12/08/2023
La gare fête son centenaire en ce 12 août 2023. Toujours pimpante. jr@
Focus sur le patrimoine ferroviaire de la presqu’île de Crozon avec le Rail Club Terrug Hélissen, à Telgruc-sur-Mer
PORTE OUVERTE au club le 9 Août, aujourd'hui jusqu'à 17h pour tout savoir.
« Le 12 août prochain, nous fêterons les 100 ans de la mise en service de la voie de chemin de fer reliant Châteaulin à Camaret », se réjouit Didier Cadiou, le « monsieur patrimoine et espaces naturels », à Crozon. L’occasion de partir à la rencontre de ce chemin de fer, désaffecté, mais aussi des gares de la Presqu’île à l’architecture bien particulière, unique en France…
La voie inaugurée en 1923
« Cette voie de chemin de fer a été un travail de longue haleine », relate, passionné, Didier Cadiou, documents d’origine à la main. « Elle était en projet depuis 1877, faisant partie d’un projet de maillage du territoire national. Mais les coûts étaient colossaux, les études de terrain très longues et chaque commune de la Presqu’île voulaient que le train passe par chez elle », sourit Didier, intarissable sur les contraintes géographiques, politiques mais aussi les enjeux stratégiques d’un tel équipement à l’époque.
Mais après des années d’atermoiements, de discussions et de batailles, le projet est définitivement approuvé et les travaux commencent en 1910. Une guerre mondiale et quelques grèves plus t**d, l’inauguration de la voie a lieu en grande pompe en 1923, avec banquet à Morgat, excusez du peu !
« Un petit tortillard qui tient par miracle »
Le tracé entre Châteaulin et Camaret, long de 48,234 km précisément, passe par la halte de Kerhillec, Plomodiern, Saint-Nic, Argol (Croas e Meno), Telgruc, Tal-ar-Groas, Crozon et Perros - Saint-Fiacre, où une voie de 3,587 km est ajoutée, qui permet d’aller par le rail jusqu’au Fret. En tout, le trajet durait 1 heure 45, « dans un petit tortillard qui tient par miracle sur les rails, ça secoue et ça monte et ça descend », si l’on en croit les mots de ce voyageur de commerce, écrits sur une carte postale des années 1930.
À lire sur le sujet Focus sur le patrimoine ferroviaire de la presqu’île de Crozon avec le Rail Club Terrug Hélissen, à Telgruc-sur-Mer
Pour la construction des gares proprement dites, il est fait appel à l’architecte Julien Polti pour cinq d’entre elles (hors Argol et Perros), qui s’inspire du régionalisme pour créer les bâtiments. Résultat : des gares de granit et de grès, chapeautées de conduits de cheminée très hauts, uniques en France, bien vite surnommées « les bigoudènes ». « Ce qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, c’est l’harmonisation des gares sur toute une voie », note Didier Cadiou, qui confie : « Crozon peut s’enorgueillir de compter quatre gares sur son territoire, à l’architecture originale ! ».
Voie verte et bâtiments reconvertis
À l’arrêt du train en Presqu’île, en 1967, les rails furent très vite enlevés et les terrains correspondant à l’emprise des voies rachetées par les communes. « C’est ce qui nous a permis de créer la voie verte en Presqu’île, la fameuse V6. Voie verte qui, depuis 1992, était la colonne vertébrale des chemins de randonnée sur notre territoire », détaille Didier Cadiou.
Aujourd’hui encore visibles pour la plupart, les gares « bigoudènes » presque îliennes sont devenues, au fil du temps, des centres d’accueil de vacances de… la SNCF (Tal-ar-Groas et Le Fret par exemple) ou encore… l’office de tourisme intercommunal de Crozon.