09/01/2019
7 janvier 2019. Stéphane Roos est délégué territorial de Météo France pour le Gard et la Lozère, chef du centre de Nîmes. Il explique la persistance du Mistral.
QUE DIRE DE CE VENT QUI NE CESSE DE SOUFFLER DEPUIS DES JOURS ? On est sur un vent de nord, depuis la veille de Noël, dû à un anticyclone “balèze” du sud de l’Espagne aux îles anglaises et même jusqu’à la mer du nord. Cela ramène un flux de nord. Ça ne s’est pas arrêté depuis le 24 décembre et c’est violent depuis 5 jours. On dépasse régulièrement les 100 km/heure. C’est la séquence la plus intense depuis au moins 30 ans. En termes d’intensité et de régularité forte. Au-delà, si on remonte à 1977, on se retrouve à la 6e position car il y a eu beaucoup d’événements forts dans les années 80.
LE GARD RHODANIEN EST PARTICULIÈREMENT CONCERNE… Oui, samedi ou dimanche, on a eu jusqu’à 120 km/heure à Chusclan. Ce n’est pas le maximum qu’on ait connu mais ce sont des valeurs importantes. On est régulièrement au-dessus des 80 km/heure. C’est un mistral pur sucre.
LES ANCIENS DISENT QUE LE MISTRAL, C’EST EN PRINCIPE 3/6 OU 9 JOURS. QU’EN PENSEZ-VOUS ?
On est dans une transition, d’un monde dans lequel nous ne sommes plus vers un monde où ne nous sommes pas encore. Tous ces dictons, de plus en plus, ne veulent plus rien dire. On a fabriqué des références sur un monde qui n’existe plus et qui ne reviendra plus.
EST-CE DU AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE DONT ON PARLE TANT ? Pas forcément, c’est beaucoup trop tôt pour le dire. Les modèles climatiques nous prédisent que ce type de situations sera privilégié dans le futur. Les épisodes hors normes vont augmenter, avec des précipitations plus intenses, des périodes de précipitations plus longues, des sécheresses interminables. On entre dans une ère où les choses extrêmes deviennent la norme.
COMMENT L’EXPLIQUER ? C’est dû au fait que la planète ne se réchauffe pas partout de la même façon. C’est complexe. Mais les hétérogénéités de réchauffement dans différentes zones de la planète vont privilégier des circulations de l’atmosphère différentes. Ces circulations de l’atmosphère vont piloter le vent, la sécheresse, les précipitations. Notamment dans l’hémisphère nord. Comme l’actuel phénomène de blocage anticyclonique atlantique.
QUE NOUS RÉSERVENT LES JOURS PROCHAINS ? LE MISTRAL VA-T-IL ENFIN FAIBLIR ? Pour l’instant, ça continue toute la semaine. Ça va diminuer ce mercredi puis reprendre jeudi avec un épisode fort jusqu’au week-end et au moins lundi. Du coup, peut-être que cela va s’inscrire comme le 1er épisode venteux depuis 50 ans.
Stéphane Roos est délégué territorial de Météo France pour le Gard et la Lozère, chef du centre de Nîmes. Il explique la persistance du Mistral.