03/12/2022
Ce texte était prévu d'être publié sur FREEWAY MAGAZINE. Au vu des événements récents concernant ce magazine, nous avons pris la décision de le publier ici.
****Article de Patrick Cabanne.****
Après près d’une année de préparation, la Fédération des Bikers de France a embarqué une vingtaine de ses membres pour un road-trip dans l’Ouest américain. Le voyage d’une vie pour certains. On the road !
Que vous veniez pour la première ou la énième fois aux Etats-Unis, il y a toujours quelque chose à découvrir au pays de l’oncle Sam. Des multiples curiosités géologiques à la vie trépidantes des villes en passant par la diversité des populations rencontrées, c’est le kif assuré. Encore plus s’il se concrétise au guidon d’un célèbre (mythique !) V-Twin. Le plus difficile a été de délimiter l’itinéraire tant l’Ouest américain regorge de lieux quasiment incontournables. Mais que de frustration…
Los Angeles a suscité les premiers grands frissons aux membres de la FBF. Un choc. Après un vol d’une douzaine d’heures, se retrouver propulsé, sous une chaleur accablante et un brouhaha incessant, n’a pas été de tout repos. Se prélasser à Santa Monica, station balnéaire qui marque l’ultime étape de la Route 66, a permis à tout un chacun de se refaire une santé non sans avoir visité les hauts lieux de la ville des anges : Hollywood, Beverley Hills, Bel Air…
Toutefois, il manquait quelque chose aux bikers : les vibrations. Nos vaillants bikers trépignaient d’impatience. Une impatience qui s’est vite estompée lorsqu’ils ont enfourché leurs nouvelles montures. Une excitation que les conditions de circulation n’ont pas t**dé à tempérer… Il faut dire que se retrouver au milieu de highways à 6, 8, 10 voies où règne une circulation intense, de s’habituer aux feux de signalisation situés de l’autre côté du carrefour, des panneaux de directions où figurent le nom des routes suivi du point cardinal vers lequel elles mènent mais pas forcément de la ville de destination… a donné des sueurs froides à l’ensemble de la petite équipe. Bref, un complet dépaysement. Heureusement, le roadbook concocté par la Fédération des Bikers de France, à porté de main, était l’instrument indispensable pour se tirer d’affaire. Encore fallait-il l’avoir lu… Il comportait, jour par jour, étape par étape, une double page présentant une carte et un itinéraire ainsi qu’un plan de localisation du point d’arrivée. Pour compléter le tout, les bikers avait à leur disposition le nombre de miles et le temps estimé de conduite, surtout, toutes les indications du parcours y étaient détaillées. Un jeu de piste en quelque sorte.
La première étape nous a conduit à Palm Springs non sans avoir effectué un détour par San Bernardino pour se recueillir devant le premier McDonald - qui n’en sert plus - reconverti en musée. Le lendemain, les choses sérieuses ont commencé avec la découverte de Joshua National Park rendu célèbre par U2 puis le tracé historique de la route 66 à partir d’Amboy et en direction de Needles. Vient ensuite Oatman City, un ancien village de mineur et une route pittoresque jusqu’à Kingman où nous passons la nuit.
Pour se remettre, au programme du lendemain : 183 kilomètres. Toujours sur la 66, nous découvrons HackBerry et son ancienne station-service, Seligman - nous voilà retournés dans les 60’ - et enfin Williams aux portes du Grand Canyon. Ce sera pour le lendemain après une nuit de repos bien méritée.
Le Grand Canyon reste une étape inoubliable. Après un départ hors-piste et une magnifique route de montagne, nous atteignons ce site grandiose. Une journée n’est pas suffisante pour tout découvrir mais la petite troupe en prend plein des yeux. Toutefois, il nous faut lever le camp en milieu d’après-midi : la route est encore longue jusque’à Tuba City. D’autant que le lendemain, le spectacle est encore incroyable : Monument Valley s’offre à nous. Une visite privilégiée à bord de 4X4 conduits par l’intrépides Apaches. John Wayne n’est pas loin ! Après un détour par Mexican Hat et Gooseneck State Park, la journée s’achève à Kayenta.
S’offre à nous, l’une des étapes la plus longue de ce road-trip pour rejoindre Bryce Canyon. Nous décidons de prendre la route très tôt pour organiser plusieurs longs arrêts notamment à Page pour admirer Horseshoe Bend et poursuivons vers Kanab et le Red Canyon. Un endroit époustouflant. L’arrivée à Bryce Canyon est t**dive mais les plus téméraires prolongent la journée jusqu’au coucher de soleil. Le moment où Bryce Canyon s’enflamme avant de s’endormir.
Le réveil n’est pas facile : il tombe des cordes ! Ce qui nous oblige à changer notre itinéraire. Nous décidons de zapper Zion Canyon National Park pour rejoindre au plus vite Las Vegas non sans avoir traversé la vallée du Feu (Valley of Fire State Park). La capitale du divertissement nous accueille à bras ouvert mais « what happens in Vegas stars in Vegas » !
Le surlendemain, avec quelques « bucks » en moins, nous nous préparons à une longue journée caniculaire… Au programme, Death Valley : l’endroit le plus chaud des Etats-Unis. Mais, malheureusement, nous trouvons route « closed » ce qui nous oblige à un détour de… 200 kilomètres. Certains grognent, d’autres affirment que nous nous sommes égarés. La fatigue sans doute. Ou la méconnaissance du pays. Mais quel que soit la route, du nord ou du sud, il faut se taper ces kilomètres pour rallier Bishop.
Fatigués mais transcendés par des paysages éblouissants, nous prenons la route le lendemain pour une des étapes les plus incroyables : la traversée de Yosemite. Mais avant d’y arriver, s’offre aux bikers de la FBF le passage de la « Tioga Pass ». Un régal qui fait vite oublier la mésaventure de la veille. Imaginer une route de montagne qui culmine à plus de 3.000 mètres ! La journée se poursuit avec la découverte d’El Capitan (gigantesque muraille rocheuse de 900 m de hauteur), la cascade du « Voile de la mariée », les « Yosemite Falls »… et se termine à Mariposa.
Après une nuit de repos, la route vers Sacramento nous offre un spectacle d’une incroyable beauté à travers la Sierra : les virages s’enchaînent, se referment. Il faut jouer de dextérité… Le spectacle en vaut la peine. Un arrêt dans la capitale de la Californie est une aubaine pour nous remettre de nos émotions. Toutefois, il reste encore quelques kilomètres pour apercevoir le Golden Gate Bridge. Nous l’apercevons de loin, dans la brume, alors que nous arrivons par Oakland. Pas grave, nous le traversons le lendemain.
L’heure de la fin du road-trip approche. Après avoir repris des forces à San Francisco, nous prenons la direction de Monterey, cité balnéaire rendue célèbre par Clint Eastwood qui en fût le maire. Monterey est la première ville que l'on trouve sur la côte ouest lorsque l'on décolle de San Francisco. Juste avant Carmel-by-the-sea, dont elle n'a pas complètement le charme, elle reste néanmoins un coin sympa pour se faire un petit stop. Ce qu'on a fait. En continuant la route, on arrive en quelques instant à Carmel, qui n'est autre que l'un des villages les plus beaux de la côte (si ce n'est le plus beau). Attention, ici on a de l'argent et ça se voit. A nous Big Sur, un tronçon d'environ 140 kilomètres que l'on peut voir les paysages les plus sauvages, la côte la plus escarpée, les falaises les plus impressionnantes. Le vent et la force des vagues de l'océan Pacifique entrainent régulièrement une brise (ou un brouillard) superbe, offrant des jeux de lumière assez fabuleux. San Simeon, Cambria, Morro Bay, San Luis Obispo (pas le chanteur !) Poursuivent cette extraordinaire mais longue route : plus de 6 heures pour rejoindre Santa Maria.
La dernière étape est aussi incroyable : entre Santa Maria et Los Angeles, c’est une succession de routes de montagne, de route côtière, de noms aussi emblématiques que Santa Barbara, Malibu, Santa Monica… Nous avons cherché mais nous n’avons pas trouver Pamela Anderson. Pas grave, elle n’aurait rien apporté au film que nous nous sommes fait au cours de ce road-trip. Rendez-vous au prochain : le dernier road-trip de Johnny Hallyday ou la route Easy Rider avec le soleil dans le dos !