21/07/2022
Les mauvaises raisons pour choisir médecine en Algérie ou comment ne pas se faire d'illusions sur une carrière médicale dans notre pays:
Après l'euphorie de la réussite au baccalauréat, voici venu le moment du choix. Nous allons essayer de vous éclairer en évoquant les faux-espoirs que suscitent ce métier dans notre pays:
-Pour ceux qui veulent faire médecine pour la recherche scientifique (découvrir des médicaments, étudier l'origine des maladies... bref le "scientifique en barbe blanche derrière son microscope"), ça n'existe pas en Algérie, donc il faut voir ailleurs.
-Pour ceux qui veulent accéder à un certain "standard de vie", il faut savoir que seules certaines spécialités le permettent, une dizaine au maximum, et ce sont les plus difficile à décrocher au concours du résidanat. Concours qui se fait à la fin des études de médecine générale. Ça vous fera en moyenne 12 ans d'étude, si vous ne ratez aucune année. Suite à cela, il faut passer le service civil d'une année à 04 ans suivant les endroits, puis passer le service militaire ou attendre une grâce présidentielle pour les plus de 30 ans pour les hommes. Après cela, il va falloir vous installer au secteur privé, car au public le salaire de base dans le nord est de 73 000 DA mensuel, les gardes d'environ 3000 DA la garde ( la loi prévoit 06 gardes max sauf nécessité de service dans ce cas on peut aller à 10 garde ). Il vous faut aussi contracter des crédits pour acheter le matériel, et minimum 02 à 03 ans pour commencer à bien travailler au nord à cause de la saturation grandissante en cabinets médicaux.
Pour résumer, il faut minimum 15 ans pour accéder à une certaine aisance financière.
Pour résumer, vous aurez nettement plus de chances, avec nettement moins d'effort si vous entrez dans le "monde des affaires" le plutôt possible, nous vous le disons par expérience.
-Pour ceux qui sont motivé par le statut social du médecin, malheureusement, le matérialisme propre à notre époque a un peu écorché le statut des métiers dits nobles. Un autre exemple en est les métiers de l'enseignement.
-Certains s'imaginent aussi la médecine comme une spécialité de génie à la "Dr House". La médecine est avant tout une spécialité d'apprentissage. On a des tonnes de cours à apprendre, l'intelligence vient ensuite comme un ciment qui permet de relier les choses apprises et les intégrer dans un ensemble cohérent. Une fois les tonnes de données assimilées, des spécialités médicales permettent effectivement ce travail de synthèse et d'investigation, à leur tête la médecine interne, à condition d'avoir à disposition tous les bilans biologiques et radiologiques nécessaires ce qui n'est pas toujours le cas.
-Faire médecine pour se voir garantir un poste de travail est un argument recevable, bien que peu ambitieux pour un médecin. À noter qu'il y a des médecins généralistes au chômage dans le nord. Il y a encore des postes de travail sur les haut plateaux et au sud, surtout avec les compagnies pétrolières. Les études médicales permettent aussi de s'expatrier assez facilement. Certains pays exigent de refaire une grande partie des études médicales, tels que le Canada et les États-Unis et le Royaume Uni. Les destinations les plus convoitées sont la France, l'Allemagne et les Pays du Golfe.
Ce sont là les raisons, qui nous viennent à l'esprit en écrivant ces lignes, pour lesquelles faire médecine mène inéluctablement vers la désillusion et même à une certaine amertume. On ne se rend compte de ces réalités qu'après plusieurs annés passées sur le cursus médical, ce qui rend le changement de filière encore plus difficile. Ce post se veut un éclaircissement, voir une mise en garde, pour les bacheliers les mieux classés d'autant plus qu'il y a une certaine pression sociale qui les pousse à choisir la médecine.
NB. tout jugement de valeur a été sciemment évité.