03/10/2024
Voici un endroit où vos guides ne peuvent pas vous emmener, mais dont nous pouvons vous expliquer les origines et raisons d'être depuis l'extérieur : les célèbres et mystérieuses arêtes de poisson de Lyon !
https://aretesdepoisson.lyon.fr/
Ces quelques 2 kilomètres de tunnels parfaitement calibrés, creusés jusqu’à 30 mètres de profondeur dans la colline de la Croix-Rousse il y a 2000 ans, ont été oubliés des Lyonnais jusqu'à leur redécouverte accidentelle en 1959.
Depuis ils font couler beaucoup d'encre : de nombreuses hypothèses, des plus sérieuses aux plus farfelues, ont vu le jour en 65 ans. Il faut dire que le site est unique, en raison de l’extraordinaire qualité de l'ouvrage - les galeries sont élaborées du sol au plafond, couvertes de pierres calcaires importées du Mâconnais - mais aussi de ses dimensions inégalées - l'équivalent de 1200 camions de terre a été extrait de ce chantier souterrain.
Mais la dangerosité du site fait que contrairement aux catacombes de Paris, à la fonction par ailleurs sans lien, le site ne peut pas être ouvert au public : pour franchir un dénivelé de quelques 80 mètres, vous emprunteriez des passages acrobatiques, des échelles, des couloirs glissants et des puits d’une profondeur de 10 à 30 mètres. De plus le site des « arêtes » est bien plus labyrinthique que nos célèbres traboules, car il comprend un espace annexe au nord, avec deux galeries longues de 300 mètres, parsemées d’une dizaine de salles voûtées.
« Ce patrimoine n’a pas d’équivalent. Il est trop compliqué de l’ouvrir au public, et il fait encore l’objet de recherches, nous devons le préserver. La visite virtuelle est la solution idéale », note Yasmine Bouagga, maire du 1er arrondissement de la ville. En effet vient alors l’idée d’utiliser les nouvelles technologies : La mairie de Lyon a financé à hauteur de 250 000 euros la création de cette visite en ligne, dans le cadre d’un appel à projets d’initiative citoyenne. Pour vous donner un peu l’idée de l’attente des Lyonnais vis-à-vis de ce site, cette visite virtuelle a reçu le plus de suffrages de la part des habitants parmi 1500 propositions.
L’usage du site est encore en discussion, car les arêtes sont l’objet d’études archéologiques et épigraphiques depuis 4 ans : La datation au carbone 14 a déjà permis de balayer les hypothèses fantaisistes d’une construction par les Atlantes ou les Templiers. Il reste au Service archéologique de la Ville de Lyon, à la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) et à l’université de Lyon à étudier les plus de 250 graffitis de l’époque antique relevés sur les parois, et les échantillons envoyés en laboratoire. Un rapport complet est attendu pour 2026.
L’hypothèse pour l’instant retenue est celle d’un lieu de stockage de denrées ou de métaux. Il faut rappeler que Lyon, capitale administrative de la province lyonnaise (soit un tiers de la France) et capitale factuelle des Gaules, est choisie dès Auguste pour installer le deuxième atelier monétaire impérial, dont la sécurité était assurée par la cohorte urbaine.
Pour conclure, les théories alternatives, malgré les preuves archéologiques, ont la dent dure : dès le lancement du site développé par la Ville de Lyon, un site concurrent a ouvert pour promouvoir d’autres hypothèses, à l’aide de prises de vue clandestines … ne vous trompez pas d’adresse !
Bonne visite