03/12/2020
LES AFRICAINS SONT EN GRANDE MAJORITE DES POLYGLOTTES (UN GRAND ATOUT)
MAIS SONT INCAPABLES D’AVOIR DES LANGUES NATIONALES COMME LANGUES OFFICIELLES
Cette chronique est une piste de réflexion, je ne suis pas un linguiste.
La plupart des anglais, français, allemands parlent une seule langue. Aujourd’hui en Afrique, nous sommes majoritairement polyglottes, c’est un avantage lié à notre résilience. Exploitons-le et arrêtons de trouvez des raisons futiles qui font qu’on n’est pas toujours souverain.
Pour un africain qui veut aller étudier en France, aux USA ou dans d’autres pays étrangers, on demande souvent un justificatif de son niveau de langue en anglais, en français autres langues selon le pays. A force de passer le TOEIC ou le BULATS pour finir par l’obtenir, je me suis demandé pourquoi le dassa, le tchabè, le yoruba le fongbé ou le dendi que je comprends ne sont pas évalués. Cela m’a prolongé dans une profonde interrogation sur mon identité, ma culture et la place de l’africain dans le monde actuel.
Même quand vous écrivez et parlez bien le français, pour les recrutements en France, votre accent africain peut être un critère discriminatoire et vous demande parfois le TCF (Test de connaissances du français) pour vous inscrire dans les universités françaises
Bref ! pourquoi mon tchabè maternelle, le dendi de ma ville natale Parakou ou encore le fongbé que parle aujourd’hui ma fille n’ont aucune valeur à l’international ?
Après une analyse profonde, j’ai compris que la cause remonte à la colonisation où le français a été imposé de force à mes aïeux comme langue officielle. C’est l’histoire et on ne peut pas la changer. Aujourd’hui je pense que les causes sont l’aliénation et la rivalité naïve(division) entre nous africains.
C’est l’aliénation parce qu’il inconcevable que dans nos lycées et collèges en 2020 que les élèves dans plusieurs pays d’Afrique aient le choix d’étudier l’espagnol, l’anglais, l’allemand, le russe, le chinois mais aucune langue de leurs pays. C’est honteux et humiliant. Avec de tels programmes scolaires, comment on peut aspirer à ceux les jeunes aient envie de rester dans leurs pays (il y a bien aussi la question économique mais tout commence par l’estime de soi) ? On utilise encore à tort ou à raison les termes ethnies ou dialectes pour désigner car c’est ce que voulait le colon.
La deuxième est cause interne est cette rivalité naïve entre les différents groupes sociolinguistiques qu’entretiennent les hommes politiques pour règner. Chacun veut que sa langue soit représentée, ce qui est légitime mais la priorité doit rester la nation. Il faut s’incliner devant les statistiques claires des langues qui se sont imposées naturellement pour une raison ou une autre tout en sachant que des travaux scientifiques de Théophile OBENGA et d’autres éminents chercheurs ont prouvé que nous rivalisons sur des variantes linguistiques de langues ayant les mêmes origines. C’est naïf dans un monde en pleine globalisation. Si nous n’arrivons pas à nous unir et laisser de côté nos égos, les langues étrangères nous seront bien évidemment imposées et la souveraineté tardera à venir.
De nombreux pays comme le Sénégal et le Nigéria font d’énormes progrès respectivement avec le wolof et le yoruba. Les autres comme le Bénin et autres doivent suivre, c’est une question de fierté identitaire qui détermine l’estime de soi. Rien ne nous empêche de le faire.
J’espère que dans les prochaines années, on parlera de yorubaphonie, fongbéphonie, etc…c’est mon rêve pour l’Afrique.