13/09/2020
"Une fois qu’on a découvert cette destination, on revient !"
"A la recherche de verdure et de calme, les voisins de ce parc naturel qui s'étend entre Loire et Normandie ont fait bondir les statistiques touristiques cet été.
Deux heures de route : c’est tout ce qu’il fallait jusqu’alors aux Parisiens pour rejoindre le Perche, qui s’étend entre Loire et Normandie, et se ressourcer le temps d’un rapide week-end. Mais cet été, les amateurs de verdure et de calme sont venus de plus loin et pour plus longtemps, le Covid-19 empêchant les vacances dans des destinations plus exotiques. Selon les données collectées par la Maison du parc naturel du Perche, les trois quarts des touristes de cet étrange été 2020 étaient originaires de villes situées à moins de trois heures en voiture du coin. Les étrangers représentaient seulement 8% des visiteurs en juillet, 5% en août.
Après plusieurs mois de confinement et de télétravail pour certains, beaucoup de vacanciers étaient à la recherche de calme, de grands espaces et d’activités en plein air. Le Perche, royaume des chevaux et des vallons boisés, semblait tout désigné. «La saison touristique a été très bonne. Il y a une hausse de la fréquentation de 50% dans le parc par rapport à l’année dernière», se réjouit Pascale de Souancé, vice-présidente du parc naturel du Perche, chargée du tourisme, par ailleurs commerçante à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).
Boudin noir à toutes les sauces
La petite ville de Mortagne-au-Perche, 3 800 habitants, a vu ses rues peu à peu se remplir début juillet. A l’office de tourisme, on explique avoir accueilli «en grande majorité des touristes de passage». Un commerçant, sourire aux lèvres : «Même si les visiteurs ne sont là que pour quelques jours, ils consomment. Cela ne rattrapera pas les pertes du printemps mais au moins on a passé un bon été.»
La D938 qui relie Mortagne-au-Perche à Bellême passe à travers les bocages jaunis en août par la canicule. A mi-chemin, la Croix d’Or, restaurant établi au village du Pin-la-Garenne, s’enorgueillit de cuisiner le boudin noir (la spécialité locale) à toutes les sauces. Le chef Laurent Olivier, en tablier et derrière son comptoir, commente : «En ne partant pas loin, les gens se sont autorisés à aller plus souvent au restaurant. L’argent qui n’est pas parti dans les billets d’avion leur a permis de se faire plaisir.» Ce qui fait les affaires du secteur de la restauration. «Cela a fait tourner l’économie locale par la même occasion», ajoute Laurent Olivier.
Quelques kilomètres plus loin, à Bellême, «JB» tient le Café du midi. Il a surtout vu la différence les jours de marché : «Le jeudi matin, il y avait beaucoup plus de monde que les autres étés. Il fallait faire la queue pour récupérer ses produits chez le maraîcher !» Installé depuis cinq ans dans le Perche, un couple de Parisiens fait le même constat : «Il y a une vraie différence par rapport aux autres années. On a vu beaucoup plus de camping-cars passer devant chez nous.»
«C'est de loin la meilleure saison que l'on fait»
Les chiffres de l’office de tourisme de la ville le confirment : 33% de fréquentation en plus par rapport à la saison dernière. «Il faut un juste équilibre, se méfie un brocanteur installé dans une des rues pavées. Je ne veux pas que cette cité de caractère perde de son charme.» Pour Fabienne Debuchy, chargée de mission tourisme au parc, les hordes de visiteurs sont encore loin : «Ça ne sera jamais une destination de tourisme de masse. Ici, on prône le "slow tourisme". Les gens prennent le temps de découvrir les différents sites et de faire les activités qui sont proposées.»
A Nogent-le-Rotrou, les visiteurs se sont pressés au château Saint-Jean, depuis lequel ils ont pu admirer la vieille ville. Au nord de la sous-préfecture d’Eure-et-Loir, la base de loisirs de la Borde propose snack et location de pédalos. «C’est de loin la meilleure saison que l’on fait», assure le gardien en poste depuis dix ans. La Véloscénie, l’itinéraire cyclable qui relie Paris au Mont-Saint-Michel, a connu, lui, un vrai boom, qui s’est traduit par une forte demande d’hébergements aux abords du parcours. Au camping municipal de Rémalard, Bruno a accueilli de nombreux de cyclistes cet été : «Il y a bien plus de monde. Je peux faire jusqu’à 25 entrées par jour.» Les touristes peuvent alors profiter des grands emplacements et des aires de jeu pour les enfants. Julien Belivier, qui s’occupe du manoir du Bois Joly, confirme : «C’est une meilleure saison que l’année dernière. Dès le déconfinement, une famille a réservé le gîte pour quinze jours ; ils avaient besoin de déconnecter.» Cet engouement est-il un phénomène éphémère ? Non, selon Fabienne Debuchy : «Avant les gens ne s’arrêtaient pas dans le Perche, ils allaient directement en vacances en Bretagne. Maintenant, ils s’arrêtent et une fois qu’on a découvert cette destination, on revient !»"
Aurore Briffod
https://www.liberation.fr/france/2020/09/12/tourisme-le-perche-savoure-son-nouveau-statut-de-refuge_1799183?fbclid=IwAR3O-M0t_IFyl4Db4as1PwFWsMiyM7I4iSlcgJTKy6_xbrBFfvEr50qgpI8
Merci encore Studio7avril et Laure, http://www.studio7avril.com/?fbclid=IwAR3Z_xGl0ZFhJX3FqBcxHo1HTN5ujTXrzd7mVaoj0YXZ2kZyobOEsVxkl7Y, pour la magnifique affiche !