11/07/2022
Tout près de l’entrée, à gauche, il y avait un homme assis sur un banc devant un étal de je ne sais trop quoi, j’étais trop émue pour regarder ce qu’il vendait. Je lui ai demandé si je pouvais monter dans l’immeuble « Non, ti peux pas, y faut pas » « pourquoi ? » « hé c’est pas bien, ti pourras pas ». Mais je ne voulais rien entendre et j’y suis allée, tandis qu’Yvette, interdite, restait sur place. Tout était obscur, j’ai eu du mal à repérer l’escalier que j’ai commencé à monter, mais j’ai dû y renoncer au bout de quelques instants à peine : la rampe était cassée et des débris en pendaient lamentablement dans le vide, les marches en bois étaient pourries, défoncées, il y avait seulement des lambeaux sur lesquels on pouvait à peine mettre un pied, on risquait à chaque instant de s’enfoncer dans des trous béants, la poussière recouvrait le tout y compris la fenêtre qui ne laissait plus passer le jour. C’était un spectacle de cauchemar et je suis redescendue le cœur broyé. Quand je suis sortie je devais avoir l’air hagard et le vendeur m’a dit en hochant tristement la tête « Ti vois j’t’avais dit qu’ti pourrais pas, fallait pas y aller, on peut pas monter ! ». Comment aurais-je pu soupçonner l’état de délabrement de l’immeuble alors même que la façade était blanche et pimpante comme toutes les façades des immeubles d’Alger ? Pourquoi cet abandon à l’intérieur ? Et puis j’ai pensé avec regret que ces beaux appartements étaient inoccupés, inutilisés, depuis des décennies. Quel dommage !)
2022 Alger, rue Bab Azoun rénovée, l’appartement d’Esther au 1er à G. Photo Nourredine Bouanani