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ALPINISME
L’alpinisme est une pratique sportive d'ascension en haute montagne, qui repose sur différentes techniques de progression.
L'alpinisme implique une difficulté de progression technique, et expose le pratiquant à de nombreux risques (chutes de pierres, avalanches, chute), à l'identique des itinéraires de haute montagne des Alpes, et se distingue ainsi de la randonnée pédestre. L'alpinisme se définit aussi comme une pratique sportive ou de loisir, et se distingue ainsi des ascensions à but religieux (pèlerinage) ou utilitaire (chasseurs, cristalliers, militaires).
Apparu au xixe siècle, l'alpinisme à son origine concernait uniquement l'ascension des sommets montagneux. Ce sport a ultérieurement évolué en pratiques spécialisées, par exemple l'escalade, la cascade de glace ou le ski-alpinisme, pour finalement inclure tout type de progression en haute-montagne sur terrain rocheux, neige ou glace. Ces pratiques exigent des capacités physiques, du matériel spécifique et des connaissances techniques, afin de maintenir la sécurité des alpinistes.
En 2015, le Ministère de la Culture fait inscrire cette pratique sportive à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
TERMINOLOGIE
Le terme « alpinisme » apparaît en 1877 dans une publication du Club alpin français pour désigner cette activité physique de loisir en haute-montagne. Il entre dans un dictionnaire en 1898. Si, par son étymologie, l'alpinisme fait directement référence aux alpes, premier lieu historique de ces activités, il s'étend aux activités similaires dans toutes les montagnes du monde. Le terme anglais plus ancien, mountaineering (« alpinisme »), ne fait pas référence aux Alpes mais dérive de mountaineer (littéralement « montagnard ») qui prit aussi le sens de « grimpeur en montagne, alpiniste » dès 1803. Le terme français « montagnisme » n'est jamais utilisé.
Ultérieurement, d'autres termes apparaissent pour désigner la pratique de l'alpinisme spécifique à d'autres massifs : l'himalayisme pour les ascensions dans l'Himalaya et l'andisme pour les ascensions dans la cordillère des andes, ainsi que quelques autres variantes peu communes. Mais le terme « alpinisme » conserve son sens global, quel que soit le lieu de pratique.
Le pratiquant est nommé alpiniste. D'autres termes plus spécifiques désignent aussi ces pratiquants : grimpeur ou rochassier (spécialiste du rocher), glaciairiste (spécialiste de la glace), ascensionniste, himalayiste, ski-alpiniste, porteur ou guide (professionnels), sherpa, etc.
NAISSANCE DE L’ALPINISME
Dès le xixe siècle, des « bourgeois éclairés » et aristocrates de Grande-Bretagne (où la culture du sport est forte et l'accessibilité des Alpes facilitée par les chemins de fer) s'élancent vers les sommets, suivis par les Allemands, les Autrichiens, les Suisses et les Français. Ils prennent l'assaut des cimes alpines dans un esprit de compétition internationale et souvent mortelle, comme en témoigne la tragique tentative d'ascension hivernale du Haut du cry, en 1864, impliquant l'Anglais Philipp Gosset, Louis Boissonnet et leur guide Johann Josef Benet.
L'équipement de Hermann von Barth (1845-1876) : petit sac à dos avec une bouteille en verre, chaussures cloutées, crampons, bâton de marche.
L'alpinisme prit son essor au xixe siècle sous l'impulsion de grimpeurs, en majorité de nationalité britannique, tels Edward Whymper, Albert F. Mummery, Frederick Gardiner, qui tous ont laissé leur nom lié à des « premieres» et à des sommets alpins. Ces riches Anglais étaient le plus souvent accompagnés de guides français, italiens ou suisses. Ils sont à l'origine de l’âge d’or de l”alpinisme (1854-1865), expression de l'alpiniste William Auguste Coolidge. Il existe déjà à cette époque des alpinistes femmes, telles Henriette d'Angeville — une Franco-suisse, deuxième femme à gravir le mont Blanc —, Meta Brevoort — une Américaine, tante de William Auguste Coolidge, ayant fait de nombreuses et illustres ascensions dans les Alpes dans les années 1860-1870 et ayant réalisé plusieurs premières féminines ; son nom a été donné à la pointe Brevoort, point culminant de la Grande Ruine dans le massif des Écrins — ou Lucy Walker — une Britannique, première femme à avoir atteint le sommet du Cervin.
Le guide Christian Almer (1826–1898), son fils Ulrich Almer (1849–1940), Margaret Claudia Brevoort (1825–1876), le chien Tschingel et William Auguste Coolidge (1850–1926).
Les « bourgeois éclairés » et aristocrates créent les premiers clubs alpins entre 1857 et 1874, d’abord en Angleterre (l'Alpine club) puis en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Pologne et enfin en France en 1874. Ces clubs « définissent des usages en matière d’excursion, organisent les compagnies de guides, construisent des refuges, améliorent la qualité des hébergements, rédigent des notices scientifiques, inventent une littérature de voyage et réussissent ainsi à promouvoir, auprès de leurs contemporains, une forme de tourisme alpin à la fois cultivé et mondain »9. Les clubs continentaux ont plutôt une démarche d'aménagement de la montagne alors que les clubs britanniques ont une vision transfrontalière des Alpes qu'ils voient comme un terrain de jeu (ainsi l'ouvrage de Leslie Stephen en 1871 s'intitule-t-il Le Terrain de jeu de l'Europe). Dans le Club alpin français (CAF) créé en 1874, les femmes ne représentent que 1 % des alpinistes, tout comme en 2009. Et on n'en compte que 18 sur 1 468 guides de haute montagne en France. C'est seulement depuis les anneés 1920 qu'elles prennent la tête de cordées et depuis les anneés 1960 qu'elles peuvent gravir les sommets sans leur mari. Le premier club d'alpinisme féminin, le Ladies' Alpine Club, est créé à Londres en 1907 ; il fusionne avec l'Alpine Club de Grande Bretagne en 1975.
Les deux derniers grands sommets vierges des Alpes sont gravis en 1865 (Whymper atteint pour la première fois le sommet du Cervin), puis le 16 août 1877 : Pierre Gaspar (dit « Gaspard de la Meije »), son fils et E. Boileau de Castelnau réalisent la première ascension de la Meije. Tous les grands sommets des Alpes ont donc été conquis : c’est le début de l’alpinisme sportif, qui voit la naissance de l'alpinisme hivernal lors du xxe siècle. La démocratisation des clubs conduit les bourgeois et aristocrates britanniques, à partir des années 1950, à déplacer leur terrain de jeu vers les montagnes de l'Himalaya appartenant à leur Empire des Indes. Mais là aussi, dans les années 1970, la démocratisation de l'alpinisme s'opère.
En 1900, un Grand Prix olympique d'alpinisme est décerné durant les Jeux olympiques, comme en atteste le programme officiel des épreuves au cours de l'exposition universelle de 1900. Il est attribué par le jury à l'exploit considéré comme le plus important durant les quatre années précédentes en la matière.