Une fenêtre au rebord mouluré et de gros blocs d’angles chanfreinés d’imposante allure pourraient dater un premier état de la construction du XIV ème siècle. Sous Louis XIII, à la suite de l’épidémie de peste de Marseille et Lyon, un édit royal obligea chaque châtellenie à réserver un lieu écarté pour mettre les contagieux en quarantaine. Cette maison, sans doute propriété seigneuriale, en aval d
u ruisseau, a donc pu servir de Maladière, à proximité du moulin appartenant lui aussi au seigneur de Groslée qui en percevait l’affermage. Une fois les épidémies passées, elle reprit probablement une fonction d’habitation et une activité agricole avec séchoirs à noix et communs. Plus t**d vers 1800, elle a été agrandie et remaniée par la famille Conand (signatures sur les portes et sur un béton), aussi propriétaire du moulin avec son pressoir à huile de noix, qui lui apportèrent le confort, moderne pour l’époque, d’une souillarde avec placard de pierre et évier et accès au grenier par escalier au lieu d’échelle ! En regard, les communs se virent adjoindre une cuisine- buanderie et un logis pour accueillir, d’après la tradition, une aïeule. Sa construction est très originale pour le Bugey. De part et d’autre d’une courette avec escalier central, logis et communs sont reliés par deux étages de galeries de bois portées, au 1er, par de grandes dalles de pierre. Côté ouest, la barrière s’ouvre par un portillon sur le vide de la cour, pour décharger les chars de foin. Les deux ailes sont reliées, au second étage, par une galerie portée autrefois par des poutres à mouvement compensant une différence de niveau. Une seule a pu être conservée, sous l’auvent central. Les barrières ont été restaurées par Robert Vannet à partir de 1970. En face de la Maladière, de l’autre côté du chemin, l’ancien moulin offre sa façade en avancée brisée et son pignon en talapans (lauzes inclinées protégeant le mur). Ainsi, le Moulin et l’originale Maladière composent-ils un ensemble préservé du patrimoine rural bugiste témoignant d’un souci d’artisan par le soin des détails et d’un goût d’architecte par l’harmonie du bâti.