23/07/2018
A la découverte du Pr Oumar Bâ (1917-1998)
"On lui doit la première œuvre francophone signée par un mauritanien. Depuis son "Presque griffonnages ou la Francophonie" paru en 1966, Oumar Bâ s’est illustré comme l’un des poètes les plus talentueux de sa génération avec des œuvres telles que "Odes sahéliennes" ou encore "Paroles plaisantes au coeur et à l’oreille". Décédé le 12/02/1998 à Nouakchott, Oumar Bâ a le mérite d’avoir posé la première pierre à l’édification d’une littérature francophone en Mauritanie"
"Parcours du Pr Oumar Bâ"
Oumar Bâ a vu le jour à Diabalydoubé, chez son oncle maternel, Tapsirou Boggel Hamath Madiyyou Ly chef de village, le 9 mars 1917. De par sa lignée paternelle, il descend d’ArdoNgiril Ali Sidi, de Mbolo Ali Sidi, l’un des grands électeurs du Fouta républicain (1776 - 1881). Fils cadet de Thierno Mamoudou Sada BA originaire de Dabbé, cadi des Yirlabés et de Ama Maddiyou Ly. Oumar Bâ a donc vu le jour, dans un univers religieux traditionnel et islamique, dans la claire conscience d’appartenir aux grands aigles du pays Foutankais et de savants respectés.
Dans cette ambiance, Oumar Bâ fera de bonnes études coraniques avant d’être envoyé à l’école du village de Saldé, en 1926. Major de sa promotion, en 1928 le voilà boursier de l’administration coloniale à Podor pour 3 ans. Envoyé à l’Ecole des fils de chefs de Saint-Louis, cette ancienne école des otages, fondée par le Général Faidherbe en 1857. Diplôme de cette école, Oumar Bâ se présente au concours d’entrée à la ferme Ecole de Louga en 1934. Il est admis premier du Sénégal et y sort avec le grade de moniteur d’agriculture. Il s’engage comme moniteur d’école et le restera pendant près de treize (13) ans. Il servira dans presque toutes les régions du Sénégal : Saint - louis, Tambacounda, Diouloulou, Thiès etc. …
Il servira à Kaolack en qualité d’agent des PTT. Mais comme s’il s’était trompé de voie, Oumar Bâ démissionne des PTT, et retourne à l’enseignement. Il obtient à titre exceptionnel, le certificat d’aptitude pédagogique, ce qui lui confère le grade d’instituteur. De 1934 à 1945, il sera directeur de l’école de Ouakam (Dakar). Et c’est là qu’Oumar Bâ aura le privilège de diriger la toute première école avec cantine scolaire du Sénégal. Mais l’enseignement seul est incapable d’absorber son énergie.
Il ira faire du journalisme de 1948 à 1951, embauché comme chroniqueur au journal PARIS - DAKAR qui deviendra à l’indépendance du Sénégal en 1960, le quotidien national le SOLEIL.
En 1952 Oumar Bâ entend de plus en plus l’appel du désert. Il se présente au concours des interprètes. Admis, il sera envoyé en haute Mauritanie :
Nouakchott, Atar, Tidjikja, Aioun El Atrouss ,Timbedra , Nema , M’ bout et en basse Mauritanie : Rosso, Boghé, Aleg et Kaédi. Il croise des interprètes comme lui Horma Ould Babana, fondateur de l’entente Mauritanienne et Me Moktar Ould Daddah, futur président de la Mauritanie. Mais sa destinée sera autre. Déjà, au congres d’Aleg de 1958, il aura des démêlés avec le clan des partisans du pouvoir colonial favorable à la communauté avec la France. Ce qui lui vaut d’être révoqué de l’administration coloniale. Paradoxalement, ceci n’enlèvera en rien son amour pour la France, même si l’un de ces fils s’appelle Sékou Touré Bâ. Il a toujours aimé la liberté, l’égalité et la fraternité dans l’ambiance d’une francophonie respectueuse des apports spécifiques de son espace, comme il le dit dans son livre "Faut-il grader la langue française ?"
Deux ans plus t**d, l’administration coloniale le reprend et l’envoie au service de l’information du gouvernement général de l’AOF à Dakar. Il s’inscrira, en 1956 à l’Université ouvrière de Lomé (Togo) et y obtient un diplôme qui lui permettra de suivre un stage en sciences sociales au ministère de la France d’Outre- Mer.
Dans le contexte de la loi cadre de 1957, Oumar Bâ entre à l’école nationale de la France d’Outre-Mer, il y obtient un brevet en sciences sociales et s’inscrit à l’institut des sciences politiques de Paris. Saint Louis ayant cessé d'être en 1957 la capitale du Sénégal et de la Mauritanie, il est rappelé dans ce dernier pays, le sien, pour y être nommé préfet à Tidjikja. Au lendemain de l'indépendance de la Mauritanie, il est nommé simultanément premier directeur de la fonction publique et de la radio diffusion nationale.
Il ne quitte ces foncions que pour être nommé délégué permanent de la Mauritanie à l'UNESCO et conseiller à l'ambassade de Mauritanie à Paris (1963-1965). A la fin des années 1965, Oumar Bâ est rappelé de Paris, pour diriger l'IFAN-Mauritanie. Et en 1966 concomitant à ces fonctions de directeur de l'IFAN il dirige le comité Mauritanien de préparation du premier festival mondial des arts nègres (1966). C'est pendant ce festival qu’Oumar Bâ se lie d'amitié avec Aimé Césaire, Léon Gontrant Damas et Léopold Sédar Senghor. A la fin du festival L. L. Senghor le prend à l'IFAN Dakar comme directeur de recherche de 1967-1975.
Durant cette période Oumar Bâ donne le meilleur de lui-même. Plus d’une cinquantaine d’articles parus dans la r***e littéraire intitulée Bulletin de l’IFAN. C'est aussi pendant ce long et fructueux passage à l’IFAN Dakar que Oumar Bâ présente une thèse de doctorat d'université à la Sorbonne en 1972 intitulé "les peuls du Fouta-Toro"
Oumar Bâ rentre définitivement en Mauritanie en 1976. De 1976 à 1980, il occupe le poste de conseiller à l'institut Mauritanien de recherches scientifiques (IMRS). De 1980 au jeudi 12 février 1998, à 18 heures 45 il occupera la fonction de conseiller à l'Institut des langues nationales. Oumar Bâ le francophile, termine avec une agrégation d’arabe en 1994. Après avoir passé 4 ans en Arabie Saoudite à l’université King saoud de Riyad et 2 ans chez les Pères missionnaires catholiques de Tunis. Oumar Bâ représentera, sa vie durant, toutes les facettes de cultures en contact. Il incarnera la : FULLANITE, AFIRICANITE et FRANCOPHONIE."
Éléments bibliographiques, sans doute lacunaires :
Poèmes peuls modernes, Nouakchott, IM, coll. "Etudes mauritaniennes", (2eme ed), 1965
"Faut-il garder le français?", Paris, La Pensée Universelle, 1991
"Le Fouta Tôro au carrefour des cultures", Paris, L'Harmattan, 1977
"La langue française après la décolonisation", Paris, La Pensée Universelle, 1980
"Mon meilleur chef de canton", Paris, La Pensée Universelle, 1992
"Odes sahéliennes", Paris, La Pensée Universelle, 1978
"Paroles plaisantes au coeur et à l'oreille", Paris, La Pensée Universelle, 1977
Presque griffonnages ou la francophonie, Dakar, 1966
source : http://www.iblatunis.org.tn/pmb/opac_css/index.php?lvl=author_see&
id=9230
http://cridem.org/C_Info.php?article=687614