout est lié : le temps, la foi, le travail, la mort… et la résurrection.
Bon anniversaire aux Taureaux ! Nés dans ce mois de lumière, vous portez en vous la force tranquille, la fidélité, et ce lien précieux à la terre nourricière. La cathédrale vous inscrit dans le verre et la pierre, au cœur du printemps, comme une promesse de stabilité et de renouveau.

Ce matin, elles ont sonné, vont sonner. Longtemps. Partout. Pleinement. À toute volée.Et comme ailleurs, les cloches de ...
20/04/2025

Ce matin, elles ont sonné, vont sonner. Longtemps. Partout. Pleinement. À toute volée.
Et comme ailleurs, les cloches de la cathédrale ont fendu l’air avec leur voix familière, grave, puissante, presque solennelle. On les entend de loin, mais c’est ici, en cœur de ville, que leur présence se fait physique. Elles résonnent dans les murs, traversent les toits, font vibrer les vitres et battent doucement contre la poitrine. Elles annoncent Pâques, bien sûr. Mais elles racontent bien plus encore.
À Chartres, les cloches ne sont pas qu’un décor sonore. Elles sont là depuis toujours ou presque. Dans le clocher nord, elles veillent, suspendues,, prêtes à se faire entendre à la moindre occasion. Il y en a sept aujourd’hui. La plus ancienne, qu’on appelle simplement le timbre, sonne les heures depuis le XVIe siècle. Elle n’a pas de nom, mais c’est elle que l’on entend le plus régulièrement, discrètement, ponctuant le quotidien d’un coup juste, presque oublié. Les six autres cloches portent des noms. Marie, bien sûr, le gros bourdon, le cœur vibrant du clocher. Et puis Joseph, Piat, Fulbert, Anne, Élisabeth. Toute une petite communauté de bronze, qui se réveille en chœur les jours de fête.
Pendant des siècles, ce sont les sonneurs qui grimpaient là-haut. Des hommes de force et d’habitude, qui rythmaient la vie des habitants à la main, avec des cordes, de l’huile de coude et une sacrée résistance au vertige. Mais parfois, il faut bien l’avouer, les cloches en faisaient un peu trop. Trop tôt, trop t**d. En 1832, le conseil municipal s’en mêle et décide de limiter les sonneries : pas de carillon entre 1h et 6h du matin l’été, ou 7h l’hiver, et des volées de cloches qui ne doivent pas dépasser cinq minutes. Ce rythme apaisé, c’est encore celui que nous connaissons aujourd’hui.
Et c’est heureux. Car elles font partie de notre paysage. Je me fie souvent à elles, presque inconsciemment. Habitant à deux pas, je n’ai pas besoin de montre : les cloches me servent de réveil naturel. Un coup discret, un tintement de quart, un battement sourd au loin… et l’on sait que le jour avance.
Entre le Jeudi saint et le dimanche de Pâques, elles se taisent. Tradition oblige : les cloches "partent à Rome". Elles reviennent le matin de Pâques, avec joie et éclat, comme un signal lancé dans le ciel. C’est ce que j’entends ce matin, dans la lumière un peu dorée d’avril. Une annonce, une promesse, un chant de bronze qui fait vibrer les pierres.
Et je me suis dit que ces voix-là, suspendues au-dessus de nos têtes, étaient peut-être les plus anciennes et les plus fidèles de la ville. Elles nous parlent sans mots, et pourtant, elles disent beaucoup.
Joyeuses Pâques à tous !

À Chartres, le Vendredi Saint plonge la cathédrale dans une atmosphère de recueillement profond. En ce jour où les chrét...
18/04/2025

À Chartres, le Vendredi Saint plonge la cathédrale dans une atmosphère de recueillement profond. En ce jour où les chrétiens commémorent la mort du Christ sur la croix, les chants s’éteignent, les cloches se taisent, et les statues se voilent.
Dès qu’on entre dans la nef, un détail frappe : les statues et les crucifix sont recouverts d’un drap violet. Cette couleur, symbole de pénitence et de deuil, marque le silence liturgique de cette journée unique dans l’année. Cacher les visages des saints, c’est dire que toute l’Église entre dans l’attente, que même les plus proches du Christ se retirent dans le silence. C’est aussi rappeler l’abandon, l’obscurité du Golgotha, avant la lumière pascale. Ce geste sobre et émouvant prépare les cœurs à la Résurrection.
Dès l’entrée dans la cathédrale, le regard est attiré par les verrières de la façade occidentale, réalisées à la fin du XIIe siècle, dans un style encore roman. Elles forment un triptyque monumental : au centre, la verrière de la Vie de la Vierge ; au sud, celle de l’Enfance du Christ ; et au nord, celle de la Passion et de la Résurrection. Cette dernière déroule, sur plusieurs registres, les grands épisodes des derniers jours du Christ : la Cène, l’arrestation, la flagellation, la crucifixion, la mise au tombeau et la résurrection. Le tout baigne dans ce bleu de Chartres, lumineux et limpide, qui donne à ces scènes tragiques une profondeur presque apaisée. La lumière devient langage sacré, et chaque image, un appel à la méditation.
Plus loin, autour du chœur, c’est dans la pierre sculptée en ronde bosse que le Vendredi Saint prend corps. La clôture du chœur déploie un cycle sculpté d’une rare intensité. L’une des scènes les plus saisissantes représente l’élévation de la croix, un moment rarement figuré. Ici, le choix des sculpteurs, sans doute pour préserver l’unité de hauteur entre les groupes, donne naissance à une scène pleine de tension et de mouvement. Le Christ est tiré par une corde, les bourreaux s’acharnent, tandis qu’à droite, la Vierge s’évanouit, saisie par la douleur, soutenue par Jean et une sainte femme. Un drame silencieux sculpté dans la pierre, que la lumière fait vivre au fil des heures.
À Chartres comme ailleurs, le Vendredi Saint ne se comprend qu’à la lumière qui doit revenir...

l y a des week-ends où l’on a simplement envie d’air doux, de lumière printanière, de silence sur l’eau, de fleurs qui s...
17/04/2025

l y a des week-ends où l’on a simplement envie d’air doux, de lumière printanière, de silence sur l’eau, de fleurs qui s’épanouissent, d’un château posé sur la rivière, d’un cloître, d’un grand parc, d’un chemin. Et puis il y a ces lieux qu’on aime tant qu’on aimerait les offrir, les partager, les glisser dans un panier de Pâques à la place des œufs en chocolat.
Aujourd’hui, j’avais envie de vous donner envie de sortir, de respirer, de découvrir...
Avec mes deux complices de terrain, Mylène et Carine, j’aime arpenter ces lieux avec passion… Et aujourd’hui, j’ai envie de vous emmener dans ces coins d’Eure-et-Loir que nous aimons profondément.
Des lieux à taille humaine, pleins d’histoire(s), de charme, d’émotions.
Des lieux où le patrimoine est un mot vivant, un mot tendre, un mot vrai.
Alors suivez-moi… et préparez-vous à tomber amoureux, vous aussi.
Bonneval, la belle, se découvre le long du Loir, au fil d’une promenade à fleur d’eau.
Notre petite Venise beauceronne… Mon coup de cœur ? Louer un petit bateau électrique et glisser lentement sur la rivière, en silence. Les canards vous regardent passer, les vieux murs se reflètent dans l’eau, et vous voilà transportés… dans une cité médiévale paisible, préservée, authentique. Laissez-vous surprendre par les lavoirs, les ponts anciens, les tours d’enceinte, la belle abbaye Saint-Florentin. Ici, le temps s’étire, les conversations se murmurent, et on rentre toujours le cœur un peu plus léger.
Le château de Maintenon, c’est l’élégance au bord de l’eau. Le printemps est la plus belle saison pour découvrir ses jardins. C’est le moment où les tulipes, mes fleurs préférées, habillent les parterres d’un arc-en-ciel délicat, entre les ifs taillés à la française et la perspective audacieuse de l’aqueduc inachevé. Et puis il y a cette demeure pleine d’élégance, où vous ne pourrez pas passer à côté de l’histoire d’amour entre la marquise de Maintenon et Louis XIV. À l’intérieur, les salons chuchotent encore.
Mon coup de cœur ? Les salons aux papiers peints chinois, peuplés d’oiseaux exotiques, de fleurs et de papillons... Une merveille poétique, un jardin suspendu dans le papier peint. Un lieu où l’histoire a rendez-vous avec la nature, et où l’on a, forcément, envie de s’att**der.
Thiron-Gardais… Je l’ai raconté dans un autre article, mais comment ne pas le remettre ici ? J’y retourne toujours avec le même plaisir. L’abbaye, d’abord, grandiose et paisible, fondée au cœur d’un vallon verdoyant au XIe siècle. Mais ce qui me touche le plus, c’est le collège royal et militaire, fondé au XVIIIe siècle pour éduquer les jeunes nobles de province. Le jardin du cloître, les salles de cours devenues musée, l’esprit des Lumières… Tout y respire la transmission. C’est un lieu qui parle de savoir, de rigueur, d’élan, de promesses d’avenir. Et quand on sort, on a envie de lever les yeux haut et droit, comme les élèves d’autrefois.
Le domaine royal de Dreux, lui, est un lieu à part.
Dans un grand parc arboré dominant la ville de Dreux, on découvre la nécropole royale des Orléans, cette famille qui n’a connu qu’un roi, mais n’a jamais quitté l’Histoire depuis le XVIIe siècle. Les vitraux de la chapelle brillent comme des bijoux. Le marbre, la lumière, les souvenirs, les dates, les visages sculptés… On se sent tout petit, mais bien vivant. Et au fil de la visite, une émotion particulière vous saisit : celle des liens familiaux, du passage du temps, de la mémoire qu’on honore.
Et enfin… Châteaudun. Ici, c’est la surprise. Ce premier château considéré comme château de la Loire est spectaculaire, perché sur la falaise, contemplant le Loir. Châteaudun est un château entre deux mondes : entre le Moyen Âge et la Renaissance, entre la guerre et les lettres, entre la forteresse et la demeure d’un prince. C’est ici que Jean de Dunois, dit le "bât**d d’Orléans", compagnon de Jeanne d’Arc, a laissé son empreinte. Regardez le donjon, le plus haut d’Europe, dit-on, qui observe le Loir couler là-bas, en bas, tout petit. Il faut se perdre dans les salles, les cuisines, les escaliers, et goûter ce sentiment rare d’un château resté fidèle à lui-même.
Et puis, Châteaudun, c’est aussi un point de départ pour explorer la vallée du Loir, si douce et si méconnue.
Vous le voyez : pas besoin de faire des kilomètres pour se dépayser. En Eure-et-Loir, il y a de quoi remplir un week-end de beauté, de silence, de découvertes et de grands sourires. Ces lieux, mes collègues et moi les aimons. Nous les avons souvent visités, racontés, partagés.
Aujourd’hui, je vous les offre. En espérant qu’ils deviennent, pour vous aussi, des coups de cœur. Et si vous les visitez… pensez à le dire. Rien ne nous ferait plus plaisir.
Très belle fin de semaine à vous... et belles fêtes de Pâques !

L'avez vous déjà remarqué : la pierre nous raconte un monde pluriel.Souvent, lorsque je m'arrête au portail nord de la c...
16/04/2025

L'avez vous déjà remarqué : la pierre nous raconte un monde pluriel.
Souvent, lorsque je m'arrête au portail nord de la cathédrale pour évoquer les restes de polychromie, une remarque revient : "Mais... il y a des personnages noirs ?" Et l’étonnement suit, presque incrédule. Dans les souvenirs d’école ou les représentations culturelles, beaucoup imaginent que les contacts avec l’Afrique ne commencent qu’au XVIe siècle... voire plus t**d.
C’est oublier un pan entier de notre histoire.
Au Moyen Âge déjà, le monde est plus ouvert qu’on ne le croit. Les marchands sillonnent la Méditerranée, les savants circulent d’Andalousie à Palerme, et les figures étrangères ne sont pas rares dans les cours d’Europe. À la cour du roi Frédéric II en Sicile, au XIIIe siècle, on croise des musulmans, des juifs, des Grecs... et des Africains. Bien sûr, la majorité des gens ne voyageaient pas, mais le monde ne leur était pas totalement étranger.
La cathédrale de Chartres en garde des traces, discrètes mais bien là. La pierre a parfois plus de mémoire que l’on croit.
Au portail nord, si vous levez les yeux vers le linteau droit, vous verrez un personnage à la peau sombre. C’est l’esclave du roi Salomon, représenté dans l’épisode du jugement. Son attitude est digne, sa position effacée, mais sa présence bien réelle. Juste à côté, dans la scène de la visite de la reine de Saba, un serviteur tient une coupe d’or. Son visage, là encore, semble évoquer une origine africaine. Et la reine elle-même ? Dans l’imaginaire médiéval, elle vient de loin, parfois d’Éthiopie son allure, sa richesse, son cortège traduisent ce lointain... pourtant étonnamment, celle du portail nord est plus européenne dans son allure.
Retournons vers la façade de la cathédrale, au portail royal, on y découvre Agar, la servante égyptienne d’Abraham, mère d’Ismaël. Elle se tient à côté du patriarche, vêtue d’un manteau délicatement brodé, plastron orné sur la poitrine. Un détail que j’aime faire remarquer : cette attention portée au vêtement, ce raffinement textile, raconte autant son statut que son altérité. Toujours au portail royal, un des rois des statues colonnes intrigue parfois... regardons son visage... comme s'il nous venait de bien loin des steppes d'Asie centrale.
Et puis, bien sûr, viennent les Rois Mages. Ce sont souvent les préférés des enfants, lorsqu’on s’arrête devant la clôture du chœur. Ce groupe de l'adoration des mages a été sculpté par Jean Soulas. Trois mages, trois présents, trois continents. L’un est européen, l’autre agenouillé semble asiatique, et le troisième, Balthazar, est noir, africain. Il se tient légèrement en retrait, debout, avec des vêtements somptueux. Ce n’est pas un hasard : depuis le XIIIe siècle, ces mages sont aussi les figures du monde connu. Une manière de dire que l’enfant de Bethléem est né pour tous.
Et les vitraux, me direz-vous ? Là, les choses sont plus subtiles. On y cherche en vain une peau sombre ou un visage typé. La lumière colorée raconte surtout des histoires, des épisodes bibliques, des légendes de saints. Le style reste codifié, les personnages uniformes. Loin du naturalisme, l’art du vitrail privilégie la narration et la symbolique. Moins de portrait réaliste, pas de diversité visible comme dans la pierre... et ne vous laissez pas prendre : si un visage vous semble brun dans les verrières, c'est le temps et l'oxydation qui ont parlé.
Mais c’est peut-être aussi ce contraste qui rend les découvertes sculptées d’autant plus précieuses. Car dans cette pierre immobile depuis huit siècles, on devine le reflet d’un monde bien plus vaste que notre regard d’aujourd’hui l’imagine.
Je vous souhaite un beau mercredi et prenez bien soin de vous !

Prochaine visite "Ma cathédrale dans le détail" : Dimanche 4 mai - https://www.billetweb.fr/ma-cathedrale-de-chartres-dans-le-detail

Quand la lumière devient dessin : bienvenue aux grisailles.Ils sont moins célèbres que les bleus du XIIIe siècle. Ils n’...
15/04/2025

Quand la lumière devient dessin : bienvenue aux grisailles.
Ils sont moins célèbres que les bleus du XIIIe siècle. Ils n’ont ni rouge flamboyant, ni vert éclatant. Et pourtant… ce sont eux qui ont changé la lumière de la cathédrale.
Au XIVe siècle, les vitraux s’éclaircissent. Le verre blanc se perfectionne. Un jaune nouveau apparaît, posé en fine couche : le jaune d’argent. Il illumine les halos, les cheveux, les vêtements. Il fait entrer le jour.
Et surtout, les artistes ne dessinent plus seulement avec le plomb. Ils peignent, gravent, superposent. La couleur devient nuance. La scène devient tableau. On appelle cela des grisailles : des vitraux tout en camaïeux, en détails subtils, en effets de clair-obscur. Comme une enluminure à travers la pierre.
Parfois, au centre, un petit disque de verre rouge ou violet est serti à l’intérieur d’un autre verre. Il brille comme un bijou. On appelle cette technique le « sertissage en chef-d’œuvre », car c’est avec elle que certains compagnons obtenaient leur maîtrise.
Au XVe siècle, tout s’affine encore : les visages prennent du volume, les drapés deviennent soyeux, les décors s’ornent de motifs orientaux. Et dans les verrières, ce n’est plus la couleur qui raconte… c’est la lumière elle-même.
Dans la cathédrale de Chartres, ces merveilles discrètes sont là, bien vivantes. Elles n’éblouissent pas. Elles éclairent autrement.
Et dans les salles du Trésor, tout près de la chapelle Saint-Piat, certaines grisailles racontent encore cette époque où l’art du vitrail est devenu peinture de lumière.
👉 N’hésitez pas à me suivre pour ma prochaine visite du Trésor :
https://www.billetweb.fr/visite-du-tresor-de-la-cathedrale-de-chartres

Chartres, tout simplement.Il y a des jours où l’on a juste envie de sortir des sentiers battus. De ne pas parler en spéc...
14/04/2025

Chartres, tout simplement.
Il y a des jours où l’on a juste envie de sortir des sentiers battus. De ne pas parler en spécialiste, en guide, en connaisseuse… mais juste en habitante. En amoureuse. De dire, simplement, pourquoi on aime une ville. Pas parce qu'on y est né… pas parce qu'on y est important… non… Simplement parce qu'elle est là où on se sent bien. J’ai envie de vous dire aujourd’hui comment elle me façonne. Comment, discrètement, elle devient un petit bout de mon cœur. De notre cœur.
Chartres, je ne la regarde jamais comme un décor figé. Elle est vivante. Elle a grandi, siècle après siècle, pas à pas, pierre après pierre, grâce à ceux qui l’ont rêvée, bâtie, vécue. Mais aussi grâce à tous ceux qui l’ont aimée. Parce qu’une ville ne se construit pas seulement avec des plans et des règles, elle se nourrit de l’attachement des gens. Des gestes quotidiens, des regards levés sur une façade, des silences dans une nef, des conversations sur un banc, au bord de l’Eure. Elle vibre de voir ses visiteurs charmés de la découvrir.
La cathédrale est là, bien sûr. Majestueuse. Incontournable. On la voit de loin, elle veille, elle impose. Mais à mes yeux, elle ne domine pas. Elle respire avec la ville. Elle bat au rythme de ceux qui passent devant, qui poussent la porte pour souffler, qui n’osent même pas entrer, mais lèvent les yeux, par respect, par émotion. Elle n’appartient à personne. Elle est à ceux qui l’aiment et qui la respectent. Elle est tout. Elle est immense. J’ai vu des personnes sans la foi y entrer et avoir le souffle coupé. Parce qu’ici, il n’y a pas de mots suffisants.
Quand je pense à Chartres, ce n’est pas d’abord aux monuments que je pense. C’est au marché couvert. Aux voix qui s’interpellent entre deux cagettes. À l’odeur du pain chaud, du miel, des herbes fraîches. Je pense aux bords de l’Eure, à cette eau paisible qui traverse la ville comme un fil discret. Je pense aux terrasses animées l’été, aux cafés où les rires s’échappent, aux enfants qui courent, aux chiens qu’on attache aux pieds de chaise, aux rendez-vous qui ne veulent jamais finir… à ses douces soirées bercées par un concert à la lueur des étoiles, un repas en amoureux ou entre amis.
Et puis, bien sûr, il y a les pierres. Les vitraux. L’art qui s’invite à chaque coin de rue. Une sculpture oubliée, une imposte sculptée, une enseigne qui raconte une autre époque. Ici, la cathédrale est comme un résumé de l’histoire de l’art. Elle vous offre, sans rien demander, des siècles de beauté. Et vous, vous recevez. Avec humilité.
C’est ce mot-là, je crois, qui m’habite quand je pense à Chartres. Humilité. Ici, je me sens petite. Et c’est ce qui me fait du bien. Parce qu’on n’est pas là pour s’imposer. On est là pour aimer. Pour partager. Pour transmettre. La ville, la cathédrale, ne m’appartiennent pas… mais je leur appartiens. Doucement, sensiblement… avec mon regard et avec ma tendresse.
Une ville, un monument, ce n’est pas un objet à posséder. Ce n’est pas une vitrine à défendre. C’est un lieu qui nous traverse. On y passe. On y vit un temps. Et on espère juste y laisser une trace légère, douce, respectueuse. Au fond, chacun de nous n’est qu’un passeur.
Aujourd’hui, c’est à nous de l’aimer. Comme avant, d’autres l’ont façonnée. Demain, d’autres viendront. Et c’est très bien ainsi. Il faut un temps pour tout.

Dimanche des Rameaux. Une date qui annonce la fin d’un chemin et le début d’un autre. C’est la porte d’entrée de la Sema...
13/04/2025

Dimanche des Rameaux. Une date qui annonce la fin d’un chemin et le début d’un autre. C’est la porte d’entrée de la Semaine sainte, celle qui mène du triomphe à la Passion, de l’acclamation à la croix.
Les Rameaux commémorent l’entrée de Jésus à Jérusalem, quelques jours avant sa mort. L’épisode est relaté dans les quatre évangiles : Jésus arrive à dos d’âne, accueilli par la foule qui l’acclame en déposant au sol des manteaux et en agitant des branches coupées aux arbres alentour. Ce geste d’hommage, qui mêle des traditions juives, antiques et messianiques, est devenu un symbole d’entrée solennelle, d’autant plus marquant qu’il précède immédiatement la trahison et l’arrestation. Aujourd’hui encore, on célèbre cette journée en bénissant des rameaux de buis, de laurier ou d’olivier, selon les régions.
À Chartres, cet épisode essentiel de la vie du Christ est représenté à trois endroits de la cathédrale. Trois œuvres, trois sensibilités. Et un même récit, qui lie la pierre, le verre et la lumière.
La première représentation se trouve à l’extérieur, sculptée dans un chapiteau du Portail Royal, sur la façade ouest. Il faut lever les yeux, à gauche de la porte de droite où trône Marie, pour découvrir cette petite scène du XIIe siècle, de style roman (disproportions assurées !). Le Christ est monté sur un âne, tourné vers la droite. Devant lui, un homme dépose un manteau au sol ; un autre, juché sur une petite élévation, semble couper une branche. Un troisième tient un livre et se penche vers son voisin. Ils tiennent des palmes : les fameux rameaux. Si le Christ n’a plus la tête, on peut voir son nimbe crucifère. La ville stylisée (arcatures et colonne) vers laquelle il se dirige évoque Jérusalem. Ce n’est pas un cortège fastueux, mais une procession modeste, équilibrée, discrètement animée. On y perçoit déjà le glissement du Christ figure de roi vers le Christ figure de victime : une scène paisible, suspendue entre la fête et l’attente.
Un peu plus loin, à l’intérieur de la cathédrale, la même scène est reprise dans l’un des vitraux les plus anciens, situé dans la baie ouest de la nef, en haut de la verrière de l’Incarnation. Le Christ avance vers la droite, monté sur un âne blanc au harnachement soigné. Il est précédé par un homme qui étend un vêtement bleu au sol, tandis que de jeunes enfants s’élancent pour lui présenter des rameaux. Les couleurs sont vives, les gestes précis, la composition très lisible. Ici encore, la ville de Jérusalem se devine dans le décor. Le visage du Christ est calme, presque mélancolique. Derrière lui, les disciples suivent d’un pas égal. Le vitrail appartient à un cycle complet de la vie du Christ, allant de l’Annonciation à la Passion, ce qui donne à l’entrée à Jérusalem une place charnière : c’est le dernier épisode avant l’arrestation, la dernière marche avant la chute.
Enfin, la troisième représentation se découvre sur la clôture du chœur, au nord. Si la clôture a été réalisée à la fin du Moyen Âge, dans un style flamboyant, cette scène date du tout début du XVIIIe siècle. On la doit à Jean-Baptiste Tuby. Elle se déploie en relief dans une niche profonde, comme un petit théâtre figé. Le Christ est à nouveau sur son âne (ou plutôt un ânon, la créature la plus douce, la plus humble et sans péché), entouré de plusieurs disciples. Les enfants agitent des palmes ou courent à sa rencontre. Les vêtements sont finement sculptés, les gestes détaillés, les visages sont joyeux, impatients. Le contraste est frappant avec les deux œuvres plus anciennes : ici, le récit prend corps, s’épaissit, s’humanise. On n’est plus dans le symbole ou la narration stylisée, mais dans une scène de genre, presque vivante. Et pourtant, tout reste maîtrisé : le Christ est impassible, les regards convergent, la tension dramatique est là.
À travers ces trois images, Chartres nous offre un parcours visuel et mental. D’un chapiteau ou d’un vitrail roman, d’un verre coloré à une sculpture en ronde-bosse, on assiste au même épisode, mais raconté chaque fois autrement. L’entrée à Jérusalem devient un motif de méditation plastique, presque un exercice de style à travers les siècles. Et si l’on y prête attention, on comprend que cette scène, souvent vue comme un épisode joyeux, contient déjà toute l’ambiguïté des jours à venir. Ce que les Rameaux annoncent, ce n’est pas une victoire terrestre, mais un chemin vers la croix. Et c’est peut-être pour cela que les artistes de Chartres, chacun à leur manière, ont su lui donner cette densité silencieuse, entre la fête populaire et la solennité du destin.
Bon dimanche à tous !

Et si l’on prenait un instant pour lever les yeux ?C’est un geste simple, presque instinctif, que l’on oublie pourtant t...
12/04/2025

Et si l’on prenait un instant pour lever les yeux ?
C’est un geste simple, presque instinctif, que l’on oublie pourtant trop souvent en visitant un lieu chargé d’histoire. On entre, on observe les murs, les œuvres, parfois les sols… et puis l’on passe à côté de ce qui surplombe tout. Or, les plafonds ont eux aussi des choses à dire.
Charpentes apparentes, voûtes d’ogives, lambris peints, caissons sculptés, structures métalliques ou arcs de pierre savamment entrecroisés : ces architectures suspendues racontent la technique, le goût, les contraintes ou les audaces d’une époque. Elles révèlent aussi, parfois, un soin inattendu porté à ce que l’on ne regarde presque jamais.
À Meslay-le-Grenêt, la charpente, soutenue par de puissantes poutres, nous présente de charmants engoulants à tête de dragon. Que dire de la merveilleuse charpente de l’église Saint-Aignan, avec ses peintures qui réchauffent le bois et illuminent la nef ?
À Villebon, l’entrée du pont-levis est un passage voûté remarquable, rythmé par des caissons de brique et de pierre — un motif que l’on retrouve, du reste, dans une galerie similaire à Maintenon.
À Maintenon encore, ou dans le salon Montescot de l’Hôtel de Ville, ce sont les plafonds à la française, aux solives peintes, qui accrochent le regard. Ici, le plafond devient scène de théâtre. Maintenon toujours, qui nous offre un sublime plafond à caissons dans la grande galerie, et un élégant plafond du XVIIIe siècle, mis en valeur par un lustre de cristal de Baccarat.
Et puis… ces voûtes gothiques : la cathédrale de Chartres, bien sûr, avec ses clés de voûte admirablement peintes, mais aussi la chapelle royale du château de Châteaudun ou l’église Saint-Pierre de Chartres, toute en sobriété monastique. Là, ce sont les croisées d’ogives qui structurent le silence.
Et en prenant le temps de monter là-haut dans la cathédrale, le spectacle est à couper le souffle. La charpente métallique, refaite après l’incendie de 1836, vous donne l’impression d’être à l’intérieur d’un grand zeppelin d’autrefois.
Et je n’oublie pas les sublimes coupoles, finalement peu éloignées l’une de l’autre : celle de la chapelle Renaissance du château d’Anet, et celle, spectaculaire, du XIXe siècle, dans la chapelle royale de Dreux. Ici, tout est lumière, décor et mise en scène.
Lever le nez, ce n’est pas seulement admirer une construction. C’est se replacer dans la perspective de ceux qui ont bâti, décoré, prié, gouverné… C’est accepter de sortir de notre regard pressé, pour entrer dans la lenteur des siècles.
J’aime ces plafonds qui nous échappent et qui pourtant parlent si fort.
Et vous, où avez-vous levé les yeux pour la dernière fois ?

Adresse

Place De La Cathédrale
Chartres
28000

Site Web

https://www.billetweb.fr/pro/enquete-dhistoires

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