12/12/2014
Tout arrive ! Vingt et un ans après Alain Decaux, ancien ministre de François Mitterrand, qui, en présence d’Alexandre Soljenitsyne, aux Lucs sur Boulogne, avait appelé à la reconnaissance du drame vendéen par la République française, une autre voix de gauche s’élève.
Ami intime de Ségolène Royal et François Hollande, Me Jean Pierre Mignard a évoqué avant-hier sur RTL la répression qui s’est abattue sur la Vendée à la suite du soulèvement de 1793, des noyades de Carrier aux massacres de colonnes infernales.
« Le peuple vendéen, massivement catholique, a fait l’objet d’une violence dans la répression qui, je le dis en tant que républicain, choque les principes des droits de l’homme » a reconnu Me Mignard.
Catholique pratiquant, l’avocat a ajouté : « Nous ne l’avons jamais vraiment reconnu et je pense qu’il y a un devoir de mémoire et de réconciliation à faire avec la Vendée. »
Ces propos viennent mettre fin à deux siècles de négationnisme républicain à propos d’une tragédie qui a coûté à la Vendée la vie de 170 000 hommes, femmes et enfants, près du tiers de se population. Les historiens républicains ont constamment nié l’ampleur et l’horreur de la répression.
Me Mignard reconnait implicitement ce que l’historien vendéen Reynald Sécher nomme un « mémoricide » : tout a été fait durant deux siècles pour que le peuple français, et les Vendéens eux-mêmes, n’aient pas connaissance de ce qui a frappé toute une population. Jusqu’à ce que les travaux de François Furet et Reynald Sécher, puis du Centre vendéen de recherches historiques viennent depuis trente ans révéler ce qui s’est passé.
Son ami le président de la République entendra-t-il le conseil du parrain de deux de ses enfants ? Si oui, réussira-t-il à convaincre ses amis politiques ? Osera-t-il braver M. Mélanchon, dernier robespierriste de France ?
Je me permettrai juste d’apporter un bémol aux propos courageux de Me Mignard, qui méritent d’être salués. Parler de réconciliation comme il le fait laisse supposer qu’il y a eu rupture entre la Vendée et la France. C’est une mauvaise interprétation.
Les Vendéens se sont levés en 1793 au nom de la liberté de culte, reconnue quelques mois plus tôt par l’article X de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ils ne se sont pas levés contre la France, mais contre un régime terroriste qui brimait la religion catholique. Ils ont pardonné à leurs tortionnaires et se sont toujours considérés comme Français, comme ils l’ont notamment démontré lors de la première Guerre mondiale.
Puisqu’il n’y a pas eu rupture, il n’y a pas lieu à réconciliation. Une simple reconnaissance par les autorités de la République de ce qui s’est passé dans les quatre départements de « Vendée militaire » suffirait.
Et puis parler de réconciliation tombe peut-être mal au moment où les héritiers spirituels des bourreaux de la Vendée s’acharnent à détruire comme jadis les symboles religieux. En faisant disparaître la crèche de l’hôtel du département de la Vendée, par exemple.
Michel Chamard / ancien directeur du CVRH
(Centre Vendéen des Recherches Historiques)