12/09/2023
[Voyage au pays du reblochon 🏞️]
Jour 3 : Des frontières sous chape de plomb
Je me réveille aux alentours de 6h30. La nuit a été fraîche et bénéfique. Je prépare mes affaires et décide d’aller profiter des premières lueurs du jour en toute intimité, en dehors de l’hôtel. La température ambiante est hyper agréable, à peine plus de 20 degrés. les oiseaux chantent, virevoltent entre les différents arbres, le jour commence à poindre sur les sommets environnants. Une odeur de viennoiseries tout juste sorties du four vient également stimuler mon odorat, se mêlant aux senteurs de la forêt montagneuse. Je resterai quelques dizaines de minutes à profiter de ce moment de calme. 🏔️
L’odeur des viennoiseries est de plus en plus marquée. La fournée doit être terminée, et il faut dire que ça m’a mis en appétit de sentir tout ça ! Je me dirige donc vers l’entrée de l’hôtel où je suis accueilli par le patron des lieux qui s’affaire pour finaliser l’installation du buffet petit-déjeunatoire. On échange quelques mots, on plaisante, je lui dis que j’ai passé une super bonne nuit et lui décrit mon itinéraire du jour. Il m’invite ensuite à aller me servir, “c’est à volonté”. Parfait, j’ai grand faim ! Deux chocolats chauds, tartine de confiture du pays, croissant, pain chocolat, madeleine, un vrai festin de rois. Et le tout, seul. Tous les autres résidents ne sont pas encore levés, je profite à nouveau d’un moment de calme et de solitude avant d’attaquer une journée qui promet d’être riche et intense.
Il est un peu moins de 8h lorsque je quitte l’Hôtel-Relais mot**d Le Belvédère, heureux d’avoir découvert cet endroit. Pour une nuit en chambre simple (qui en réalité pouvait largement faire chambre double) avec une vue idylique, un dîner à la carte et un petit déjeuner à volonté, il m’a fallu débourser 134€, ce qui est plus que raisonnable au vu de la qualité de service du lieu ! 😎
Mes premiers tours de roue de la journée me mèneront à Rosières, où je ferai une drôle de rencontre : un éléphant rose. À me demander si le génépi de la veille ne faisait pas encore effet ?! Gardien de la station, il trône fièrement face à la vallée de Bourg-Saint-Maurice et du Mont-Blanc. Une pause photo avec Babar plus t**d, me revoilà en selle, découvrant la route qui mène au col du Petit-Saint-Bernard.
C’est la première fois que je pars rouler dans cette direction où de nombreuses personnes m’avaient vanté un col excellent, avec des paysages magiques et des courbes… délectables. Kilomètre après kilomètre, j’ai de plus en plus l’impression que cette promesse est tenue ! Malgré un bitume complètement défoncé (du genre à te faire guidonner la moto si tu ne la tiens pas fermement), la topographie savoyarde ne m’a, là encore, pas déçue ! Peu avant le sommet, une gigantesque statue de Saint-Bernard (le Saint, pas le chien) vient se dévoiler au détour d’un virage. Les détails de cet immense édifice sont superbes, mais je n’aurais pas l’occasion de m’arrêter la prendre en photo. Quelques centaines de mètres plus loin, j’arrive au sommet du col, gardé par des Saint-Bernards (cette fois-ci, les chiens) en bois et un agent de la douane en bois sculpté également. En toile de fond, on peut apercevoir distinctement le toit du Mont-Blanc, avec des grandes étendues de prairies verdoyantes. Y a pas à dire, j’adore les paysages de montagne ! Petite déception tout de même, les célèbres chiens accueillant les touristes ne sont pas encore de sortie, d’après la personne rencontrée sur place j’arrive trop tôt… Bon, dommage, mais je n’ai pas le temps d’attendre encore une heure et demi pour les voir, il me reste beaucoup de kilomètres à parcourir dans la journée.
Je passe donc la frontière italienne et me dirige vers ma prochaine étape qui m’avait été conseillée la veille par Gaëlle : le Colle San Carlo. Petit col méconnu du grand public (il est déjà difficilement référencé sur les panneaux des villages traversés), il permet de rejoindre La Thuile et Morgex par une route quasiment sans lignes droites, avec des sapins de chaque côté de la route. L’ascension fut hyper agréable, c’est très clairement un spot à noter pour tout voyageur à moto se trouvant dans le coin ! Ce petit détour effectué, je me remets sur ma trace initiale en direction du col du Grand Saint-Bernard. Et c’est à ce moment-là que l’enfer a commencé. 👀
Je vous plante le décor : des “controllo elettronico della velocità” (des radars quoi) tous les cents mètres, une limitation de vitesse à 50km/h tout du long, de la ligne droite, un soleil de plomb et aucun point d’ombre. Je peux vous dire que la route menant au Grand Saint-Bernard a été longue, très longue. Sans compter les innombrables automobilistes présents à cette heure-là sur la route (c’est simple, y a des endroits j’étais presque à rouler à l’embrayage…). Et même la montée du col se fera péniblement, à moins de 60km/h, jusqu’à ce que je vois une opportunité de dépasser les voitures qui se traînaient depuis plusieurs minutes. Les derniers kilomètres du col seront plus sympathiques, les paysages juste dingues et les courbes… mama mia, un paradis pour les mot**ds ! J’arrive en haut du col, et là, même contraste que la veille au Saisies : une véritable fourmilière humaine, des camping-car, des voitures, des vélos, des motos dans tous les sens. Je m’arrête tout de même deux minutes à côté du petit lac du Grand Saint-Bernard et discute avec un mot**d qui est venu d’Allemagne pour parcourir la Route des Grandes Alpes (décidément, ils se sont donnés le mot ahah) et qui profite de ses derniers jours de congés pour remonter par la Suisse et l’Italie à Francfort. 🗺️
Je passe ensuite la frontière Suisse et prépare mon passeport, j’ai repéré la douane au loin. Le passeport ne me sera finalement d’aucune utilité puisque la douane a démarré pile devant moi pour descendre le col côté Suisse. Pas de bol pour moi, je ne pourrais pas profiter comme il se doit de l’enrobé impeccable et irréprochable suisse sous mes roues : le SUV de la douane sera devant moi sur toute la descente… Pas grave, au moins on a le temps d’admirer le paysage et de ramasser les fleurs (je rigole sur ce point rassure-toi). J’arrive en bas du Grand Saint-Bernard et m’engage dans un immense tunnel avec le barrage des Toules en toile de fond. Pas de bol, la route pour y accéder est en travaux, tout comme le tunnel d’ailleurs ! Je resterai coincé au feu pendant une dizaine de minutes avec trois autres mot**ds, mais au moins, nous étions au frais dans ce tunnel !
À la sortie du tunnel, je roulerai quelques kilomètres avec les mot**ds rencontrés dans le tunnel jusqu’à la l’intersection menant à Champex-lac. La montée vers le petit lac suisse sera… amusante ! (histoire de changer un peu de vocabulaire). Une de ces petites routes “pépite” qui nous entraîne dans un valse avec notre moto, sans forcément entrer dans un rythme effréné pour autant, avec des paysages de montagne magnifiques tout autour de moi, un régal ! 🔥
Arrivé à Champex, je découvre un petit village suisse hyper agréable, avec leur fameux petit lac aux couleurs de saphir et d'émeraude, avec des canards en liberté s’approchant ça et là des passants. Une fontaine (ressemblant à un puit d’antan) est également présente sur la berge Est du lac. J’y passerai une dizaine de minutes à profiter de la fraîcheur qu’apporte le point d’eau avant de reprendre la route vers les bords du Lac Léman. Dans mon roadbook, je prévois de rentrer en France par Port-Valais, Saint-Gingolph et Evian-les-bains. Plan qui sera tenu ! Mais la route pour m’y rendre sera tout aussi terrible que son homologue italienne pour accéder au Grand Saint-Bernard : de la ligne droite et pas un seul point d’ombre. Rajoutez à ça la faim croissante qui me saisit de plus en plus, il va être temps de s'arrêter pour trouver de quoi manger.
Première tentative dans un café sur le bord de la route : “C’est complet”. Deuxième tentative, une auberge. Je me gare sur la place en pierres roses réservée aux clients. J’entre dans le hall du restaurant, je fais clairement tâche en tenue de moto. Je demande la carte à un serveur clairement autain, il me la tend sans même me regarder mais me fait comprendre que ça risque d’être hors de mes moyens. Bah il s’est pas trompé le bougre ! 150€ minimum, je repars sans demander mon reste. Il est bientôt 13h, mes chances de trouver un établissement servant à manger pour des tarifs raisonnables s’amenuisent. Quand soudain, j'aperçois un café-restaurant sur le bord de la route : Restaurant la Porte-du-Scex. Je m’y arrête, demande s’il reste de la place. Il en reste quelques, je peux m’installer où je veux. Parfait, je prends une place sur la petite terrasse ombragée avec vue sur ma moto. Le patron m’apporte la carte et m’informe que le menu du jour est épuisé (dommage, il était à 20CHF). Je me rabats donc sur un burger au poulet pané et raclette, avec un brownie en dessert et un jus de tomate pour faire passer tout ça. Le poulet est sec, les frites ne sont clairement pas maison et mal cuites, mais bon tout ce qui rentre fait ventre dans ce genre de situation. Le repas avalé, je me dirige vers le comptoir du bar pour être encaissé. La patronne me tend l’addition : 38.50CHF. Là, ça a du mal à passer. Payer 40€ pour un repas de la sorte, bienvenue en Suisse quoi… La prochaine fois je prendrais mon réchaud et une ration ça sera meilleur et moins onéreux !. Bref si tu peux, évites de t’arrêter à cette adresse, personnellement je ne la recommande pas, malgré la prévenance du patron.
Quelques kilomètres sous un soleil de plus en plus difficile à supporter, je passe enfin la frontière française, avec la musique de Lynyrd Skynyrd - Free Bird dans les oreilles (au moment du solo de guitare qui plus est ! 🦅). Je m’arrêterai deux minutes au bord du lac Léman, mais une vive odeur de crème solaire et d’autobronzant me montera vite à la tête. Pas le temps de traîner, je repars vers Thonon-les-Bains. Quitte à être dans le coin, autant aller se faire un des deux bouts de la Route des Grandes Alpes que je n’ai pas eu l’occasion de faire (pas encore ahah). J’arrive dans cette grande ville à la recherche de l’Hôtel de Ville où se situe la Rosace du kilomètre zéro, le point de départ de cette mythique traversée des Alpes. Mon téléphone ayant surchauffé, va falloir naviguer à vue et demander son chemin aux passants. Je passe devant une route barrée “à 100m” et tourne deux fois en rond autour d’un pâté d’immeubles. Je comprends pas, pourtant les panneaux m’indiquent bien la direction de l’HDV pas loin. J’interpelle alors un policier municipal pour lui demander mon chemin, désespéré. Là, il me dit que j’y étais et me dit où faire demi-tour pour y accéder (et me donne sa permission pour mettre ma moto à côté de la Rosace pour faire une photo). Je retourne devant mon panneau “route barrée à 100m” et là, je la vois enfin. Bah oui ducon, fallait lever les yeux ! L’Hôtel et la Rosace étaient là, et avant la route barrée ! Délivrance ! Je m’installe, fais quelques clichés de la place, de la rosace et forcément, de ma moto ahah. Je ferais ensuite une pause à l’ombre de l’édifice communal en profitant d’une vue sur un petit port du lac Léman et en blaguant avec des mot**ds venus débuter leur Route des Grandes Alpes à Thonon.
Je reprends la route une vingtaine de minutes après mon arrivée sur les lieux. Une pause à la station essence plus t**d (je crois que dans ce coin, les stations-services se sont mises d’accord pour un tarif unique : 2.019€ le litre de SP98) je m’élance direction la station des Gets et la petite bourgade de Morzine. Leur traversée m’a offert de beaux paysages, mais j’étais trop fatigué pour réellement en profiter. Je pense être en train de me prendre un coup de chaleur en bon et dûe forme, va pas falloir t**der à rentrer, d’autant que les réserves d'eau se tarissent au fond de mes valises. Je repasserai à nous la frontière franco-suisse dans la petite ville de Veyrier, avant de tracer gaz en grand jusqu’à Valleiry, où je passerai à nouveau une nuit chez Gallu. La fin de soirée arrivera vite, car c’est à 22h que je tomberai de fatigue. Une nuit marquée par une phase d’insomnie de 2h à 4h30 du matin. Mais voyons le côté positif, demain va être une p***** de belle journée ! 🐺