04/01/2025
"Le jeune homme, compagnon des poètes grecs et latins, vient chercher dans ce lieu sauvage une nouvelle musique de la vie. Il veut cultiver une pratique consciente de l’instant, faire du quotidien un art de la simplicité et de l’unité. Un troisième élément complète cette harmonie, la beauté. Cette dimension du vécu est omniprésente dans les écrits de Thoreau. Et cela, même si s’affirme en lui de jour en jour la prise de conscience d’une certaine dysharmonie, de l’artificiel, du chaos menaçant. C’est grâce à cette acuité critique qu’il va tendre de plus en plus vers l’expérience de l’harmonie, à la fois dans ce qui l’entoure et dans l’invisible énergie qui préexiste aux formes. Il la perçoit dans les arbres, les rivières, dans les haricots qui poussent. L’univers, la nature, l’existence, lui apparaissent comme l’oeuvre d’art suprême ; or, l’artiste-artisan de notre vie, c’est nous-mêmes.
La lecture que fait Thoreau de sa vie à Walden, ou lors de ses excursions en terres sauvages, est un éloge vibrant de la contemplation, de la solitude, du silence. Il s’émeut d’une feuille qui tourbillonne, d’une trace d’oiseau sur la neige, et sa conscience a tôt fait de s’absorber dans le silence qui sous-tend toutes choses.
En poète, il savoure la beauté, simple, indéfinissable; il célèbre en son cœur sa valeur inestimable. Si la beauté fuse autour de lui, jusque dans des détails d’ordinaire inaperçus, c’est parce que son regard sait se relier à l’infime comme à l’infini, et que son cœur, devenu espace de tranquillité, peut l’accueillir.
L’apaisement crée les conditions de l’émerveillement, et inversement, l’émerveillement parvient à plonger l’esprit dans une tranquillité soudaine. Cette expérience, loin d’être anodine, est mise en lumière par les philosophes indiens qui la définissent comme un épanouissement soudain de la conscience.
Dans le Ta**ra, la contemplation créatrice - en pleine conscience - est cultivée comme une pratique d’éveil qui dissout le sens du Moi et unit au Tout.
Sans le savoir, Thoreau se révèle yogi de la beauté profonde, cachée, celle des cieux, des eaux et des bois sauvages. Par son intensité, cette expérience transformatrice l’atteint dans son noyau, et, parce qu'elle est à la fois vérité et beauté, elle fait de lui un être vrai, irradiant de la seule beauté qui ne passe pas.
Vivre la vie en poésie, dans un état de spontanéité totale, tel est son vœu, son svadharma, c’est pourquoi il invente et crée sans cesse, puisant dans la nature la joie d’une créativité inépuisable. Ce qu'il voit, sent, entend, se fait signe d’une autre réalité. Il en perçoit les harmoniques, dans le murmure des choses : c’est ce que l’on appelle dans l’esthétique indienne dhvani, résonance, puissance de suggestion.
Selon les Traités de Manu sur le dharma, l’homme est le seul être de l’univers à ne pas connaître intuitivement son rôle. Dans la chaîne continue des êtres, c’est lui, le maillon le plus vulnérable. C’est par la connaissance de soi cependant qu’il peut retrouver l’intuition de l’harmonie et l’intégrer dans ses pensées et ses actes. Ce yoga subtil culmine dans l’expérience intérieure. Du dedans, il fait toucher la vie universelle, et affine, au dehors, son expression dans la vie quotidienne. Il ne suffit pas d’exister, pense Thoreau, mais il faut vivre "les yeux ouverts à la beauté du monde " ( Journal, VI), dans la fraîcheur toujours nouvelle.
À la fin du Kaliyuga, prédisent les Purâna, seuls survivront ceux qui mèneront une vie d’ermite, ayant trouvé refuge dans la paix des forêts. Ainsi, grâce à ces "grands vivants", pourrait naître une aube nouvelle, une humanité nouvelle. "
🌳💚
2025 = année 9 = l’Ermite
Va-t-elle répondre favorablement à mon aspiration d’ermitage, de refuge de tantrika en herbe ?
Quoiqu'il en soit, c’est au Haut Silard que reprennent séances de yoga et de méditation, et soins individuels, la semaine prochaine 🧘♀️🕉
Au plaisir de vous y retrouver 🙏
Laurence ✨