17/06/2023
Pour les marins de plaisance, la Traversée du Pacifique ne se compare vraiment pas à autre chose. C’est la plus grande distance d’eau salée entre 2 terres habitées (ou pas) sur la planète. A vol d’oiseau, cela représente quelques 2.900 nautiques entre les Galapagos et les Marquises, soit environ 5.400 kms de navigation dans le plus vaste océan du monde. Et ce n’est pas rien de dire ça, car cette immensité peut engendrer une mer vraiment forte même quand le vent n’est pas très soutenu. Ceci dit, modestement cela reste de la « promenade » par rapport aux bateaux qui naviguent dans les hautes latitudes sud ou nord et qui se frottent à des conditions bien moins accueillantes…
Concernant Poe Hina, nous aurons parcouru environ 3.200 milles en 25 jours (près de 6.000 km) pour cette Transpac, avec les détours pour essayer de retrouver Aaron Adventure Aaron Carotta à qui nous avons pu dédier 4 jours. Quelle heureuse nouvelle qu’il ait pu enfin être retrouvé et sauvé 8 jours après que nous ayons quitté la zone de recherche. C’est merveilleux !
Pour revenir à notre Transpac, les conditions ont été globalement clémentes. Du vent fort pendant 3-4 jours au départ des Galapagos, puis ça s’est calmé pendant la plus grande partie de la traversée. Le bateau et l’équipage en profitant naturellement. Une fois encore Poe Hina a reçu quelques invités surprise pendant une bonne semaine cette fois-ci ! Des fous à pieds rouges insouciants profitant du bateau pour se reposer tranquille. Le matin tôt ils partaient pêcher quelques poissons volants et calamars autour du bateau et revenaient se poser à bord pour la journée, se nettoyer le plumage et repeindre le pont d’une généreuse fiente ! Au bout d’une semaine, on n’en pouvait plus. On ne pouvait plus marcher sur le bateau sans en avoir plein les pieds ! Alors on a perdu notre sens de l’hospitalité…
Durant la traversée la pêche a été bonne, nous avons toujours eu du poisson frais, du thon plus précisément, et on s’est bien régalés. Après 2 semaines de mer, nous n’avions quasiment plus de produits frais à bord, mais ça va, le congélateur était toujours plein…
On s’est improvisés coiffeurs aussi ; et ça n’a pas été la meilleure idée de la traversée !
Au niveau technique, toujours de l’eau dans le gasoil du réservoir tribord mais on gère grâce au décanteur. En tout cas il faudra nettoyer tout ça à Tahiti pour que nos locataires ne soient pas embêtés. Et aussi, la pompe à eau de mer de l’évier s’est arrêtée subitement. Chez Poe Charter nos catamarans sont équipés d’un robinet d’eau mer à l’évier, ce qui permet de faire des économies d’eau douce, pour la vaisselle notamment. On lave au maximum à l’eau de mer, et on rince à l’eau douce à la fin, c’est parfait ! Sur Poe Hina il y a une pompe électrique, mais celle-ci était de mauvaise qualité. On a pu bricoler pour terminer le convoyage mais ce n’est pas terrible… Une neuve est en route pour Tahiti.
L’arrivée aux Marquises fut émouvante. Nous avons touché Fatu Hiva au petit matin et les odeurs de la terre, de la pluie, des feuilles et des fleurs nous ont fait tourner la tête. Quand on est en haute mer sur un voilier pendant de longues périodes, notre odorat se modifie. Il n’y a presqu’aucune odeur au large et on peut dire qu’on « oublie » cette sensation sans s’en rendre compte. Et comme côté parfums, les Marquises se posent là, les retrouvailles sont plutôt enivrantes !
Nous avons choisi Fatu Hiva, la plus au sud des Marquises, pour ne pas perdre plus de temps et raccourcir le trajet vers Tahiti. Traditionnellement, c’est à Hiva Oa plus au nord que les voiliers en Transpac atterrissent en premier et font leur ravitaillement, notamment en carburant. N’ayant pas besoin de gasoil pour rentrer à Tahiti, nous savions que nous pourrions trouver quelques produits frais à Fatu Hiva et que cela suffirait à terminer le voyage confortablement.
Après 24h de repos, nous sommes repartis direction les Tuamotu, autrement dit l’archipel dangereux, où nous envisageons de faire la dernière escale à Apataki. Escale à la fois amicale et professionnelle au chantier naval Chantier Apataki Carénage Services, partenaire historique de Poe Charter. Ce sera le dernier arrêt avant Tahiti et d’autres retrouvailles.