11/12/2021
J’ai le plaisir de partager avec vous les émotions et les résultats d’un voyage à thème « histoire des juifs d’Italie » dont j ai assuré les guidages : Des personnalités, des professeurs, des enfants de déportés, des écrivains, un survivant d’Auschwitz étaient mes clients… Un concentré de savoir et d’experience extremement stimulant pour ma profession.
Mon guidage nous a donc emmené dans les cimetières, les synagogues, les camps de triages, les ghettos mais surtout sur les traces d’un passé glorieux qui contribua à la richesse de toute la region…
Je remercie Jacqueline Pollak journaliste en Belgique pour le bel article ( link ) , Arianne Ben David professeur à l’université La Sorbonne et LLoica directrice de l’agence organisatrice pour cette belle opportunité… et vous invite à lire l’article d ‘aujourd’hui et les artcicles qui suivront des demain sur BOLOGNE, MODENA e FERRARA pour savoir ce que vous pouvez découvrir en visite guidé “Emilie Romagne hébraique “ avec moi…
A bientot.
DANS LA MAGNIFIQUE EMILIE-ROMAGNE, UN JUDAÏSME PROCHE DE L’EXTINCTION *
Le judaïsme italien et les merveilles de l’Émilie-Romagne ont été les thèmes d’un superbe et très instructif voyage organisé par Lloica Czackis, de l’association Valiske, accompagné par Ariane Bendavid, de la Sorbonne, et guidé par Nathalie Zaveroni. L’Italie est le pays le plus riche au monde pour son patrimoine culturel et historique, c’est en effet elle qui compte le plus de sites classés à l’Unesco, 55 au total. Nous avons visité quatre de ces merveilles. L’Italie a par ailleurs été le premier pays d’Europe occidentale à accueillir une diaspora juive et ce à partir du deuxième siècle avant l’ère commune. Au XVIe siècle, elle abritait la moitié de tous les Juifs d’Europe, italiens, séfarades et ashkénazes. L’Italie possède en outre 17 000 manuscrits hébraïques, soit plus de la moitié de ceux qui ont survécu dans le monde.
Ariane Bendavid en conférences du soir, et Nathalie Zaveroni en guidage dans les villes et ghettos, nous racontent l’histoire mouvementée de ces Juifs qui sont arrivés de la Judée à Rome, par vagues, notamment à l’époque des Maccabées et après la destruction du second temple de Jérusalem, quand l’empereur Titus amena à Rome la grande Menorah de Jérusalem et 700 prisonniers juifs. Au premier siècle de l’ère commune, il y avait à Rome, entre 30 et 40 000 Juifs. Ils étaient prosélytes et convertirent au judaïsme de nombreux Romains las de leur panthéon polythéiste, ce qui provoqua de l’antijudaïsme, ainsi plusieurs écrivains romains, par exemple Sénèque, Cicéron et Tacite tinrent des propos antisémites. A la fin de l’empire romain, il y avait des millions de Juifs, ils représentaient près de 10% de le la population.
La situation des Juifs se gâta avec la montée du christianisme qui devint en l’an 380 la religion d’état. Les Juifs virent alors alterner les périodes de persécutions et de tolérance, les chrétiens s’illustrèrent par exemple en créant le statut de dhimmi.
A partir du VIIIe siècle, les Juifs se concentrèrent dans le sud de l’Italie et en Sicile, jusqu’à ce que l’Église, en 1215, au quatrième concile de Latran, décide de leur imposer des signes distinctifs. Poussés à la conversion, au XIVe siècle, de nombreux Juifs choisirent de partir en Italie centrale et du nord où leur arrivée provoqua parfois des émeutes mais pas de pogroms. L’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 amena en Italie de nombreux Juifs espagnols et portugais mais dans une moindre proportion que dans l’empire ottoman. La décision la plus fatidique pour les Juifs italiens fut prise par le Vatican en 1555, c’était une bulle papale qui enfermait dans des ghettos les Juifs qui vivaient dans les états pontificaux, c’est-à-dire dans les deux tiers de l’Italie. Ces ghettos durèrent jusqu’à l’émancipation des Juifs, vers 1797, lorsque Napoléon conquit l’Italie et proclama l’égalité de tous les citoyens.
Au XIXe siècle, les Juifs s’éloignent de la pratique stricte, entrent à l’université, s’assimilent et participent au Risorgimento, la lutte pour l’unité italienne. Ils se sentent profondément italiens, plus t**d ils s’opposeront au sionisme et au communisme, ils vivent une longue période heureuse. Ils sont devenus si italiens que, dans les années 1930, 10% d’entre eux vont jusqu’à adhérer au parti fasciste. Leur déconvenue fut d’autant plus grande en 1988 lorsque Mussolini proclame les lois raciales qui les exclut de la société italienne, des mesures antisémites qui aboutiront à la déportation d’environ 8000 Juifs, pour la plupart vers Auschwitz. Les arrestations et les déportations furent le fait des Allemands avec cependant parfois des Italiens, comme dans le camp de concentration de Fossoli où, les gardes allemands n’étant pas assez nombreux, il fut souvent nécessaire d’appeler en renfort des carabiniers et des surveillants italiens. Cependant beaucoup de Juifs furent sauvés par leurs compatriotes non juifs, y compris par des institutions religieuses. Les Juifs auraient été environ 40 000 en 1938 et près de 28 000 en 1948.Aujourd’hui ils sont très intégrés et très bien acceptés. Ils sont environ 30 000.
Demain ne manquez pas l article sur BOLOGNE JUIVE.