Cette cité de l’Entre-deux-Mers présente un plan géométrique et une place carrée, bordée d’arcades, pour le moins caractéristique. Sauveterre de Guyenne est une véritable bastide au passé prestigieux et qui se souvient qu’elle fut anglo-gasconne…..
L’histoire de Sauveterre de Guyenne et du pays environnant se perd dans la nuit des temps. De nombreux travaux ont mis en évidence la présence humaine dès l’époque du paléolithique supérieur, entre trente-cinq mille et neuf mille ans avant Jésus-Christ.
Au cours du néolithique, le peuplement n’a cessé de se poursuivre : dolmens et mégalithes (pierres dressées), allées couvertes en témoignent. La vallée de l’Engrane et Blasimon présentent des échantillons remarquables de cette civilisation.
LES GAULOIS, LE HAUT MOYEN AGE
Les Celtes découvrent et occupent le pays dés VIIe siècle avant Jésus-Christ. Par mélange avec les populations autochtones ibères, ils formeront le peuple gaulois. L’étape suivante est la conquête Romaine. Un établissement fut fondé à Roussillon, à un Kilomètre au Nord de Sauveterre actuel ou des vestiges de villa gallo-romaine ont été découverts. Le passage des Vendales et des Suèves au Ve siècle engendra une dévastation totale Ce fut ensuite l’arrivée de Wisigoths en 412, des Arabes trois cents ans plus t**d stoppés par Charles Martel en 732, des Normands. Vers 850, ceux-ci dévastèrent Squirs (La Réole), les moines bénédictins se refugièrent dans un prieuré de Notre-Dame du Salut ou de la Sauvetat. A la même époque, se construisait le premier château, certainement à l’emplacement du château d’eau actuel. Le petit village, entre le château et l’abbaye, s’appelait alors Athala et l’église existait en 1100. Au début du XIIIe siècle, une terrible famine s’abat sur le pays.
LA CRÉATION
C’est en 1281 que commence la véritable histoire du Sauveterre moderne : le roi Edouard 1er d’Angleterre décide de bâtir une ville, colonie du peuplement protégée par les pillards. Cette bastide, en souvenir du prieuré de la Sauvetat, deviendra Saubeterre puis Sauveterre. Deux ans de procédure seront nécessaires pour que la construction commence. Elle sera rapide et bien menée. La ville est tracée selon le plan gallo-romain : place centrale, rues perpendiculaires et ruelles transversales toujours à l’équerre.
La construction des maisons incombe aux particuliers, la façade principale doit être terminée la première année, celle sur la ruelle l’année suivante. Les portes sont à la charge de la Couronne, les remparts seront édifiés plus t**d, non par le roi, mais par la municipalité. Seules, les portes sont encore debout, la porte Saubotte qui ouvrait vers la ville de Bordeaux domine la ville de ses dix-sept mètres.
La guerre de cent ans Les décennies qui suivent sont marquées par une grande instabilité : onze fois Sauveterre a changé de main entre Anglais et Français. Les péripéties sont innombrables et ont inspiré le dicton : « Saubeterre/bille de guerre/ lou qui n’a pas passat/n’est pas un boun sourdat ! ». En 1451, Sauveterre devient définitivement Française et en 1453 la guerre de cent ans s’achève à la bataille de Castillon.
Les privilèges acquis sous le règne d’Edouard 1er sont confirmés par Charles VIII, puis par François 1er. Prés de mille ans après « la pax romana » vient la « paix française ». Les Sauveterriens vivent assez bien jusqu'à la Réforme.
LA RÉFORME
Les idées de Luther et de Calvin vont rapidement se répandre en Aquitaine et à Sauveterre les protestants vont se multiplier. Le 23 septembre 1553, le parlement de Bordeaux condamne un habitant de Sauveterre pour hérésie, il sera pendu et sa maison brûlée. Blaise de Montluc vient pendre quinze huguenots, la ville se rebelle à nouveau, entraînant pillages, saccages, exécutions. Après le massacre de la St-Barthélémy, les violences se font plus fréquentes et dures : destruction d’une partie de l’église St-Léger, de l’abbaye de Blasimon. Les reformés se retranchent au couvent de Sallebruneau, les forces royales viennent les déloger et le parlement de Bordeaux décide la démolition du château-couvent.
L’édit de Nantes rétablit la liberté de culte et l e calme renaît dans la région. Considérée comme un verrou contre les huguenots, Sauveterre verra tous ses privilèges acquis confirmés par Louis XIII en 1617. Suit une période de calme ponctuée par des famines et des épidémies, mais la cité s’est un peu endormie après des siècles de violences.
LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE
Le 5 Mars 1789, une réunion de notables rédige un cahier de doléances pour adresser aux Etat Généraux les souhaits et revendications des Sauveterriens. Au mois de juillet, est crée une milice bourgeoise qui deviendra garde nationale. En 1790, départ de deux conscrits, la famine devient le principal problème de l’actualité. En 1793, la situation est très difficile, la mairie est envahie, les archives brûlées, des émeutes opposent habitants et forces de l’ordre. Le climat de haine et de dénonciations semble s’atténuer les années suivantes. Vingt-six jeunes gens seront levés par la conscription au cours de l’an VII, une vingtaine pendants l’an VIII. Des artisans, charpentiers, menuisiers et autres métiers utiles a la marine seront réquisitionnés au cours de l’an XI. En 1813, les jeunes de plus de treize ans seront appelés sous les drapeaux.
Le XIXe siècle Sauveterre qui avait bien accepté l’empire, adhère à la Restauration puis à la monarchie de Juillet. La grosse bourgade s’adonne à ce qu’elle a toujours su : cultiver la vigne qui va progresser de plus en plus. On se modernise, le télégraphe est installé en 1865, une ligne régulière d’omnibus est créée entre Sauveterre et Gironde pour assurer la correspondance avec la ligne de chemin de fer Bordeaux-Narbonne. En 1869, le cimetière situé prés de l’église, est transporté à sa place actuelle. La guerre de 1870 semble avoir eu peu d’impact en Sauveterrois. Les écoles vont se moderniser et s’agrandir en 1872 et 1874. Aux élections de 1875, la stabilité des élus est la règle. La ligne de chemin de fer Bordeaux-La sauve est prolongée jusqu'à Sauveterre (1880) puis jusqu'à Eymet.
La flèche de l’église en partie détruite en 1887, diverses constructions vont s’y substituer, dont un délirant faisceau de béton armé vers 1930 qui aura fait pendant cinquante ans la désolation des amateurs de vieilles pierres. Le 14 mars 1890, Sauveterre en Bazadais, puis Sauveterre de Guiene devient officiellement « Sauveterre de Guyenne » sous la plume de Félix Faure.
LA GRANDE GUERRE
Pendant la guerre 1914-1918, l’école des filles servira d’hôpital militaire. Tous les hommes valides de la commune seront mobilisés. Quatre années de deuils et de restrictions laisseront une trace ineffaçable. Sauveterre aura payé un lourd tribut : vingt morts. Et la vie reprend ses droits, des manifestations sportives nombreuses, auto ou vélo, marquent cette période d’entre deux guerres.
LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE
En septembre 1939, avec la déclaration de la guerre arrivent de nombreux refugiés, posant d’immenses problèmes à la municipalité. Plusieurs de ces familles demeureront sur place et y feront souche. En juin 1940, le gouvernement belge se refugie a Sauveterre pendant quelques jours.
Après l’armistice de juin 1940, Sauveterre devient la ville frontière. La ligne de démarcation entre zone libre et zone occupée sépare la bastide des villes voisines de Puch, Saint-Léger et Saint-Romain. Franchissement clandestins de la ligne de démarcation, bombardements et combats entre maquisards et Allemands marqueront ces sombres années et la Libérations n’échappera pas aux règlements de comptes.
DE NOS JOURS
Les années d’après-guerre seront celles de la modernisation de la cité, de sa mise aux normes du monde actuel, du développement de ses activités culturelles et sportives ainsi que de sa principale source de richesse : la vigne et le vin. Une date importante est 1965, par la fusion des quatre communes de Puch, Saint-Léger, Saint Romain et Sauveterre, portant ainsi la superficie totale du territoire à trois mille cent soixante quatorze hectares. C’est aussi la date de création du Syndicat d’initiative et de la piscine. 1966 voit l’ouverture d’un collège d’enseignement Général avec cantine qui deviendra en 1969 collège d’enseignement secondaire. En 1972, la première fête du vin connait tout de suite un grand succès. Le premier jumelage intervient en 1973 avec Sottrum en Allemagne. En 1975, c’est l’achèvement du terrain de football. Tennis, salle omnisport, terrain de camping viendront compléter l’ensemble. Le deuxième jumelage se fait en 1986 avec Saulnes, dont plusieurs familles sont restées dans le Sauveterrois après l’exode de 1940. Et c’est en 1988 que sera réalisé le dernier avec Olite, ville espagnole à une quarantaine de kilomètres de Pampelune. En 1989, on inaugure les nouveaux locaux du Syndicat d’Initiative, devenu depuis Office du Tourisme. Il regroupe des activités variées : bibliothèque municipale, mini-musée du vin, expositions diverses tout au long de l’année. Enfin ; 1990 voit la création du Caveau des vins qui est la vitrine de la production du Sauveterrois. Et maintenant….
Quelle évolution depuis les premiers hommes qui essayaient difficilement de survivre de notre contrée ! Qui dira le nombre de souffrances, mais aussi de joies ayant permis d’arriver à la Sauveterre aujourd’hui. Cependant beaucoup de projet sont encore à réaliser pour une meilleure qualité de la vie dans le Sauveterrois.
D’après une étude De M. Guinut.