03/07/2024
DECOUVREZ LE FARO, SON HISTOIRE, SES RICHESSES CULTURELLES ET TOURISTIQUES
1. LA COMMUNE DE POLI
1.1. PRESENTATION DE LA COMMUNE DE POLI
L’arrondissement de Poli, situé dans la région du Nord est à environ 136 km de Garoua (Capitale Région du Nord) et 36 km de Pana sur la Nationale N°1 et qui de part et d’autre est limité
- au Nord par les Communes de Touroua et Tchéboa
- au Sud par contrefort de l’Adamaoua
- à l’Est par les Communes de Lagdo et Tcholliré
- à l’Ouest par la Commune de Béka
Elle s’étend sur une superficie de 8045 km2 avec une population estimée à 100.000 habitants. Les zones de plus grande densité étant la zone urbaine (Poli ville) et les localités de Bantadje.
La commune comprend 170 villages : Hakati, Windé Pintchoumba, Windé Pintchoumba, Windé Pintchoumba, Hati, Wourokessoum, Windé Pintchoumba2, Windé Pintchoumba3, Wotti, Pintchoumba Centre, Boupi, Wotti2, Boswalle, Mongordongo, Djalingo-Kongle, Pah, Wakiri, Bouko, Sangbaro, Konglé Centre, Marka, Sahi-Guerri, Tégui, Hom, Séri, Sinté, Bonn, Sari, Nagui, Torgui, Hoy Centre, Wanté, Hollé, Sirlawé, Detta, Godé-Centre, Beka-Illou, Kourtesse, Guito, Penguen, Gourko, Guider-Faro, Garé, Boumssé, Samo, Toupté, Mouto, Boulko, Koumsdongo, Balkoua, Tormé, Yelle, Taparé, Gombo, Fignolé2, Sofol, Ridina, Fignolé1, Mayo Lempté, bNakiré, Tockté, Mango-Centre, Gatha1, Gatha2, Boundje Tawaro, Djogo, Hebpa, Longté, Dingo, Gbéré, Boundjé Zoungo, Nietché, Dai, Nitché2, Doumboulko, P**a, Rengo, Gboko, Gahiba, Legui, Seppi, Na’aba, Gahanba, Djogui, Gagui, Sérri, Tégui, Koyakba, Gandjiba, Ngnoredou, Baté, Siko, Waltesse, Tété-Centre, Dempté, Donko, Balane, Yago, Poli-Wango, Nagbaro, Yorini, Yobo, Paté-Golé, Darkté, Tamdjali, Pondé, Riga, Sirdjam, Sangué, Boule1, Waré, Garangti, Lakapou, Mana Centre, Nongti, Gaoudou, Douroussaka, Tchabal-Ninga, Djogo, Ninga-Manga, Mambeba, Djité, Webako, Dotoro, Béka Séko, Guilding, Waté1, Heptilélé, Doulé, Guitcha, Boli, Soldou, Farkomo, Parksé, Sircolsi, Sissi, Djoumté-Centre, Wangba, Alkali Godi, Wadé, Vokoua-Bouba, Bokaré, Gompou, Pelbou, Bantadjé Centre, Sellou, Mayo Djarendi, Wouroukessoum, Paté-Manga, Bassodjé, Lenguerba, Djongué, Taroua, Paté-Petel, Longwaté, Delingué, Wourou-Kila, Gormaya1, Gormaya2, Souari, Ouro-Bai, Salaki, Guito, Tamandjan, Banwaba, Poucksa, Singba, Poti, Massina.
L’arrondissement de Poli a été créé en 1924 sous l’administration coloniale Française, la ville de Poli est alors le chef-lieu. De 1927 à 1957, l’unité administrative prend tour à tour, l’appellation de subdivision Namchi-Atlantika, puis arrondissement de Poli en 1961. En 1993, l’arrondissement est éclaté en deux arrondissements Poli et Béka. Ils répondent du département du Faro créé les mêmes dates.
Les ethnies de la commune sont : les Daoyos (Namchi), les Doupas, les Papés, les Foulbé, les Voko, les Mboum, les Koutine, les Bororos et quelques peuples venus d’ailleurs (Toupouri, Mafa, Guiziga, Moufou).
1.2. LE PEUPLEMENT DE POLI
1.2.1. LES DOAYO
Appelés «Namchi» par les Foulbé, le nom leur est resté. C'est le groupe, numériquement, le plus important. On les trouve dans les cantons des Doayo au nord, de Djoumté Manga de Godé-Garé, de Konglé et de Louggéré Téré. Des villages Doayo se sont installés au nord du Mayo Punko sur le territoire des lamidats de Touroua et de Tchéboa. Ils vont presque jusqu'au Faro l’ouest et on en trouve quelques centaines dans les cantons de Voko et de Mao Bantadjé. Leur densité est maximum dans les montagnes proches de Poli où ils opposèrent une résistance victorieuse aux tentatives de conquête foulbé.
D’après G. TESSMAN, les Doayo appartiennent au groupe Dourou. Ils seraient donc, comme ceux-ci, d'origine baguirmienne et installés dans cette région depuis fort longtemps, peut-être depuis le 15e siècle. Une autre hypothèse veut qu'il s'agisse d'un groupe constitué à partir de familles Fali venues du Tinguelin et qui, à la suite de dissensions, auraient quitté leur pays pour émigrer vers le sud. Rencontrant des montagnes et des plaines fertiles, leur rappelant leur pays, elles se seraient installées et auraient donné l'ethnie Doayo.
Cette hypothèse est renforcée par divers éléments :
- les Doayo se reconnaissent une parenté avec les Fali alors qu'ils n'en reconnaissent aucune avec leurs voisins ;
-le style d'habitat est le même :
-le paysage élaboré est très semblable à celui que l'on trouve en pays Fali.
Il est d'ailleurs possible, vraisemblable même, qu'un groupe Fali soit venu se fondre dans un fond de population en place d'origine baguirmienne apportant des éléments de civilisation restés vivaces jusqu'à nos jours et rappelant ceux des Fali, Fali eux aussi, d'origines très diverses.
Les Doayo se divisent en deux grandes familles : les Doayo Nioré, dont le berceau serait Djoumté Manga ; les Doayo Téré, dont le berceau serait le cirque de Poli.
Les premiers auraient trouvé à leur arrivée des Bata. Les seconds auraient trouvé des Doupa. Pour certains auteurs, les Doayo Nioré seraient originaires du Tinguelin et les Doayo Téré du Baguirmi.
1.2.2. LES DOUPA ET PANON
Ceux-ci occupent les cantons de Hoye, Boumba, Pinchoumba et Ninga dans l'arrondissement de Poli et le groupement des Papé-Panon dans l'arrondissement de Garoua. Comme les Doayo, ils seraient d'origine dourou.
Pour certains auteurs, leur implantation est plus récente que celle des Doayo. Pour d'autres, ils occupaient le cirque de Poli à l'arrivée des Doayo qui les auraient repoussés sur les marges avant que la conquête peuhle ne contraigne toutes ces populations à chercher un refuge plus sûr sur les hauteurs.
1.2.3.LES VOKO
Ils occupent le canton qui porte leur nom au sud-ouest de Poli. En dépit de leur faible nombre (moins de 2000), ils forment un groupe ethnique bien particulier, très différent de leurs voisins Doayo et Kolbila.
Ils seraient autochtones. A la suite d'un orage, la foudre brisa un rocher et il en sortit le premier couple Voko. L'un des premiers villages fondés serait celui de Paté où résiderait encore le chef des sorciers Voko.
On a vu que les Voko surent préserver leur indépendance lors de la conquête foulbé. Encore maintenant, ils font preuve d'un dynamisme supérieur à celui de leurs voisins. Bien que convertis à l'Islam, ils ont gardé des traits de civilisation païenne, notamment le système foncier.
12.4. LES MBOUM
Les Mboum se divisent eux-mêmes en sept clans ou groupements établis de façon apparemment dispersée actuellement, mais qui ne formaient qu’un seul bloc avant la conquête des Foulbé au début du 19e siècle.
- Le clan Nganha est principalement établi dans le secteur du village de Nganha, mais possède aussi de nombreux représentants dans le quartier Mboum du centre urbain de Ngaoundéré où le Bellaka Nganha possède également son propre « saré » de ville (ce quartier a été fondé avant la conquête Foulbé par une femme qui était continuellement en conflit avec le Bellaka et qui pour cette raison fut appelée Nden Bé, « celle qui refuse toujours », nom qui est demeuré attaché à ce quartier et qui figure dans les anciens manuscrits Foulbé sous la forme transformée de Delbé).
- Le clan Mbam, issu de la même branche que le précédent (ce sont deux descendances de frères jumeaux), et établi principalement dans le village de Mbam-Mboum.
– Le clan Ndigou, outre quelques représentants demeurés au pied du massif de Nganha, s’est éparpillé plus au sud le long de la piste conduisant à Meiganga, dans la partie méridionale de l’Arron- dissement de Ngaoundéré.
- Le clan Ouari ou Wari s’est établi dans le même secteur que le précédent.
- Le clan Mana vit au pied de la falaise, à l’extrême sud de l’Arrondissement de Poli, très isolé du reste du monde (les eaux du Faro ne sont franchissables que deux mois par an), et au voisinage des Koutine et des Voko.
- Le clan Boussa s’est retiré il y a quelques décades beaucoup plus au sud, dans la région de Bétaré-Oya (à la limite de la forêt équatoriale).
- Enfin les Mbéré, de beaucoup les plus nombreux, sont à cheval sur la Vina. Ils sont répartis en trois chefferies, dont la plus importante, traditionnellement parlant, est celle du Bellaka Mbéré.
1.3. HISTOIRE DU CANTON DE POLI
Les Foulbé des lamidats voisins de Touroua (Boundang) et Tchéboa semblent avoir contrôlé, avec des succès divers, la moitié nord de l'arrondissement et Tchamba la partie ouest, tandis que les Voko préservaient leur indépendance et que l'implantation foulbé réussissait au sud en pays Kolbila.
L'occupation française à Poli remonte à 1923 et fut militaire jusqu'en septembre 1936. Auparavant les Allemands n'y avaient implanté que deux postes militaires à Boundjé et à Garé, sporadiquement occupés. Les Doayo ou Namchi occupaient le centre et le nord, les Doupa, l'est, les Voko et les Kolbille le sud. De l'autre côté du Faro on trouvait les Tchamba en bas des pentes et les Koma dans les massifs. Vers 1830, Moustapha fils de Moussa et Lamido de Tchéboa franchit le mayo Punko et s'empare des villages Namchi de Baté, Tété, Bétété et Djoumté Petel. C'est alors que-les Namchi inaugurent la politique des hauteurs, délaissant les vallées et se réfugient dans des sites inexpugnables en montagne. Dès lors les Lamibés Foulbé, ceux de Touroua et de Tchamba en particulier adoptent une politique d'apprivoisement qui sera assez heureuse, excepté pour les Namchi-Téré du cirque de Poli qui resteront irréductibles.
1.4. HISTOIRE DU CANTON DE VOKO
Le Peul Kiri, Hama Tsambode Tchamba, tentera en vain de les soumettre. Le chef des Voko se rendra à Karin où résidait l'émir Lawal et fera reconnaître l'indépendance de son groupement. Un quartier Voko aurait même été construit à Yola sous le nom de Boli.
Bien que fermement attachés à leur indépendance, les Voko adopteront un style de vie et de commandement proche de celui des Foulbé.
2. LA COMMUNE DE BEKA
2.1. PRESENTATION DE LA COMMUNE DE BEKA
Localisation de la Commune La Commune de Béka est située dans la région du Nord, Département du Faro. Elle est limitée à l’Est par la Commune de Touroua Département de la Bénoué et par la Commune de Poli Département du Faro, au SUD par la Commune de Kontcha, à l’Ouest et au Nord par la République Fédérale du Nigeria. Elle couvre une superficie d’environ 4000 km2. Cette Commune a été créée par le décret présidentiel N° 92/127 du 26 juin 1992 portant création des Communes dans certains départements dans le pays et compte environ 125 villages.
Béka se trouve à 155 km de Poli son chef-lieu de département et à près de 300 km de Garoua, chef-lieu de la région du Nord. La commune de Béka compte 55.000 habitants. La population de Béka est constituée d’une diversité ethnique composé de : Peulhs, Komas, Kamba, Vérés, Batas, Haoussas, Koutines, Moumouis, Bornois et quelques Bororos.
La Commune de Béka compte 41 villages pilotes et un espace urbain constitué de huit quartiers. Ces 42 villages pilotes comptent 125 villages satellites. Ils sont traditionnellement dirigés par 03 chefferies de 2e degré que sont Béka, Tchamba et Wangaï.
2.2. HISTOIRE DU LAMIDAT DE BÉKA
La ville de Béka aurait été fondée par les Bata dont le chef avait pour nom « Béka ». Vers 1800, suite à des migrations successives, arrivent les Peulhs venant du Mali. Ils étaient à la recherche des pâturages. Après leur arrivée, le chef des Bata et ses sujets ne voulant pas se laisser assimiler, se sont déplacés pour s’installer à Karine à 15 Km du site actuel. Laissant ainsi la chefferie aux Peulhs.
Il est vraisemblable qu'à l'origine on trouvait des Tchamba dans la vallée et des Véré dans la montagne. Peu de temps avant l’arrivée des Foulbé, une invasion Bata repousse les Tchamba vers le sud et s’installe dans la vallée. Ces Batas ont délogés à leur tour par des familles de Foulbé Vollarbé qui s’y installent définitivement. L’isolement de ce lamidat, la sagesse de l’administration foulbé qui le prendra en charge semblent l'avoir maintenu en dehors des convulsions qui agitèrent ses puissants voisins.
2.3.HISTOIRE DU LAMIDAT DE TCHAMBA
Les Foulbé, installés dans ce pays, appartiennent à la branche des Kiri. Le fondateur en aurait été Hama Tsambo. D'esprit aventureux, il monte des expéditions lointaines. Vers1850, il pousse jusqu'à 600 ou 700km au sud-ouest sur la Cross-River et aurait même atteint l'Océan et ramené un millier d'esclaves. Puis Hama Tsambo se tourne vers le sud, laissant à son cadet Adama le soin de commander en son nom à Tchamba. L'aîné, Ahmadou, l'accompagne. Hama Tsambo s'empare de Tibati.
Quand Hama Tsambo meurt, son fils aîné, Ahmadou, lui succède. Adama refuse d'obéir à son frère. Celui-ci, à l'époque, chasse les esclaves sur la Sanaga mais ne peut s’y maintenir ; il confirme néanmoins son autorité sur Tibati et ne reconnaît plus l’autorité de l’émir de Yola. Celui-ci, assisté d'Adama frère d'Ahmadou, lui fait la guerre et Adama est tué aux environs de Tibati. Le commandement de Tchamba est alors plus ou moins mal assuré par d'autres frères des deux premiers.
Un nouveau lamido de Tibati, Maigali, rompant avec la politique traditionnelle de ses prédécesseurs, reconnaît l'autorité de Djoubeyrou, l'émir de Yola, et lui rend visite. Il retourne à Tibati par Tchamba et y laisse son Galdima, Abou Bakary (vers 1900) pour y commander en son nom. Celui-ci, avec l'arrivée des Européens, se libèrera de l'autorité de Tibati et Yola et deviendra lamido
2.4.LE PEUPLEMENT DE BEKA
2.4.1.LES TCHAMBA
Essentiellement installé dans le lamidat de Tchamba, ce groupe comprendrait deux familles :
-les «Daka», fixés au Nigéria,
-les «Leko», fixés au Cameroun.
Ils seraient originaires du Baguirmi et les premiers habitants des rives du Faro. Peu de temps après leur installation, ils subirent, sans graves inconvénients, l'arrivée des Bata. Les Tchamba avaient construit leur capitale à Dido, l'actuel Tchamba. Les Foulbé les soumettront sans grandes difficultés.
2.4.2. LES KOMA
On distingue trois clans Koma importants : les Koma Kadam, les Koma Kompana et les Koma Véré. Les Koma Kadam et les Koma Kompana occupent les bas de pentes et les piedmonts du canton de Wangaï et les Koma Véré l'Alantika au nord du village de Tchamba et dans le lamidat de Béka.
On leur attribue parfois une origine bornouane. Ils auraient quitté le Bornou au moment de la conquête de leur pays par les Kanembou. Ils s'appelaient alors «Magoumi». Ils gagnèrent les massifs dans lesquels se trouvaient déjà les Tchamba et ce sont eux qui baptisèrent ces massifs d’Alantika (Allah Tikam, ce qui signifierait : seul Allah peut nous atteindre). A l'appui de cette hypothèse, on peut relever que les Foulbé les appellent « Koledjo» ou gens de Bornou.
Une autre hypothèse en fait une fraction des Bata, fraction qui s'établit sur les sommets des massifs à l'arrivée des Foulbé. Le mot « Kama» signifierait fugitif en Bata et les Koma ont de nombreuses coutumes en commun avec les Bata: même tambour sacré utilisé à l'occasion des enterrements et des fêtes rituelles, mêmes cloches sacrées et mêmes sagaies lestées d'une boule de cuivre creuse remplie de cailloux.
Les Koma Véré se disent frères des Bata et seraient venus des environs de Vola, chassés par la conquête peule. Ils ont donné leurs noms à la partie septentrionale des Alantika qu'ils occupent.
Si l'on accepte l'hypothèse d'une origine bornouane d'une partie au moins des Koma, on peut supposer, avec quelques chances de cerner la vérité, que le départ des «Magoumi» s'est produit au plus tôt au 16e siècle et, si les traditions orales sont exactes, que les Koma rencontrèrent sur les monts, qu'ils appelèrent Alantika, des Tchamba d'origine baguirmienne arrivés avant eux et dont Balgou semble avoir été un point de dispersion. Les Koma auraient précédé les Bata dont l’exode fut beaucoup plus tardif puisqu’il précède de peu l’invasion des Foulbé.
Les Foulbés sont peu nombreux, regroupés dans quelques gros villages, chef-lieu de canton ou capitale de lamidat. Les Batane sont plus qu'une poignée bien que leur nombre et leur influence aient sans doute été prépondérants avant la conquête Foulbé.
Entre ces deuxpôles de peuplement assez dense dont l'un semble originaire du Mandara et l’autre essentiellement du Baguirmi avec peut-être des apports du Bornou, les plaines et les plateaux semblent vides.
C’est actuellement le domaine des Foulbé avec des reliquats d’anciennes populations vaincues, les Bata, les Dama, les Mono, les Lamé, les Lakka et les Dourou.
2.4.3. LES BATA
On en trouve quelques-uns dans le lamidat de Demsa, mais la plus grande partie est regroupée sur les bords de la Bénoué en aval de Garoua et sur les bords du Faro. Leur nombre n'excède pas quelques centaines.
Et cependant les Bata formèrent une ethnie puissante et nombreuse. BARTH notait que les Bata étaient les plus nombreux avant la conquête foulbé. Ils étaient partagés en plusieurs grandes familles parlant des dialectes différents, apparentés aux dialectes marghi, et habitant des Alantika aux frontières du Bornou.
Les Bata seraient originaires du Gobir, d'ailleurs les Foulbé les appellent parfois «Gobirdjo». D'après TESSMAM, il ya un peu plus de deux cents ans Booua Djangourdje, chef de l'Alkalaoua envoya un de ses fils, Youmpa, en expédition vers le Foumbina à la conquête de nouvellesterres. Youmpa arriva dans la région de Vola et s'y installa après avoir battu ceux qui l'occupaient, les Kohna (peut-être les Koma). Des croisements s'opérèrent entre vaincus et vainqueurs et la race se transforma rapidement. Peu à peu, les Bata occupèrent toute la région comprise entre la Bénoué et l'Hosséré Véré. Ils laissèrent les premiers pasteurs foulbés s'installer chez eux moyennant redevance.
Vers 1785, les Foulbé se sentant en force refusent de payer la redevance et chassent les Bata de la région de Yola. Les uns se réfugieront sur l'Hosséré Bagalé (nord de Yola), les autres quittent le pays et remontent les cours du Faro et de la Bénoué pour s'installer dans la région actuellement occupée par les lamidats de Gourin, Touroua, Tchéboa, Tchamba, Garoua et Demsa. Ils y fondent de puissants commandements païens que le Modibo Adama, de retour de Sokoto où il avait reçu l'investiture du Cheikou Ousmanou, dut combattre et disperser.
Adama s'attaque tout d'abord au prince de Bagalé et oblige les Bata à se réfugier dans les montagnes où ils retrouvent leurs anciens adversaires kohna. La capitale de Bagalé résista une dizaine d'années et tomba sous le règne de l'émir Lawal. Adama obligea aussi Ydeng, chef des Bata de Demsa, à se soumet· tre. Midjam, le chef de Kokoumi, voulut se soustraire à la tutelle d'Adama, en demandant à Sokoto l'investiture de Kokoumi. Elle lui fut refusée. Attaqué par le Modibo Bouba Djam, lamido de Tchéboa, assisté des troupes de l'émir, Midjam dut céder après sept ans de lutte.
D'autres Bata, dits «Djoungoum», étaient installés rive droite du Faro dans la région de LabaréBorongo, Bouba Djam les réduisit également.
Durant ces années de lutte et de dispersion, les Bata se scindèrent en deux groupes :
- les Ndewé, installés dans la plaine, loin des mayo ; ce sont les Bata cultivateurs :
- les Bénoué, habitant les bords des mayo ; ce sont les Bata pêcheurs.
Les Bata réussirent à maintenir une certaine autonomie, même après la conquête foulbé. Les luttes qu'ils durent soutenir transformèrent les puissants commandements de cette ethnie en quelques villages assez misérables à notre époque. Leur aire de dispersion est restée la même qu'avant l'arrivée des Foulbé mais ils y sont très clairsemés.
SITES TOURISTIQUES
1. Le parc national de Faro, situé près de la frontière nigériane du Cameroun, couvre une superficie d’hectares 330,000. La zone a été initialement désignée comme réserve dans 1947, puis mise à niveau au niveau du parc national dans 1968. Plusieurs réserves de chasse bordent le parc national de Faro du côté est. On y trouve des guépards, des éléphants, des hippopotames. Le campement, parfaitement intégré dans la galerie forestière, épouse le style de l’architecture locale et s’ouvre sur un panorama éblouissant de fraîcheur et de beauté, propice à la sérénité et à la réflexion. Erigé au bord des piscines naturelles du Faro, il inspire le poète et invite à la baignade, au retour aux sources et à la déconnexion totale.
2. Les Monts Atlantika -qui signifierait les monts connus de dieu seul- sont une chaîne montagneuse d’une altitude atteignant 1.885 mètres. Situés à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun sur la rive gauche du fleuve Faro, ils forment la dorsale camerounaise très pittoresque, et sont un terrain très propice au trekking. A partir de la ville de Wangaï, à 180 kilomètres de Garoua, vous vous lancerez à l’attaque des montagnes où vous marcherez plusieurs jours. Ce voyage est une succession de paysages grandioses, à la limite du réel. Vous découvrirez des populations restées en dehors de toute civilisation moderne, notamment les Komas, un peuple du Nord Cameroun qui s’est réfugié dans les Monts Atlantika pour échapper aux envahisseurs musulmans qui voulaient en faire des esclaves.
By Joseph TSANA ENAMA