29/09/2024
MARINA DE GAMMARTH : Un projet touristique victime de la corruption et de la fraude en Tunisie
Le projet Marina de Gammarth, autrefois perçu comme une opportunité de développement pour le secteur touristique et de plaisance en Tunisie, a sombré dans une série de scandales de corruption et de gestion frauduleuse. Retour sur une affaire qui soulève des inquiétudes sur l’état de droit et la sécurité des investissements en Tunisie.
Un projet prometteur
À l'origine, le projet Marina de Gammarth avait tout pour réussir. Situé dans une région prisée par les touristes et les plaisanciers, il devait offrir une marina moderne, des résidences de standing, et des infrastructures adaptées à un tourisme de luxe. Ce projet répondait à une demande croissante dans un pays aux côtes attrayantes, ouvert sur le bassin méditerranéen et offrant de nombreuses opportunités dans le domaine du tourisme maritime.
La dérive mafieuse
Cependant, au fil du temps, des individus peu scrupuleux ont pris avantage de l'absence de contrôles stricts et ont commencé à contourner les lois locales. Des permis frauduleux ont été accordés, et des pratiques de corruption ont commencé à entacher le projet. La marina et le port de Gammarth, autrefois porteurs d'espoir, se sont retrouvés au cœur d'importantes affaires judiciaires.
Ce sont les copropriétaires des résidences de cette marina qui en paient le prix fort. Ces derniers, ayant acquis leurs biens en toute légitimité, n’ont jamais reçu leurs titres fonciers, malgré le paiement intégral de leurs propriétés. Cette situation a plongé de nombreuses familles et investisseurs dans l’incertitude, car sans titres fonciers, il est impossible pour eux de faire valoir leur pleine propriété ou de revendre leurs biens.
Ce blocage administratif et juridique est révélateur des dysfonctionnements structurels.
Un impact négatif sur l'investissement
Cette affaire met en lumière des failles dans la protection des investisseurs en Tunisie. Les promoteurs et acheteurs de bonne foi se trouvent confrontés à un système où la corruption, les détournements de fonds et la mauvaise gestion publique freinent les projets économiques et empêchent le développement d'infrastructures clés.
Cette situation préjudiciable décourage de potentiels investisseurs étrangers et locaux, qui hésitent désormais à placer leur argent dans des projets immobiliers ou touristiques en Tunisie. En effet, investir dans un pays où les lois ne sont pas strictement appliquées et où la corruption semble omniprésente constitue un risque majeur, tant pour les entreprises que pour les particuliers.
Les recours des copropriétaires
Face à cette impasse, les copropriétaires, qui se sentent lésés, envisagent de se constituer partie civile pour faire valoir leurs droits devant les tribunaux tunisiens. Toutefois, la lenteur des procédures judiciaires et l'enchevêtrement d'affaires de corruption rendent toute résolution rapide difficile.
Le ministère du Tourisme, de son côté, est interpellé par cette situation. Certains appellent à une reprise en main par l’État de la gestion de la marina et du port de Gammarth, afin d’éviter que d’autres projets similaires ne subissent le même sort. L’objectif : restaurer la confiance des investisseurs et redonner à ce secteur stratégique son potentiel de croissance.
Un appel à la transparence
L’affaire de la Marina de Gammarth illustre de manière dramatique les ravages que la corruption peut causer à des projets économiques prometteurs. Alors que la Tunisie cherche à attirer plus de touristes et à développer son secteur de plaisance, cette affaire rappelle l’importance d’une gestion transparente et de l'application rigoureuse des lois pour garantir la sécurité des investissements.
Les leçons tirées de cet échec devraient inciter les autorités à renforcer la lutte contre la corruption et à mettre en place des mécanismes plus robustes pour protéger les investisseurs.