20/04/2020
Après
J’aimerais aller au Bhoutan pour méditer sur mon sort
Visiter le bonheur, sans clé, ni boussole.
En apesanteur, je volerais au-dessus des collines et des champs en fleurs;
Tu te souviens du monde d’avant, dis ? de la pesanteur ?
Cette force qui te plante au sol, que tu le veuilles ou non ?
Avant, avant, on se marchait dessus, trop nombreux, décolorés par le temps
L’âme vide,
On s’insultait sur les réseaux comme autant de gamins hurlant, mal polis, mal peignés
On se piétinait, je vous dis, on se torturait avec délectation
Chacun ayant raison, absolument.
La moindre contradiction éreintée, on jubilait du trait, du twitt, du thread
Des milliers scotchés au sol, ratatinés par la haine de soi, des autres
Par des envies surhumaines, des appétits d’ogres, minuscules
Plaqué contre une terre polluée, on se débattait pour survivre
On ne comprenait pas, pourquoi, soudain, nos produits tant aimés disparaissaient…
Plus de plastique, plus de pétrole, plus de liberté
Notre obstination à consommer toujours plus, à polluer, acheter, jeter, trier, enfouir, empoisonner, punie ?
Nous pauvres enfants capricieux, la morve au nez, punis ?
Nous, victimes des lobby des politiciens véreux
Nous, petits êtres fragiles, tremblants sous le vent, punis ?
Le ventre rond des nantis nous trahit
Les relents de surconsommation acidifient notre haleine
On s’est jeté sur la terre comme une horde sauvage, affamée de pouvoir et de possession
De confort, de plaisir immédiats, vite oubliés.
Et maintenant, vient le temps de la réflexion, de la respiration lente et profonde.
Ouvrir, emplir chaque alvéole, fermer les yeux et rêver
Du silence de l’humanité
Un silence apaisant,
La caresse du vent
La respect de l’autre
S’endormir la tête sur le ventre d’un faon
Admirer la nature qui reprend ses droits, son territoire
Aimer ses enfants ses aînés ses frères
Refuser la machination
J’aimerais aller au Bhoutan et voler au-dessus des champs
Sans moteur à réaction
Juste les bras ouverts
Et le ventre gainé
(c’est important)