05/03/2021
Dans les années 1960, le Christkindelsmärik se tenait du 1er au 24 décembre. Les habitants de Strasbourg faisaient leurs emplettes pour Noël quasi exclusivement dans ce marché, seuls les marchands forains étant alors en mesure de proposer ces articles saisonniers, spécifiques à la fête de Noël.
Le premier stand vers la rue du Dôme était celui de la « Confiserie orientale », qui vendait des douceurs exotiques et rares, annonçant du « zuk-zuk nougat » (halva) et proposant des tranches de noix de coco, constamment humidifiées par un petit jet d’eau, ainsi que des « pommes d’amour » enrobées de sucre rouge. Le stand de « La gaufre lorraine » attirait le chaland grâce à la senteur des gaufres qu’il vendait saupoudrées de sucre. Les confiseurs exposaient sucres d’orge, rouleaux de réglisse, nougat, têtes dites « de n***e », boules dites « de coco ». Des pralines en préparation étaient remuées avec une grande cuillère en bois dans un chaudron en cuivre. Des marchands venus du village de Gertwiller, où exerçaient plusieurs fabricants de pain d’épices, vendaient des montagnes de pains d’épices, essentiellement sous forme de paquets de langues glacées au sucre, ou de plaques rectangulaires sur lesquelles était collée une image de saint Nicolas. La petite locomotive du vendeur de marrons chauds était, elle aussi, présente, et le vendeur de barbe à papa était assiégé par les enfants.
En matière d’accessoires et de décors de Noël étaient proposés quantités de boules en verre argentées ou colorées, souvent importées de Bohême, des guirlandes brillantes et d’autres décors pour le sapin, ainsi que des figurines de crèche en plâtre peint, toutes faites sur le même modèle, mais dans un grand choix de tailles. Un vieil aveugle agitait une clochette pour attirer l’attention des passants vers la petite table où il avait posé des petits paquets de Sternereje, « pluies d’étoiles » en dialecte, « cierges magiques » en français.
La visite au Christkindelsmärik se terminait généralement par l’odorante allée des sapins, lesquels étaient d’ailleurs pour la plupart des épicéas, espèce moins onéreuse que le sapin des Vosges. L’arbre choisi était emporté par le client, généralement peu de temps avant Noël, la tradition voulant que l’arbre ne soit garni que le 24 décembre[11].