04/16/2024
LA NOUVELLE-FRANCE PERDUE ET RETROUVÉE – PARTIE IV :
LA RESTITUTION (1629 – 1632)
À l’hiver 1629-1630, après une absence de plus de trois ans, Champlain était de retour en France. Loin d’être couvert de gloire, ce retour au bercail s’était fait sous le signe d’une grande adversité.
La chute de Québec constituait le plus important revers de sa carrière alors qu’il se retrouvait jusqu’à nouvel ordre sans emploi. Ajoutant à ce malheur, il se voyait plongé dans le deuil de sa relation maritale avec son épouse, Hélène Boullé, qui avait décidé de le quitter et d’entrer en couvent. Comme si ce n’était pas assez, ses efforts auprès de la couronne pour restituer Québec à la France avaient été stoppés court quand, en raison d’une guerre en Italie, la couronne avait décidé de repousser à plus t**d le problème de la Nouvelle-France.
Malgré les difficultés et la tristesse qui l’affligeaient, Champlain trouva la force de tenir bon. La foi chrétienne fut pour lui un ancrage à sa résilience, de même que son rêve d’un Nouveau Monde en Amérique. Il se retroussa alors les manches et redoubla d’ardeur.
Les années 1629 à 1632 furent à certains égards les plus productives de la vie de Champlain, alors qu’il continua à jouer un rôle majeur pour garder en vie le projet d’une nouvelle France en Amérique. Sans relâche, il exhorta son roi, le cardinal Richelieu et le conseil royal à travailler à sa restitution.
Il œuvra étroitement avec les directeurs de la Compagnie des Cent-Associés et aida à sa réorganiser dans un réseau de filiales. Il forma des alliances avec la nouvelle génération de dirigeants français. Il profita aussi de cette période pour écrire son livre le plus important, intitulé "Voyages de la Nouvelle-France", qu’il publia en 1632. Cet ouvrage, qui intéressa un vaste lectorat, visait à faire la promotion de son grand dessein pour la Nouvelle-France à la cour de Louis XIII.
Finalement, en 1632, les efforts de Champlain portèrent fruit. Après une longue attente, le roi — dont la sœur avait marié en 1625 le roi d’Angleterre, Charles 1er, en échange d’une dot de 2 400 000 livres — accepta de payer son dû en entier à ce dernier. Suite à de longues négociations, la Nouvelle-France fut officiellement rendue à sa mère-patrie en vertu du traité de Saint-Germain-en-Laye en mars 1632.
La restitution officielle de la colonie française étant maintenant chose faite, le choix de son dirigeant demeurait une question ouverte. Pour des raisons obscures, le cardinal Richelieu — premier ministre du roi — n’était pas chaud à l’idée de nommer Champlain, lui préférant Isaac de Razilly, un officier militaire chevronné, lui aussi profondément intéressé par l’Amérique.
À la surprise de Richelieu cependant, Razilly déclina l’invitation en précisant qu’il préférait servir à titre de lieutenant de Champlain, qu’il considérait "plus compétent dans les affaires coloniales". Après un long délai, Richelieu céda au conseil de Razilly et malgré ses réticences, il nomma Champlain dans le rôle de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-France.
Il fallut attendre t**d à l’été 1632 pour que la France soit fin prête à diriger une nouvelle expédition colonisatrice en Amérique, d’abord en Acadie sous le commandement de Razilly. Dans le même élan, le cardinal Richelieu mandata Émery de Caën d’organiser la reddition de Québec aux mains des Britanniques. Pour le reste, la colonie serait investie en force au printemps suivant.
On ne peut qu’imaginer le bonheur ressenti par Champlain qui enfin, allait pouvoir reprendre la mer et se consacrer à ce qu’il aimait le plus au monde : la réalisation de son rêve d’un Nouveau Monde en Amérique.
À suivre…
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Crédit d’illustration : Artiste anonyme