26/05/2021
Eolien Energie verte? 25 hectares de défrichement et de terrassement au brise roche, 33 000 tonnes de béton pour 22 éoliennes, annonçaient le défrichement de 17 hectares pour un nouveau champs photovoltaïque sur Artigues.
Position de Gilles Cheylan, Président du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel PACA, exprimée à l'occasion de l'enquête publique sur la demande de
défrichement de Provencialis (octobre 2017) : Monsieur le Commissaire enquêteur,
La demande de défrichement portée par la société Provencialis sur les communes d'Artigues (Colle
Pelade) et Ollières (Carraire est et ouest) relative à l'installation d'un ensemble de 22 éoliennes sur 3
lignes de crêtes situées de part et d'autre de la D3 appelle de ma part les remarques suivantes:
L'impact visuel de ces éoliennes, dont la hauteur totale, pales comprises, atteindra 125 m sera
considérable. Comme le montre la carte jointe au dossier, ce parc sera visible à plus de 15 km de
distance et même au-delà, du sommet de la montagne Ste Victoire, ou des Bessillons par exemple.
Ces espaces naturels qui s'étendent de la limite est des Bouches-du-Rhône sur tout le nord du
département du Var sont largement intacts de toute altération du paysage. Or, de nombreux parcs
photovoltaïques ont été implantés récemment sur des coteaux masqués des principales voies de
communication, mais qui deviennent très visibles dès que l'on s'élève un peu en altitude, notamment
lorsque l'on emprunte le sentier menant au Pic des Mouches, point culminant de la montagne Ste
Victoire, annuellement visitée par plus de 1,2 million de randonneurs.
Manifestement les auteurs de l'étude se sont contentés de donner les angles de vue à partir des voies
de communication et des zones habitées et ont négligé les points de vue situés le long de sentiers de
randonnées empruntés par de très nombreux visiteurs.
L'impact environnemental majeur de ce projet est néanmoins celui qui touchera les milieux naturels.
L'étude fait bien ressortir la présence d'espèces animales patrimoniales, notamment d'insectes,
touchées par le projet: criquet hérisson, diane, damier de la succise, lucane cerf-volant et grand
capricorne et la fréquentation du site par plusieurs espèces de rapaces, notamment aigle royal et
circaète.
Contrairement à ce que disent les auteurs, le site fait partie des zones de chasse du couple d'aigles de
Bonelli de l'est de la montagne Ste Victoire (commune de Puyloubier), telles qu'elles sont connues par
le suivi par GPS de l'un des individus du couple. 3 observations se situent sur la commune d'Artigues,
dont 1 à la Colle Pelade. L'action 2.2. du Plan National d'action pour l'aigle de Bonelli prévoit en
priorité 1 de "prévenir et limiter l'impact des parcs éoliens et photovoltaïques" sur cette espèce.
Les Plans Nationaux d'Action sont financés par le Ministère de la Transition Ecologique pour prévenir
l'érosion de la biodiversité en France et l'implantation de ces éoliennes est en totale contradiction avec
les priorités du Plan National d'Action.
D'autre part, le projet se situe sur des crêtes peu boisées, à végétation rase de pelouses, dont
l'évolution naturelle est fortement menacée par la déprise du pastoralisme.
Ces pelouses sommitales concentrent un grand nombre d'éléments rares de faune, notamment
d'oiseaux et d'insectes, qui ne se trouvent ailleurs dans la région PACA que dans la plaine de la Crau
ou sur des plateaux comme ceux qui entourent les gorges du Verdon ou les Préalpes de Grasse dans
les Alpes-Maritimes. En effet, ces pelouses sont l'habitat d'espèces à caractère steppique, qui ont
trouvé refuge dans ces environnements depuis la dernière période glaciaire. C'est le cas de la Vipère
d'Orsini (absente du site) et du criquet hérisson, endémique de notre région.
Le cortège d'oiseaux habitant ces pelouses comporte un nombre élevé d'espèces menacées, inscrites
dans le "Livre Rouge" des oiseaux menacés en Provence (édition 2016 DREAL et CR PACA)
notamment le traquet oreillard, la linotte mélodieuse, le bruant ortolan, le pipit rousseline et l'alouette
lulu.
La forte fragmentation de cet habitat dans le périmètre du site d'intérêt communautaire "Ste Victoire"
a conduit à une disparition de 90 % des effectifs de traquet oreillard, 88 % de ceux de la linotte
mélodieuse, de 67 % de ceux du bruant ortolan et de 50 % de ceux du pipit rousseline depuis 1971.
Toutes ces espèces sont inscrites sur le livre rouge régional.
Il est indispensable de stopper la régression de ces pelouses à l'échelle du PSIC (Colle Pelade) et en
périphérie de celui-ci (Carraire est et ouest). C'est d'ailleurs pour cette raison que le Grand Site Ste
Victoire, gestionnaire du document d'objectifs intervient financièrement pour maintenir ces pelouses.
Le projet de construction sur la Colle Pelade, à l'intérieur du PSIC, est donc en totale contradiction
avec les actions menées par le gestionnaire du PSIC !
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En effet, les populations d'oiseaux nidifiant dans des habitats fortement fragmentés comme ces
pelouses ont besoin de plusieurs îlots de pelouses pour se reproduire, voire, pour les espèces peu
mobiles comme le criquet hérisson, d'îlots de pelouses d'étendue suffisante pour qu'une population
puisse se maintenir.
Stopper la dégradation de ces habitats est donc un enjeu majeur pour la conservation de cette faune
steppique.
En conséquence, je suis fortement opposé au projet tel qu'il est présenté, car il porte atteinte à un
habitat naturel fortement menacé en Provence, qui abrite de nombreuses espèces rares, voire
endémiques, et qui aura un très fort impact visuel dans un paysage naturel remarquable.
Gilles CHEYLAN
Président du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel Provence-Alpes-Côte d'Azur
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