19/04/2020
La libération des femmes par le vélo - Pédaler malgré l’opinion publique !!
Hommage à la vélocipédiste lyonnaise surnommée « Miss America » qui fut la première femme à s’illustrer sur une course de fond en se classant 29ème du 1er PARIS-ROUEN couru le 7 novembre 1869, épreuve qui réunissait 120 participants dont seulement 4 représentantes de la gente féminine (les 3 autres abandonnèrent).
Vincent Open front tricycle (1883)
On rapporte qu’en 1869, des femmes pé**lent avec joie de vivre dans les rues et parcs de Paris, suscitant maints commentaires, mais sans faire scandale outre mesure. En Angleterre victorienne, les femmes rongent leur frein. Avec la popularité des excursions en grands bis, les épouses ou les sœurs des bicyclistes sentent bien qu’elles manquent quelque chose, lorsque les hommes reviennent à la maison le dimanche soir, racontant une fin de semaine palpitante, remplie d’aventures et de découvertes. L’opinion publique maintient que pé**ler n’est pas féminin ; on craint que ce soit dommageable pour la santé de la femme, pour sa morale et pour sa réputation.
Par contre, pé**ler sur un tricycle ou un sociable peut se faire malgré les jupes. En dépit des efforts de dissuasion de leur milieu, les femmes riches s’arrogent vers 1880 le droit de s’adonner au tricycle. Des associations de chaperons se forment afin de leur fournir un accompagnement convenable. L’intérêt de la reine Victoria elle-même pour le tricycle n’arrive pas à faire taire toutes les oppositions, néanmoins, les femmes, pas très nombreuses, certes, mais tenaces, auront gain de cause à la longue.
Évidemment, les jupes se coincent parfois dans la mécanique, provoquant des scènes ô combien disgracieuses ! Excédée par tant d’illogisme, Lady Florence Harberton fonde, vers 1880, la Rational Dress Society (Société pour un code vestimentaire rationnel), vouée à débarrasser les femmes du tissu inutile qui les encombre et à faire valoir leur droit à un code vestimentaire qui ne contraigne plus leurs mouvements. Elle propose des trousers, élégants pantalons bouffants allant jusque sous le genou. Les hommes dénigrent haut et fort cette idée, mais les pires ennemies du rational dress sont des femmes : les cyclistes bien nanties s’insurgent contre cet accoutrement. Au fond, elles craignent que ce radicalisme menace la réputation du cyclisme et leur enlève le droit même de pé**ler.
(Source : RITCHIE Andrew, « King of the Road, an Illustrated History of Cycling »)
Le tricycle Vincent, présenté aujourd’hui, est l’engin typique conçu pour les femmes. Sa délicate couleur bleu clair convient parfaitement à cette élégante et stylisée machine française de 1883.
Au XIXème siècle, le tricycle occupa une place particulière dans l’évolution des moyens de locomotion. Il était stable et sûr, pouvait se conduire tranquillement et s’arrêter sans que le conducteur ait à descendre. De plus, son pilote avait un air digne dont ne pouvaient ses compagnons juchés sur des deux-roues.
Le dessin dominant de ces tricycles était celui ouvert à l’avant, connu sous le nom de « hayfork » (fourche à foin) avec deux grandes roues des deux côtés du conducteur. Le tricycle Vincent reprend ce dessin tout en y incorporant de nombreux éléments de la célèbre Penny Farthing comme la roue arrière, les pé**les et le guidon à gauche. La machine ne dispose que d’un seul frein, sur la roue arrière, activé par un levier actionnant une chaîne. Les pé**les et les manivelles sont reliées à l’essieu principal, raison pour laquelle des roues plus petites étaient nécessaires pour maintenir le conducteur dans une position plus basse facilitant ainsi le pilotage de la machine. Il s’agissait sans aucun doute d’un véhicule très lent qui permettait cependant au cycliste d’adopter une position confortable et très respectable.
A demain, pour la présentation d'une nouvelle machine !