09/11/2024
❤️[Notre coup de coeur à lire jusqu'au bout]🥰 Bravo à Clemence Aranega - Photographies pour la photo et aussi pour ce très beau texte sur "Thérondel". Un stade unique et mémorable pour toutes les équipes qui ont eu la chance de pouvoir défier Sidobre Montagne XV
" Dans le Tarn, à Thérondel, un petit hameau sur la commune de Vabre, se cache un terrain de rugby comme il en existe peu. Il y a environ trois ans, j’ai posé pour la première fois le pied sur ce terrain de rugby isolé, caché dans un coin perdu. J’ai immédiatement été captivée par son caractère unique. Ce stade, perdu au cœur du Sidobre, a tout d'un « terrain du bout du monde ». Ce stade atypique accueille les matchs et entraînements de Sidobre Montagne XV, une fusion qui unit les villages de Brassac et Vabre.
Je me souviens encore de mon arrivée ce jour-là. Je me trouvais devant les vestiaires et quand j'ai demandé où était le terrain, on m’a indiqué de marcher « au fond, là-bas », en traversant le hameau. Ce n’est qu’après une marche d'environ 600 mètres, sur une petite route en bitume bordée de quelques maisons, que le paysage s’est ouvert sur une plaine verdoyante en lisière de forêt, offrant une vue dégagée presque infinie où l’horizon se confond souvent avec les nuages. Et là, j'ai eu ce sentiment étrange et intense d’être au bout du monde.
Ce terrain, sans artifices modernes, semble intemporel. Les lignes de touche, parfois imprécises, s’étirent sur une herbe robuste, un peu sauvage. De l’un des côtés, une « tribune » naturelle, perchée sur un rocher, permet aux spectateurs de dominer le terrain. De l’autre, des bancs en granit servent de gradins officiels. Ici, le rugby est enraciné dans le paysage ; il se mêle à la terre, à la roche et à l’histoire.
Il y a quelque chose de spécial dans le moment où les joueurs traversent le hameau en tenue, tous ensemble, pour rejoindre le terrain. Je suis là pour capturer cette scène unique, cette petite marche en groupe qui semble les connecter, les uns aux autres. C’est le genre d’instant qui, en photo, raconte déjà l'histoire sans qu’on ait besoin de légende.
D’un point de vue technique, photographier ce terrain est à la fois un rêve et un défi. La lumière douce de la réserve donne des images pleines de chaleur, presque intimes, mais pour les matchs de la une, il devient difficile de saisir les détails ; le froid tombe vite ici, et la lumière faiblit rapidement. Pourtant, il y a toujours quelque chose à capturer, même dans cette lumière déclinante.
Mon père, ancien joueur du ROEC, a joué ici plusieurs fois face à Vabre et garde des souvenirs marqués par la dureté de ce terrain. Une rudesse qui semble se glisser dans chaque détail de son récit. Il me parle d’un sol parfois boueux, parfois si dur à vous abîmer la plante des pieds, un terrain parsemé de cailloux qu’il fallait retirer avant de jouer. Et la météo n’épargnait personne : certains jours, le terrain disparaissait sous 10 centimètres de neige.
Puis, une fois le match terminé, il y avait le retour aux vestiaires, les fameux 600 mètres à parcourir, les jambes fatiguées, une sorte de marche finale avant les douches, parfois houleuse. Des douches sans luxe, sans même de pommeaux : juste des filets d’eau froide, une épreuve de plus pour finir la journée. Quant aux joueurs et leurs troisièmes mi-temps... rudes aussi mais mon père reste évasif à ce sujet.
Les souvenirs de ma mère, qui venait le soutenir, sont tout aussi évocateurs. Elle se rappelle du bruit si particulier des crampons résonnant sur la route avant d'arriver au terrain.
Pour Hugo Diez, capitaine de Sidobre Montagne, ce lieu est plus qu'un terrain de jeu : « Ce stade est hors du temps. Les soirs d'entraînement en hiver, on se croit seuls au monde, noyés dans la brume. L'été, le soleil se couche derrière les montagnes, c'est enivrant. Et le dimanche, on y ressent l'histoire, ça nous porte. Ici, on ne triche jamais… »
Au fond, ce « terrain du bout du monde » m’a inspirée comme peu d’autres lieux. Dans mon objectif, je retrouve à chaque fois cette émotion particulière. Ici, le rugby se pratique d’une façon qui semble épouser la nature elle-même, où chaque rencontre, chaque match devient une aventure en pleine nature."
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