31/08/2019
Escales d’été sur le Nil : Fowa, avec l’association Fondation Tourisme et Patrimoine de Fowa
Escales d’été sur le Nil : Fowa, avec l’association Fondation Tourisme et Patrimoine de Fowa
À 105 km à l’est d’Alexandrie, la ville de Fuwa (Fowa) ne figure généralement pas sur les itinéraires touristiques classiques. Elle présente pourtant un réel attrait historique et culturel que s’emploie à promouvoir, avec dynamisme et compétence, l’association locale Fondation Tourisme et Patrimoine de Fowa.
La notoriété de cette ville remonte à l’ère pharaonique - elle est alors la capitale du septième nome ou circonscription de Basse-Égypte -, puis chrétienne, comme siège d’un évêché.
Au XIe siècle, elle est la ville principale de la région d’al-Muzahamatin (actuellement Kafr al-Cheikh) et fait partie des dotations de fief cédées par Salah al-Din à son petit-fils al-Mudaffar Taqi al-Din. Elle joue un rôle défensif très important, en arrière-garde d’Alexandrie, de Rosette et de Damiette. Toutefois, elle est attaquée et mise à sac par les Croisés en 1203.
Étant située sur le parcours du canal d’Alexandrie, qui prendra ultérieurement le nom de Mahmoudiya, Fuwa devient à l’ère mamelouke (1250-1517) un important centre de commerce. De nombreux bateaux européens y accostent, faisant escale sur leur route vers l’Est. Ce rôle commercial explique la présence sur place de nombreux consuls européens.
Visitant Fuwa au XVe siècle, le Français Pilon note qu’en plus de ses extraordinaires bâtiments, son activité commerciale contribue à en faire l’une des plus importantes villes d’Égypte. En fait, la seconde en importance, juste après Le Caire.
Durant l’époque ottomane, une grande quantité de khans y sont construits, signe de l’importance de l’activité commerciale et d’une richesse économique qui émerveille le sultan Sélim Ier lors de sa visite en 1517.
Sous l’ère de Méhémet Ali, le canal d’Alexandrie fait à nouveau l’objet d’une opération de curage. Fuwa confirme son rôle industriel, notamment avec la fabrication de fez et son activité de filature pour répondre à la demande de l’armée égyptienne.
Aujourd’hui, Fuwa doit sa réputation tout d’abord à un riche patrimoine architectural, constitué notamment de trois remarquables édifices islamiques : la mosquée al-Qinaï, construite en 1196 et restaurée en 1721, avec son minaret de 33 m de haut qui fut utilisé, outre sa fonction religieuse, comme phare pour guider l’activité portuaire ; la mosquée d’Abou al-Makarim, construite au milieu du XVIe siècle et restaurée en 1850, avec sa salle de prière à cinq nefs, soutenue par quatre rangées de six colonnes de marbre et granit sur lesquelles reposent des arcs brisés, et sa façade principale à trois entrées décorées selon la technique “al-mangur” (briques rouges et noires, joints de mortier blancs) ; la mosquée de Hassan Nasr Allah, haut dignitaire mamelouk, édifiée au XVe siècle et restaurée en 1703, caractérisée par les décors de la façade de l’entrée principale et de la triple arche, construite également selon la technique “al-mangur”.
Autre source de la réputation de Fuwa : la fabrication de kilims, une industrie qui y est très florissante dès l’époque mamelouke. Les kilims sont fabriqués avec des matières premières locales, dont la laine de mouton, “collectée chez les différents éleveurs et envoyée dans un atelier où plusieurs traitements sont effectués”. Les couleurs utilisées sont naturelles, extraites de plantes, comme le rouge de la racine de garance - plante ayant donné son nom à la ville de Fuwa -, le jaune de la racine du curcuma, la couleur oignon de la pelure de cette plante potagère et le violet de l’écorce de gr***de.
illustration : photo Fondation Tourisme et Patrimoine de Fowa
https://textesdegypte.blogspot.com/2019/07/escales-dete-sur-le-nil-fowa-avec.html