13/12/2024
Voici une nouvelle décennie des ouvrages en relation avec Louis-Claude Saint-Martin.
Vous trouverez dans ces textes une doctrine mieux étudiée. Les détracteurs continuent leur travail à l’emporte-pièce. Ceux qui écrivent sur lcsm et respectent l’homme ou les idées m’ont paru avoir fait l’effort d’une étude si ce n’est de l’œuvre, au moins de textes qui ont pu leur être signalés essentiels.
Si c’est exact, qui aurait pu signaler « les bonnes pages » de lcsm ?
Comme pour les décennies précédentes, il m’a semblé intéressant de développer un peu le texte pour mieux cerner le sens des lignes écrites directement sur Saint-Martin.
Dans la recherche effectuée, les graphies autres que Saint-Martin n’ont pas été traitées, vous pouvez encore faire des découvertes, d’autant que Google ajoute régulièrement de nouveaux textes dans sa banque de livres. Ex. de graphies St. Martin… vous pouvez aussi les signaler.
Lcsm 1830 1839
Homonymies sources de légendes urbaines :
Le Marquisat
Le titre de marquis va être accolé à lcsm à plusieurs reprises dans différents ouvrages ; voici deux marquis de Saint-Martin, sans lien avec lcsm :
Antoine de la Baume-Montrevel, marquis de Saint-Martin + Île de France, Paris 23.07.1745
Et
1611 +1688 Charles François de La Baume, marquis de Saint-Martin
Il y eut des Saint-Martin, hors la lignée de lcsm, marquis :
Octavien Antoine de Saint-Martin d'Aglié Marquis de Saint-Germain et de Saint- Damian, par exemple.
Le lecteur doit encore se souvenir que le nom Saint-Martin, noble ou roturier est un nom fréquent qui s’est souvent illustré au cours des temps et dans divers domaines !
Relire à propos des titres de noblesse de lcsm la belle démonstration documentée de Robert Amadou dans la r***e l’initiation, et diffusée sur maitrespasses, puisque sans copyright sur la source.
Lcsm est noble, fils d’écuyer, sans autre titre, et condamné comme noble à sortir de Paris par les révolutionnaires.
Le titre d’écuyer devait lui échoir à la mort de son père, la révolution les a aboli, et à sa mort Buonaparte n’est pas encore devenu Napoléon et n’a pas créé sa noblesse ni autorisé l’ancienne noblesse !
Vous pourrez lui trouver, avec son nom, les titres de chevalier (on pouvait le supposer chevalier de Saint-Louis, ce qu’il ne fut pas, ce titre figure sur un acte paroissial, sans valeur légale), de comte (il dira lui-même que dans certaines sociétés, on affublait les visiteurs de titres de noblesse), de marquis.
1830
L'Ami de la religion et du roi: journal ecclésiastique, politique et littéraire Page 371 1830
[369] 3 FÉVRIER 1830. (N° 1616)
Supplément au Dictionnaire historique de Feller, publié à Lyon par J.-F. Rolland (1).
On se rappelle qu'il parut à Lyon, de 1821 à 1823, une édition du Dictionnaire historique des grands hommes, de Feller, en 10 gros volumes in-8°. Cette édition était faite sur un plan un peu différent de celui de l'édition de Paris ; on n'y touchait point au texte de Feller, et on y ajoutait seulement un assez grand nombre d'articles de personnages morts depuis ou omis par le premier auteur. Nous rendîmes compte de cette édition, numéros 790, 820 et autres. Aujourd'hui M. Rolland vient de donner deux volumes de supplément, où il a fait entrer les personnages morts dans ces dernières années et ceux qui avoient pu être encore omis dans les premiers volumes. Il s'est aidé pour cela des ouvrages les plus récents, de la Biographie universelle, de L’Annuaire de M. Mahul, de l'Ami de la religion; il a emprunté, entre autres, à ce dernier recueil, la plupart des articles sur des ecclésiastiques. Nous sommes bien loin de lui en faire un reproche, d'autant plus que l'éditeur cite quelquefois notre journal comme lui ayant été utile. Il a d'ailleurs beaucoup d'autres articles nouveaux et rédigés avec soin; et nous donnerons ici l'extrait de quelques-uns qui ne seront point déplacés dans ce journal :
« François-David Aynès, né à Lyon, fut principal du collège de Villefranche, puis revint à Lyon, où il publia des livres classiques et élémentaires. En 1811, il fut arrêté par la police, comme ayant fait imprimer des brefs et rescrits émanés de Rome et comme ayant fait connaître la bulle d'excommunication contre Buonaparte. Conduit à Paris, il resta onze mois à la Force, fut ensuite exilé à Avignon, et ne revint à Lyon qu'à la restauration. Le Pape lui envoya son portrait comme une marque de son estime.
(1) 2 gros vol. in-8, prix, 14 fr. et 18 fr. franc de port. A Lyon, chez Rolland, et, à Paris, au bureau de ce journal.
…
[370] Nous n'indiquerons qu'en passant d'autres articles sur des personnages et des écrivains morts récemment. On distinguera surtout ceux de Léon XII, de l'empereur Alexandre, de Mme Krüdener, de Mlle Labrousse, de MM. Marchangy, Laveaux, Nougaret, etc. L'éditeur s'est trompé en mettant au nombre des morts M. de Champagny, duc de Cadore; cet ancien ministre vit toujours. L'article de Mme la duchesse de Bourbon, morte en 1822, aurait été susceptible de plus de développements; l'éditeur a sans doute été retenu par des considérations respectables, et nous-mêmes nous avions usé de la même réserve en annonçant la mort de la duchesse dans notre n° 775, tome ###. Mais depuis, on a rendu publics des faits qui étaient jusque-là peu connus [371], et les écrits de la princesse ont été mentionnés dans plusieurs recueils. Nous ne croyons donc point commettre d'indiscrétion en donnant ici une notice où nous rappelons les opinions singulières de la duchesse.
Louise-Marie-Thérèse-Mathilde d'Orléans, née à St-Cloud le 9 juillet 1750, était fille du duc d'Orléans et épousa, en 1770, M. le duc de Bourbon, plus jeune qu'elle de six années. Ils eurent un fils, M. le duc d'Enghien, né en 1772. Ils se séparèrent en 1780. La duchesse, douée d'un esprit vif, instruite même, était par caractère disposée à croire au merveilleux ; elle s'engoua du magnétisme et eut des relations suivies avec saint Martin, dit le philosophe inconnu. Elle nous apprend elle-même que la lecture des écrits de Mme Guyon faisait son bonheur. Elle fut, au commencement de la révolution, admiratrice zélée de la fille Labrousse, l'admit dans son palais et y tenait des réunions avec dom Gerle, l'évêque Pont**d et d'autres chefs du parti constitutionnel. Un chapelain de la duchesse, ecclésiastique estimable qui vit encore, M. l'abbé F. fut obligé de sortir de sa maison, parce qu'il refusa de recevoir la fille Labrousse à la communion. La duchesse fit, dit-on, les frais d'une édition des prophéties de cette fille.
Elle ne sortit point de France au commencement de la révolution, fut enfermée à Marseille en 1793 par suite des décrets de la Convention, et lui écrivit, le 17 octobre, qu'elle faisait don à la nation de ses biens ; on passa à l'ordre du jour sur cette offre. Le 29 avril 1795, la Convention accorda 18,000 fr. à la princesse. Un décret la bannit le 18 fructidor; on lui avait promis sur ses biens une rente de 50,000 fr., qui fut fort mal payée. Elle se retira en Espagne et resta jusqu'en 1814 en Catalogne. C'est, à ce qu'on croit, à Barcelone que fut imprimée, en 1812, la Correspondance entre madame de B. et M. R. sur leurs opinions religieuses, 2 vol. in-8. A la suite de cette Correspondance, il y a dans le second volume des Opuscules ou Pensées d'une âme de la foi sur la religion chrétienne pratiquée en esprit et en vérité. Cet ouvrage ne fut tiré, dit-on, qu'à 200 exemplaires, et fut prohibé en 1819 par l'inquisition d'Espagne, comme obscène, plein de propositions hérétiques, impies, blasphématoires, séductrices et téméraires. La première qualification s'applique sans doute au récit d'un voyage de Barcelone, qui se trouve en tête du premier volume, et qui a pour titre : Voyage tragique et tendrement comique pour servir d'introduction.
La Correspondance est adressée à M. R. que Barbier dit être Ruffin, et que la duchesse appelle son cher ange; il est mort depuis et chrétiennement, à ce qu'on assure- La duchesse lui parle avec force en faveur de la révélation, et lui déclare que J.-C. est la seule porte pour arriver au ciel ; mais elle ne l'engage pas à croire aux prêtres ni à leur Eglise visible (*). Elle demande à Dieu de bons pasteurs, mais elle doute si les prêtres actuels sont les vrais successeurs des apôtres, s'ils ont les clés du royaume des cieux pour lier et pour délier. Elle espère qu'elle ne sera pas rejetée par le Sauveur, si
(*) Nous tirons ces citations d'un chapitre curieux de l'Histoire des sectes religieuses par M. Grégoire, tome II, page 72.
[372] elle est rejetée par les prêtres, qui refusent de l’admettre aux sacrements de l'Eglise, parce qu'elle ne croit pas à eux. Les promesses ont été faites, dit-elle, non au corps des pasteurs, mais à la généralité des êtres purs et saints.
Dans une profession de foi insérée dans les Opuscules, la duchesse semble dire que l'Eglise actuelle a un bandeau sur les yeux. Elle ne voit pas la nécessité de rejeter ou d'adopter tous les articles de croyance de l'Eglise ; elle croit à ce qu'elle peut croire, elle rejette ce qu'elle ne peut adopter. Tantôt elle se tait sur la maxime hors de l'Eglise point de salut, tantôt elle l'admet. Dans toutes les sectes qui croient en Jésus- Christ, il y a des âmes qui sont ses épouses. Dans ce système, l'Eglise véritable serait la réunion de toutes les églises chrétiennes ; d'ailleurs, l'auteur reconnait que Jésus- Christ a fondé son Eglise, qu'elle est la colonne de la vérité, que celui qui ne l'écoute pas doit être regardé comme un païen, et que Jésus-Christ sera avec elle jusqu'à la consommation des siècles. Sur 1 eucharistie, la duchesse pense que le corps et le sang de Jésus-Christ ne résident que dans la foi et non dans le pain et le vin ; elle soutient même que le sacrement est indépendant des paroles du prêtre dans le saint sacrifice, et que, quiconque se nourrit du pain et du vin avec une foi vive, participe au corps et au sang du Seigneur. Ainsi la duchesse s'était fait une religion à part, ou plutôt elle écrivait suivant l'idée qui la frappait au moment même, et qu'une autre idée effaçait ensuite. Il y a dans ses Opuscules des propositions très-extraordinaires. « Nous sommes une des portions de cette âme universelle que Jésus est venu racheter… notre être est composé de trois choses, esprit, âme et corps ; l’âme est à l’égard de l’esprit ce que le corps est à l’égard d’elle, càd son enveloppe femelle, il pouvait engendrer lui-même en son prototype divin ; mais ayant péché et mangé du fruit défendu, Dieu lui envoya le sommeil et tira la femme de son côté. » Nous ne ferons point de réflexions sur ces idées bizarres, que la duchesse n'entendait peut-être pas bien elle-même, et nous finirons par des citations d'un autre genre. Dans des Fragments sur la morale chrétienne, au tome 1er, l'auteur dit : « Née dans l'opulence et la grandeur, la révolution m'ayant offert les moyens de m'abaisser, je les ai saisis avec empressement en femme chrétienne. Jésus-Christ ayant dit anathème aux riches, j'ai joui de me voir enlever ce qui pouvait m'éloigner du centre de la vie. » La princesse voudrait que toutes les professions fussent également honorées, que l'on n'admît d'autre distinction que celle des vertus et des talents, que l'on abolît la peine de mort. Elle se déclare pour le gouvernement de fait. « Ces maximes, dit-elle encore dans ses Fragments, furent la règle invariable de mes sentiments et de ma conduite. Placée dans le monde par ma naissance pour commander, et par mon sexe pour obéir, libre alors de suivre ma volonté, j'ai cru devoir rester dans ma patrie et me soumettre aux puissances diverses qui ont paru successivement sur la scène, sans cherchera examiner si le gouvernement était juste et leurs lois bonnes. Il me suffit que Dieu permette qu'ils possèdent l'autorité pour la respecter, car Jésus-Christ n'a point spécifié qu'il fallait se soumettre aux puissants légitimes, mais seulement aux puissances. » La princesse se trouvait à Barcelone lorsque les armées françaises envahirent l'Espagne en 1809 ; on assure qu'elle n'eut point à se plaindre des procédés des généraux français. Elle rentra en France en 1814 et on lui [373] rendit ses biens. Elle profita de son opulence pour encourager un grand nombre de bonnes œuvres. Il est certain qu'elle donnait beaucoup. Elle paraissait souvent aux assemblées de charité et on ne l'implorait point en vain pour les malheureux. Elle établit dans son hôtel même, rue de Varennes, un hospice qui fut nommé hospice d'Enghien, en mémoire de son fils si indignement assassiné en 1804; elle y mit des Sœurs de la charité. L'hospice a depuis été transféré à Picpus, où il est plus commodément. Le 10 janvier 1822, la duchesse étant allée à Sainte- Geneviève pour prier pendant l'octave, fut frappée d'apoplexie en entrant dans l'Eglise; elle tomba sur le pavé et fut transportée à l'école de droit où elle expira quelques instants après. Son corps fut depuis porté à Dreux et inhumé dans le caveau destiné à la maison d'Orléans.
L'auteur auquel nous avons emprunté les extraits des écrits de la princesse, M. Grégoire s'exprime ainsi dans son Histoire des sectes : Hâtons-nous de dire cependant, sur des témoignages irrécusables, que, dans les derniers temps de sa vie, son cœur et son esprit étaient complètement soumis à la morale évangélique et au joug de la foi. Nous aurions voulu pouvoir confirmer un fait si consolant et nous avons consulté des personnes qui avaient eu des relations étroites avec la princesse. Leur témoignage irrécusable nous a convaincus que ses jugements et ses dispositions n'avoient pas changé depuis 1812. Elle faisait un amalgame des vérités de la foi et de ses opinions particulières; tantôt catholique, tantôt protestante, tantôt inclinant pour le quakerisme. Elle ne parlait jamais en public contre la religion, mais dans ses entretiens, surtout avec des ecclésiastiques, elle ne manquait guère de mettre la conversation là-dessus et de leur proposer ses objections. Elle lisait beaucoup saint Paul, qu'elle expliquait à sa manière. Des ecclésiastiques distingués essayèrent plusieurs fois de l'éclairer et de la toucher ; sa bonté et sa charité leur donnaient l'espérance d'y parvenir, mais elle leur échappait bientôt par la singularité et par le désordre de ses idées. Il en est un, homme singulièrement estimable et aussi sage que pieux, qu'elle pria de la confesser ; mais elle ne voulut point sans doute se soumettre à ce que par préliminaire il exigeait d'elle, et elle se retira. On ne peut que; déplorer qu'elle ait persévéré dans un système et dans des illusions dont l'âge, la réflexion et les conseils auraient dû la désabuser. Puisse Dieu l'avoir éclairée à ses derniers moments ! Prions-le, pour elle, comme autrefois saint François pour Henri IV, son aïeul, et demandons-lui de faire miséricorde pour celle qui la fit à tant de malheureux ! »
On excusera la longueur de cet article, où nous avons voulu réunir tout ce qui regardait la vie et les opinions de la duchesse. Nous revenons actuellement au Supplément du Dictionnaire de Feller. Nous rendons volontiers hommage au bon esprit qui anime l'éditeur et à la sagesse de ses jugements sur la plupart des personnages. Son Supplément est pour les principes et pour la rédaction tout-à-fait en harmonie avec le Dictionnaire de Feller, et il pourrait se joindre aux anciennes éditions de cet ouvrage. [374] …
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Journal des Savants Page 61 de l’Institut de France, Académie des inscriptions & belles-lettres (France) 1830
… [61] …
Entretien sur les principes de la philosophie, dans lequel des idées systématiques modernes en métaphysique sont discutées, et les notions de la raison ramenées à celles des rapports qu'exprime la pensée active de l'homme par l'affirmation et l'induction; publié par M. J.-B -M. Gence, avec des notes et le tableau de la classification générale des connaissances, développé dans l'ouvrage. Paris, imprimerie de Migneret, 1830, 48 pages in-8, avec un tableau. Les interlocuteurs qui figurent dans cet entretien, sont Descartes, Gassendi, Claude Saint-Martin, un ami de Saint-Martin, et un grammairien philosophe de l'école de Port-Royal. Cet opuscule, destiné, ce semble, à faire revivre la doctrine théosophique de M. Saint-Martin, est dédié à M. Ant. BertoIacci. — MM. Gence et Monnard se proposent de publier une traduction de l'ouvrage allemand intitulé Stunden der Andach, qui a paru de 1809 à 1816, à Arau, sous la forme de feuilles hebdomadaires, et dont on assure qu'il s'est fait douze éditions successives, donnant un total de 60,000 exemplaires. La version française portera le titre de Méditations religieuses, en forme de discours, pour toutes les époques, circonstances et situations de la vie domestique et civile: elle paraîtra, par livraisons, le samedi de chaque semaine. Le prix de 12 livraisons in-8 est fixé à 5 fr. on souscrit chez MM. Treuttel et Wurtz, à Paris, à Strasbourg et à Londres.
…
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1831
Encyclopédie moderne, ou Dictionnaire abrégé des hommes et des choses, des ... Page 269 de Eustache Marie Pierre Courtin 1831
Page 269
SAINT-MARTIN (Louis CLAUDE DE), dit le Philosophe inconnu, né à Amboise en 1743, d'une famille honorable, puisa de bonne heure dans la lecture du livre intitulé l’Art de se connaître soi-même, par le théologien protestant J. Abbadie, les principes de philosophie, de morale et de religion qu'il professa toute sa vie. Destiné par ses parents à la magistrature, il étudia le droit ; mais ensuite préférant la profession des 'armes, qui lui laissait plus de loisirs pour s'occuper de méditations, il entra comme lieutenant dans le régiment de Foix, à l'âge de 22 ans. C'est alors qu'il fut initié par des formules, des rites et des pratiques, à la secte dite des martinistes, du nom de Martinez Pasqualis, qui en était le chef. Il n'adopta point entièrement les doctrines de cette secte ; mais ce fut par là qu'il entra dans la voie du spiritualisme. Plus t**d, il exposa cette même doctrine dans ses ouvrages, et notamment dans son tableau naturel des rapports entre Dieu, l'homme, etc. Dans les associations de diverses nuances qui succédèrent à l'école de Martinès, après la mort de celui-ci, Saint-Martin suivait les réunions où l'on s'occupait d'exercices qui annonçaient, suivant son expression, des venus actives. Il regardait comme étant d'un ordre sensible inférieur celles où l'on s'occupait do magnétisme somnambulique, auquel il croyait toutefois. Il eut l'occasion de se lier avec l'astronome Lalande ; mais la différence des opinions rompit bientôt cette liaison. Il eut aussi des rapports avec J.-J. Rousseau, dont il regardait la misanthropie comme un excès de sensibilité. Pour lui, il aimait les hommes comme meilleurs au fond qu'ils ne paraissaient être. La musique instrumentale, des promenades champêtres, des conversations amicales, étaient les délassements de son esprit, et des actes de bienfaisance, ceux de son âme. Il voyagea, comme Pythagore, pour étudier l'homme et la nature, et pour confronter le témoignage des autres avec le sien. De retour en France, après avoir visité l'Allemagne et l'Angleterre, il reçut la croix de Saint-Louis pour ses anciens services militaires. II n'émigra point à l'époque de la révolution, dans laquelle il reconnaissait les desseins terribles de la Providence, comme il crut voir plus t**d un grand instrument temporel dans Bonaparte. Expulsé d'abord de Paris, comme noble, en 1794, il fut arrêté peu de temps après dans la retraite qu'il s'était choisi, comme faisant partie de la prétendue conjuration de la Mère de Dieu, Catherine Théos (voyez ce nom). Le 9 thermidor le rendit à la liberté, et vers la fin de la même année (1794) il fut désigné par le district ou arrondissement d'Amboise, sa patrie, comme un des élèves de l'école normale, destinée à former des instituteurs pour propager l'instruction. De retour à Paris, il y publia successivement une partie des écrits que nous indiquerons ci-après, faisant de temps à autre de petites excursions en province pour visiter quelques amis. Il mourut en 1803, au village d'Aulnay (près Paris), où il était allé voir le sénateur Lenoir de La Roche, avec lequel il était lié depuis longtemps. Saint-Martin a beaucoup écrit, et ses livres ont été commentés et traduits en partie, principalement dans les langues du nord de l'Europe. Le but de ces mêmes livres est non-seulement d'expliquer la nature par l'homme, mais de ramener toutes nos connaissances au principe, dont l'esprit humain peut être le centre. L'auteur s'efforce du démontrer que le spiritualisme n'est pas simplement la science des esprits, mais celle de Dieu. Voici la liste des ouvrages de ce philosophe : des Erreurs et de la Vérité, etc., par un philosophe inconnu, Edimbourg (Lyon), 1775, in-8° : écrit inintelligible, mais le plus remarquable de l'auteur et qui Page 270 lui valut le titre qu'il y prend lui-même, celui de philosophe inconnu (une suite des Erreurs et de la Vérité, etc., publiée en 1784, in 8», a été signalée par Saint-Martin comme frauduleuse). Les Œuvres posthumes de Saint-Martin, ont été publiées à Tours, 1807, 2 vol. in-8. On y trouve un journal, depuis 1782, des relations, des entretiens, etc., de l'auteur, sous le titre de Portrait de Saint-Martin, fait par lui-même. On a confondu cet écrivain philosophe avec Martinez-Pasqualis (voyez ce nom), son maître. M. Gence a publié en 1824, chez Migneret, une Notice biographique sur Saint-Martin, in-78° de 28 pages.
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Analyse de la réception de Louis-Claude de Saint-Martin dans les années 1830-1839
Introduction
Dans la décennie 1830-1839, l’intérêt pour Louis-Claude de Saint-Martin se situe à l’intersection de mouvements ésotériques en expansion et de débats philosophiques autour de la spiritualité. Cette période voit émerger des rééditions et des mentions de son œuvre dans des contextes variés, tout en suscitant des critiques négatives et positives. Les écrits sur Saint-Martin deviennent plus précis et se focalisent sur des aspects clés de sa pensée.
Critères d’analyse
1. Critique négative
Les critiques négatives de cette décennie proviennent souvent d'auteurs peu favorables aux courants mystiques ou théosophiques. Par exemple :
• Des écrivains et penseurs rationalistes, influencés par le positivisme naissant, voient en Saint-Martin une figure confuse ou obscurantiste.
• La perception de sa doctrine comme "inintelligible" persiste, notamment dans l’analyse de ses œuvres comme Des Erreurs et de la Vérité (Encyclopédie moderne, 1831). Ces critiques soulignent une difficulté à suivre sa pensée sans une initiation préalable à ses concepts.
2. Critique positive
Les auteurs qui respectent Saint-Martin ou ses idées font preuve d’un effort d’étude sérieux, comme l’observation le note. Ces textes :
• Reconnaissent la profondeur philosophique de ses écrits.
• Mettent en avant son apport au spiritualisme et à la compréhension de la nature humaine.
• Insistent sur son rôle dans la transmission des idées de Jacob Boehme, un aspect souvent évoqué par les sociétés mystiques.
3. Avis fondé sur la raison
Les mentions de Saint-Martin dans les encyclopédies et journaux savants (par exemple, Journal des Savants, 1830) montrent une tentative de classer ses contributions dans un cadre intellectuel rigoureux. Ces textes :
• Réfutent certains amalgames, notamment avec Martinez de Pasqually, en précisant les distinctions entre leurs doctrines.
• Évoquent Saint-Martin comme un penseur qui cherchait à réconcilier la spiritualité et la raison.
4. Analyse systématique de sa pensée et philosophie
Les efforts d’étude systématique se retrouvent dans des publications comme celles de J.-B.-M. Gence, qui propose des analyses détaillées et contextualisées :
• En 1830, Gence publie un opuscule qui tente de relier les principes théosophiques de Saint-Martin à une classification générale des connaissances (Journal des Savants).
• Gence joue un rôle clé dans la diffusion des écrits de Saint-Martin, en apportant des notes explicatives et en rendant ses idées plus accessibles à un public lettré.
Thèmes clés
1. Ésotérisme et mysticisme
• Les sociétés rosicruciennes et martinistes continuent de croître. Les idées de Saint-Martin trouvent un écho particulier chez les penseurs mystiques, qui citent ses écrits dans des contextes ésotériques.
• Le Philosophe inconnu est mentionné dans des cercles mystiques comme un modèle de quête spirituelle.
2. Spiritualité chrétienne
• Saint-Martin est vu comme un auteur capable de concilier des approches mystiques et chrétiennes, bien que certains lui reprochent son éloignement des dogmes traditionnels.
• La duchesse de Bourbon, dans ses écrits, mentionne son admiration pour Saint-Martin et Mme Guyon, soulignant une continuité dans la recherche d’une spiritualité intérieure.
3. Influence littéraire et philosophique
• Les discussions sur sa pensée apparaissent dans des ouvrages encyclopédiques et des dictionnaires comme le Supplément au Dictionnaire historique de Feller (1830).
• Ses idées inspirent une partie de la mouvance romantique, même indirectement, notamment par leur exploration des rapports entre l’âme, la nature et le divin.
Faits marquants
1. Rééditions et mentions
o Les écrits de Saint-Martin continuent de faire l’objet de rééditions partielles ou de mentions dans des ouvrages encyclopédiques.
o Gence publie des travaux pour expliciter la pensée de Saint-Martin.
2. Confusions sur son titre
o Plusieurs erreurs ou légendes circulent sur les titres de noblesse de Saint-Martin (marquis, comte, chevalier). Ces confusions, mentionnées dans des documents comme ceux de Robert Amadou, montrent un intérêt constant pour sa figure.
3. Nouveaux ouvrages sur Saint-Martin
o Le Supplément au Dictionnaire historique de Feller inclut un article détaillé sur Saint-Martin, soulignant ses qualités philosophiques et spirituelles.
Contexte historique et culturel
1. Les années postrévolutionnaires
La réception de Saint-Martin s’inscrit dans un XIXᵉ siècle encore marqué par les bouleversements de la Révolution française. Ses idées, souvent perçues comme idéales et spirituelles, contrastent avec un monde en mutation rapide.
2. Montée du romantisme
La décennie 1830-1839 est celle de l’essor romantique, où des écrivains et philosophes cherchent des réponses aux questions existentielles dans le mysticisme et la spiritualité.
Conclusion
La décennie 1830-1839 voit une réception plus nuancée et approfondie de Louis-Claude de Saint-Martin. Les critiques, positives ou négatives, traduisent une meilleure compréhension de sa doctrine. Grâce aux travaux d’auteurs comme Gence, les idées de Saint-Martin continuent d’alimenter les débats philosophiques et spirituels, tout en restant un sujet de fascination pour les cercles ésotériques.