12/12/2024
RUINES
L’image que nous rencontrons est souvent troublante, malaisante, parfois même glaçante, offrant une vision dégradée de ce qui a été VIVANT. Pourtant, des corps résistants et résilients surgissent dans ces écosystèmes en mutation, témoignant de métamorphoses et d’adaptations.
Les RUINES, tout comme les archives, se dressent en tant que témoins de notre histoire, contenant des strates de temps et de mémoire qui vibrent encore. Dans cette quête, l’archiviste agit comme un chercheur de spores de vie au sein d’environnements dégradés, révélant ainsi des histoires cachées et des connexions inattendues. En soulignant la fluidité du temps et des relations, l’histoire prend des formes multiples et complexes, demeurant vivante même dans la mort, éclatée et dissoute dans les pierres et les âmes.
Repensons alors la temporalité et ses interconnexions.
Les ruines et les archives ne se résument pas à des représentations figées d'un passé révolu ; elles nous offrent une invitation précieuse à réfléchir sur l'influence des actions d'hier sur notre présent.
Dans ces ruines, des dynamiques insoupçonnées peuvent émerger, nécessitant une observation attentive pour faire naître un nouvel écosystème de connaissances où passé et présent se croisent. De même, les documents et objets archivés ne sont pas que des vestiges : ils deviennent des éléments vivants qui interagissent avec les récits contemporains. Ces espaces se transforment en lieux de rencontre où se côtoient diverses histoires polyphoniques.
En tant qu’archivistes, notre rôle est de servir de médiateurs entre ces temporalités, cherchant à établir des dialogues sans imposer de morale, mais plutôt en honorant l’imperfection, le doute et la méconnaissance. Les archives, tout comme les lieux dégradés, recèlent de trésors inattendus. C’est un acte d’amour qui valorise les éléments souvent négligés, redonnant vie aux fragments de notre histoire à travers une attention délicate et réfléchie. Ces archives, imparfaites par essence, se révèlent être un terrain fertile pour la découverte de vérités plurielles. En confrontant des récits fragmentaires, nous contribuons à la construction d'une mémoire collective plus authentique et démocratique, où chaque voix compte.
L’imperfection, loin d'être un défaut, est une richesse conceptuelle et pratique qui souligne l'aspect dynamique et évolutif des archives. Elles deviennent alors un locus de résistance, d'inclusion et d'innovation.
C’est en renouvelant notre compréhension du passé et en réaffirmant l'importance de chaque fragment et de chaque récit que nous créons une mémoire collective vivante et significative. Ainsi, les archives et les ruines se muent en champs fertiles de création et de réinvention, où les récits s’entrelacent comme des racines s’enchevêtrant dans le sol.
En cherchant à établir des connexions entre ces histoires passées et vécues, nous donnons naissance à un véritable espace de rencontre, une danse harmonieuse qui célèbre le Vivre-Ensemble. Et c’est à travers cette démarche inclusive que nous honorons notre héritage tout en tissant des liens avec les générations futures, explorant ensemble les méandres d’une mémoire collective vivante, ouverte et riche de promesses.
Au fil de ce dialogue entre le passé et le présent, la beauté des imperfections nous rappelle que chaque fragment compte, nourrissant une mélodie éternelle qui résonne à travers le temps.
La curatrice
Ghaël Samb Sall