09/12/2019
Sonia Papet, la première femme concierge d’un Palace de Paris
Paris Match | Publié le 07/12/2019 à 09h00
Interview Mallaury Dauvergne
Sonia Papet.
"Le rôle du Chef Concierge est d’anticiper et de satisfaire au mieux les demandes des clients. A la tête de la loge du Bristol, Sonia Papet veille à ce que la magie de Noël soit au rendez-vous pour chacun d’entre eux cette année. Un travail qui se prépare bien en amont. Interview."
Paris Match. Comment est née votre vocation de Chef Concierge ?
Sonia Papet. Un peu sur le t**d. J’avais déjà dix ans d’expérience dans l’hôtellerie quand je me suis intéressée à la conciergerie. Au fil des postes que j’ai pu occuper - gouvernante d’étage, réceptionniste, restauration – j’ai découvert que le plus important pour moi était le contact avec le client. Je voyais des concierges avec des Clefs d’Or, je ne connaissais pas l’emblème, ça m’a intriguée et j’ai découvert un métier passionnant.
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Il y a cinq ans vous étiez la première femme nommée Chef Concierge d’un palace parisien, ça a changé depuis ?
Oui, il y a de plus en plus de femmes concierges notamment grâce à une école, la FPE de Toulouse, qui a ouvert il y a treize ans une formation d’un an : Concierge d’Hôtel. Avant, la conciergerie était surtout une promotion pour des bagagistes, chasseurs ou voituriers, des postes traditionnellement confiés à des hommes car ils portaient de lourdes malles et manœuvraient des voitures de luxe. Petit à petit l’école a permis de former des jeunes filles, et aussi d’avoir des jeunes qui arrivent directement sur des postes en conciergerie.
En quoi consiste la préparation des fêtes, au Bristol ?
Certains services travaillent d’une année sur l’autre pour créer des expériences, une atmosphère avec la décoration, les fleurs, le sapin, les menus dédiés dans nos restaurants, la bûche signature… Pour nous à la conciergerie, les demandes affluent à partir de septembre. On prépare des dossiers sur les activités à recommander, on propose au client un sapin dans sa chambre (en lui laissant le choix de le décorer lui-même), on va également s’inquiéter de ses réservations pour les soirs de fête. Il est parfois délicat ou impossible de trouver une table à la dernière minute dans un restaurant complet, et on n’aime pas ça... Alors il faut être curieux, vérifier, anticiper : le 31, il y aura beaucoup de circulation, donc on évite de proposer un restaurant dans un périmètre peut-être difficile d’accès. Plus on s’y prend à l’avance et plus c’est confortable pour le client.
Quelles demandes reviennent le plus en période de Noël ?
On a des clients qui veulent faire un tour de Paris en calèche, d’autres profiter d’une ambiance cocooning autour d’un chocolat chaud, faire un soin au spa entre mère et fille, ou encore une photo souvenir avec Faraon, le chat sacré de Birmanie de l’hôtel, qui est très demandé ! C’est aussi la période des cadeaux, nous proposons donc à nos clients une boutique dédiée et nos conseils. En général ils ont déjà leurs propres idées, et il peut arriver à un chasseur de partir plusieurs heures avec la liste très détaillée d’un client, pour faire tous ses achats de cadeaux de Noël destinés à des enfants, ce qui peut être très prenant…
"Remplir une chambre entière de nounours. C’est possible !"
Avec quels petits détails la conciergerie fait-elle la différence ?
On va s’assurer d’avoir toujours à disposition du papier cadeau, un stock de cravates et de boutons de manchettes, au cas où il manque quelque chose dans la valise. Puis le père Noël passe dans toutes les chambres du Bristol pour laisser des cadeaux personnalisés. Ce sont de petites attentions en fonction du client : un peignoir, un pyjama avec une broderie à son nom, un coffret de nos chocolats ou s’il aime le bon vin, peut-être une bouteille qui correspond à ses goûts, ses habitudes…
Y a-t-il une demande extravagante qui vous a marquée ?
On ne m’a jamais demandé de Père Noël extravagant, mais une demande spectaculaire peut-être : remplir une chambre entière de nounours. C’est possible ! L’idée quand on a une demande qui soulève des interrogations est d’avoir les bons partenaires pour nous orienter, quand c’est le cas, en général tout se passe bien. Il y a aussi des choses toutes simples : récemment une habituée nous a appelés parce qu’elle ne trouvait pas une poudre de lait pour bébé dans le pays où elle se trouvait. On a eu son appel à 21h30, le lendemain matin elle avait sa poudre de lait.
Au Bristol, il est possible de faire un tour de Paris en calèche.
Il n’y a aucune limite ? Si on vous demandait d’enneiger une suite, vous le feriez ?
Je consulterais les autres services pour choisir le bon produit, une mousse agréable au toucher et facile à enlever ensuite. On peut aussi imaginer des linges sur mesure pour recouvrir les meubles, concevoir avec la chocolaterie des boules de chocolat blanc… Le tout est de bien utiliser le bon produit, pour obtenir l’effet escompté. Les pétales de roses par exemple. S’il y en a trop, vous marchez dessus, ça devient sale et ce n’est pas joli. Sur le principe, on ne dit jamais non, on cherche une solution. Et dans la limite de la légalité, on peut tout nous demander.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre métier ?
La rigueur, devoir être toujours attentive à tout. Si vous n’êtes pas bien le matin ce n’est pas grave, au travail vous êtes à 100% ou rien, sinon ça ne fonctionne pas. La récompense c’est un client qui vous dit avoir passé un moment fabuleux, ou la réaction des enfants. Une petite fille à qui on a trouvé un accès à la Tour Eiffel en dernière minute et qui nous saute dans les bras au retour, excitée et reconnaissante, c’est extraordinaire. Mission accomplie.
Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez que l’on vous demande ?
Un renne, avec un traîneau et le Père Noël ! On ne me l’a encore jamais demandé finalement, pourtant j’ai tout. Enfin j’ai des chevaux, des carrosses, je pourrais trouver un Père Noël... Il suffirait de demander.