21/06/2023
Safi
Safi (en arabe آسَفي, Assafi ; en berbère ⴰⵙⴼⵉ, Asfi ; en darija marocain آسْفِي, Asfi ; en portugais Safim) est une ville dans l'ouest du Maroc sur l'océan Atlantique. Capitale de la province de Safi et de l'ancienne région Doukkala-Abda, Safi a une population de 308 508 habitants (recensement de 2014).
La ville a été occupée par l'Empire portugais (1488-1541). La forteresse construite pour protéger la ville, sous la domination portugaise, est toujours là aujourd'hui. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Safi fut également l'un des sites de débarquement pour l'opération Torch.
Safi est le principal port de pêche du pays et également un port d'exportation de phosphate, textile et céramique. À Safi est aussi en construction un deuxième port destiné uniquement au commerce des phosphates, ainsi qu'une centrale thermique. Celle-ci couvrira à terme 25 % des besoins du Maroc en énergie électrique.
Safi, sous le nom Safim (Zaffim ou Asfi), est l'une des plus anciennes villes du Maroc. Sa date de fondation est inconnue. Selon l'historien Mohammed al-Kanuni, Safi doit être identifié avec le Thymiaterion ancien ou Carcunticus et a été fondée par le Carthaginois Hannon, au cours de son périple raconté par Pline l'Ancien.
Il y a peu d'écrits sur la naissance de Safi, la pointe Oussadion, comptoir phénicien — s'il faut croire le géographe Ptolémée — probablement fréquentée plus t**d par les Romains, apparaît dans les textes arabes sous le nom d'Asfi, à partir du xie siècle, c'est alors un petit port d'intérêt local. Safi (Hadirat al Mouhit) ou Cité de la mer environnante, selon l'expression d'Ibn Khaldoun, assurait, en tant que port de la capitale Marrakech de l'empire almohade au xiie siècle, des relations directes avec l'Andalousie et se présentait sous la forme d'un espace fortement urbanisé, doté notamment d'importantes fortifications et d'une grande mosquée centrale qui est la première mosquée construite au Maroc[réf. nécessaire]. Cette dernière était rattachée à de nombreuses institutions.
Sous les Almohades, à la fin du xiie siècle, Abi Mohammed Salih, saint patron de la ville depuis, fonde un ribat ou couvent fortifié, dans un faubourg mitoyen de la ville de Tasaffyn (Al-Safy), dont la fonction religieuse atteint une large renommée. Il institue, en effet, deux ordres religieux, les premiers du genre organisés au Maroc, une Tariqa ou voie mystique et la Tafa des Houjjaj, remarquable organisation du pèlerinage à la Mecque, à travers un immense réseau de centres d'accueil (Sijilmassa, Tlemcen, Bougie, Barqa, Alexandrie...), à une époque où cette obligation était suspendue en raison de l'insécurité. Constituée de deux entités urbaines, la ville s'enrichit, au xive siècle, d'une medersa, édifiée par Aboul Hassan Al Marini, d'un bimaristan (hôpital) et de nombreuses autres institutions, une qaysaria, un mohtasseb, au fur et à mesure que Safi s'impose comme place d'échanges d'importance qui commerce avec Gênes, Séville, Marseille, etc.
À la fin du xve siècle, la pression portugaise s'accentue et aboutit à l'occupation de la ville qui va durer de 1488 jusqu'à sa reprise par les Saadiens, en 1541. La Tzaffin portugaise était alors la principale place fortifiée pour le contrôle de la région maritime, s'étendant jusqu'à Marrakech.De nouveau reliée à Marrakech sous les Saadiens, Safi demeure un des plus importants ports du Royaume jusqu'à la création d'Essaouira, dans la seconde moitié du xviie siècle. Elle reste cependant le siège de consulats étrangers et participera, au cours du xixe siècle, à l'ouverture commerciale du Maroc vers les puissances étrangères. De même qu'à Tanger, la communauté juive est importante et n'est pas confinée dans un mellah. L'existence de cultes mixtes, judéo-musulman, tel celui rendu jusqu'au milieu du xxe siècle aux Oulad Zmirro, les sept saints juifs enterrés à Safi, témoigne de l'entente qui prévaut depuis plusieurs siècles entre les deux communautés