28/07/2023
Région Grand Est
Département de la Haute Marne
ÉTERNELLE COLOMBEY
La ferveur d’un père pour le gaullisme et la personnalité éminente d’un des plus grands hommes de notre histoire, nous menât un jour de printemps, pas si loin de Paris, comme un hommage ou un pèlerinage dans ce petit village, qui incarne si bien la France éternelle, je vous parle bien entendu de Colombey les deux églises.
C’ est une ancienne commune française située dans le département de la Haute-Marne en région Grand Est.
Le village est devenu célèbre pour avoir été choisi comme résidence secondaire par le général de Gaulle, qui y avait acquis en 1934 la propriété de La Boisserie. Il avait choisi Colombey parce que cette localité se trouvait à mi-chemin de Paris et de ses garnisons de l'Est et du Nord. Il y est mort le 9 novembre 1970. Depuis, Colombey est devenu l'un des hauts lieux du gaullisme.
Le 1er janvier 2017, Colombey-les-Deux-Églises a pris le statut administratif de commune déléguée, ainsi que les 7 communes associées depuis 1972, à la suite de sa fusion avec la commune de Lamothe-en-Blaisy pour former la nouvelle commune de Colombey les Deux Églises (sans traits d'union).
Limitrophe du département de l'Aube, elle est située sur la D 619 qui relie Chaumont à Troyes. La gare la plus proche est Bar-sur-Aube, desservie par certains Intercités de la ligne Paris-Troyes-Chaumont-Belfort-Mulhouse.
Le sud de la commune est occupée par la forêt des Dhuits, qui se situe dans le prolongement oriental de la grande forêt de Clairvaux.
Le général de Gaulle a consacré à Colombey les dernières pages de ses Mémoires de guerre, texte devenu classique :
« Vastes, frustes et tristes horizons ; bois, prés, cultures et friches mélancoliques ; relief d'anciennes montagnes très usées et résignées ; villages tranquilles et peu fortunés dont rien, depuis des millénaires, n'a changé l'âme, ni la place… »
« Vieille Terre, rongée par les âges, rabotée de pluies et de tempêtes, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu'il faut pour que se succèdent les vivants ! Vieille France, accablée d'Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l’espérance. »
Sous la Révolution française, de l'an II et jusqu'en l'an X, la commune prend le nom de Colombey-la-Montagne. Le sens du terme Colombey s'explique par le latin columbarium (colombier) : on trouve dans un texte daté de 1108 Columbei, ubi due ecclesie sunt (« Colombey, où sont deux églises »).
La dénomination « deux églises » destinée à la différencier de ses nombreux homonymes, s’expliquait par la présence de deux édifices religieux sur son territoire : l'ancien prieuré Saint-Jean-Baptiste (à une seule nef) fondé vers 1100, dépendant de l’abbaye de Cluny. Après la Révolution, le prieuré fut vendu comme bien national et transformé en maison d'habitation par ses nouveaux propriétaires. De nos jours, seule son abside est encore visible et l'église Notre-Dame-en-son-Assomption qui est l'église paroissiale utilisée pour le culte. Elle possède un chœur de la fin du XIe, une chapelle de la Vierge et de Saint-Nicolas du XVIe, une abside, une nef et des bas-côtés du XVIIIe, statues en pierre polychrome et bois doré du XVIIe au XIXe siècle. Lorsqu'il assistait à la messe, le général de Gaulle occupait le 7e banc à droite.
La commune est célèbre donc car le général de Gaulle et son épouse Yvonne y avaient acheté, en 1934, le domaine de « la Brasserie » qui, en fait, était l'ancienne brasserie du village (créée en 1843), renommée « La Boisserie ». Elle s'offre aux regards depuis le village avec une tour hexagonale coiffée de vieilles tuiles du pays que de Gaulle avait fait construire après la guerre. Il y installera son cabinet de travail d'où, d'un regard, il pouvait embrasser le paysage immense et sauvage. Le général aimait venir se reposer dans ce qu'il considérait comme sa vraie et sa seule demeure. Il s'y réfugiait pour prendre les décisions importantes, dans le calme et la solitude.
À la Boisserie furent accueillis et reçus un grand nombre de personnalités venues lui rendre visite. Parmi elles, les 14 et 15 septembre 1958, le chancelier allemand Konrad Adenauer (qui fut le seul chef d'État ou de gouvernement à avoir passé la nuit à la Boisserie) pour entamer la réconciliation franco-allemande.
Après sa démission de la Présidence de la République, en avril 1969, il y avait entrepris la rédaction de ses Mémoires d'espoir. Il y est mort le 9 novembre 1970 au soir d'une rupture d'anévrisme, âgé de presque quatre-vingts ans. Le domaine appartient depuis lors à son fils, l'amiral Philippe de Gaulle.
Le Général et son épouse ainsi que leur fille Anne sont inhumés dans le petit cimetière communal dans la même tombe. Son gendre, le général Alain de Boissieu, décédé en 2006, et son épouse Élisabeth (la première fille du général de Gaulle) décédée en 2013 reposent à côté de la tombe du Général.
Depuis 1972, sur le territoire de la commune, se trouve le mémorial Charles-de-Gaulle. Visible de très loin, une monumentale croix de Lorraine issue des carrières de granit rose de La Clarté en Perros-Guirec s'élève, symbole de la France libre. Financée par souscription nationale, elle a été érigée du 4 avril au 6 mai 1972 sur la « Montagne » (397 mètres d'altitude), emplacement le plus élevé du village. Le monument, œuvre des architectes Marc Nebingen et Michel Mosser, a été inauguré par le président de la République Georges Pompidou le 18 juin 1972, jour du trente-deuxième anniversaire du célèbre Appel à la Résistance lancé sur les ondes de la BBC par le général. Il mesure 44,30 mètres de haut pour 950 tonnes.
L'histoire de la commune a également été marquée par une prise d'otages pendant la Seconde Guerre mondiale. Le 19 août 1944, les troupes allemandes stationnent à Colombey devant La Boisserie et devant la mairie. Un camion dans lequel se trouvent des FFI passe dans le village. Des coups de mitraillette éclatent ; deux soldats allemands sont tués, d'autres blessés. Les représailles ne tardent pas et des SS, venus de Bar-sur-Aube arrivent, arrêtent sans discernement les 21 hommes et la femme qui leur tombent sous la main dans la rue et les maisons. Vingt-deux otages sont emmenés et emprisonnés à Chaumont ; une autre personne, déjà arrêtée par ailleurs, est associée au groupe, qui subit quatre jours d'interrogatoires.
Moments d'angoisse pour les familles, qui connaissent les atrocités commises par les soldats allemands pendant cette guerre. Pendant cette longue attente, avec l'espoir d'être enfin libérés, les 23 otages forment le vœu, s'ils s'en sortent, d'ériger une statue en hommage à la Sainte-Vierge.
Ces vingt-trois otages — pour la plupart agriculteurs, fromagers, ouvriers agricoles — étaient originaires du village. Neuf d'entre eux travaillaient dans une entreprise forestière qui effectuait des coupes de bois dans les environs.
Les événements évoluent dans le bon sens puisque les otages seront finalement libérés. La promesse faite pendant leur détention sera tenue. La commande de la statue de la Vierge est préparée. L'Union internationale artistique de Vaucouleurs est choisie. Au printemps 1946, l'ancien otage Fernand Roethlisberger va en prendre livraison.
Les travaux commencent. M. Denarda, un maçon de Colombey, construit le socle du monument et le soubassement en béton. Les marches sont offertes par le marbrier Boiteux de Juzennecourt. L'emplacement avec le terrain d'accès à la statue sur la montagne de Colombey a été offert à l'église de Colombey par la famille Etienney. La peinture du socle est réalisée par Maurice Chappuis, peintre du village. La statue en fonte, haute de 2,20 m, pèse 620 kg. L'ensemble du monument s'élève à 5,20 m de hauteur. En 1963, à l'initiative de l'abbé Drouot, il a été agrémenté d'une table d'orientation montrant toute la région.
Le dimanche 24 août 1946 a eu lieu l'inauguration officielle de la statue de la Vierge qui deviendra « Notre-Dame-des-Otages. » Sous un beau soleil estival, 3 000 personnes assistèrent à la grand-messe présidée par Mgr Chiron, évêque de Langres. On remarquait dans la foule la présence d'Yvonne de Gaulle, accompagnée de deux membres de sa famille. Le général de Gaulle et sa famille assistèrent dans l'après-midi, en l'église du village, à une cérémonie d'action de grâce. À l'intérieur du socle a été placée une bouteille cachetée dans laquelle figure une feuille écrite à l'encre de Chine par l'abbé Drouot, curé de Colombey, qui retrace l'histoire des otages avec leurs noms.
Depuis cette date, tous les ans, le dernier dimanche du mois d'août, un pèlerinage suivi d'une messe a lieu devant la statue.
En 1994, après la mort de M. Burkardt quelques mois plus tôt, Fernand Roethlisberger, 87 ans, est alors le dernier des anciens otages encore en vie. Passionné d'histoire, c'est sous sa plume qu'a été éditée une plaquette souvenir pour l'anniversaire des 50 ans de commémorations de Notre-Dame-des-Otages. Il meurt en octobre 2007.
Fière de ses traditions d’humanisme et de résistance, la commune accueillit en 2023 plus de 80 réfugiés ukrainiens.
Je reprendrai un jour le chemin de Colombey car il est des endroits riches de tant de valeurs partagées que nous ne pouvons que nous incliner une fois encore devant l’histoire.
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