17/09/2024
Le vent soufflait du Nord depuis plusieurs jours, accompagné d'un soleil éclatant. La pêche à la mouche pour le brochet devenait de plus en plus délicate. Puis, ce jeudi 12 septembre, nous arrivons aux barques . Le vent souffle fort, plein ouest, et un léger voile de nuages adoucit la lumière du soleil. Les conditions semblent idéales pour traquer le brochet.
L'eau avait perdu trois degrés en quatre jours, signalant le moment de changer de technique et de stratégie. Je décidai d’opter pour une S3 Predator de chez Rio conseillé par Xavier FlyFishingPour le streamer, je choisissais une mouche articulée, chinée auprès d'Alain Barthelemy Après avoir réglé mon bas de ligne, je fais le troisième lancer, trouvant l’alignement parfait à travers les différentes couches d’eau. À ce moment-là, je sens une tape en deux temps.
Quand je ferre, je réalise que c’est lourd, très lourd. Lors de la prise, je ne me sens pas particulièrement en confiance se ferrage en 2 temps cela me fais penser que c est le stoller qui a piqué le monstre .
À ce premier départ, la canne Helios 4 d'Orvis se plie presque à plat. Pourtant, elle encaisse bien, et je parviens à contrôler le monstre. Pour moi, le brochet n'est pas un grand combattant, et je choisis de le freiner. Il fait demi-tour et revient vers moi. Lorsque je le vois sauter, je comprends qu'il dépasse les 110 cm, un spécimen largement au-dessus de 10 kg.
Patrick, qui débute et pêche au lancer , reste scotché par ce qu'il voit. Je sens une impatience grandissante pour préparer l’épuisette. Pour ma part, je n'ai pas l'habitude d'un combat aussi long. Une lutte interminable peut signifier un fluorocarbone qui lâche, coupé ou une décroche . Le poisson se rapproche du bateau, si près que je pourrais le toucher. Je crois qu'il est épuisé. Patrick offre l’épuisette une première fois, mais il repart avec une force phénoménale. La Helios 4, bien que puissante, semble à bout de nerfs. Je ne pensais pas que cela arriverait sur un brochet….
Alors qu'il atteignait sa pleine puissance, je présentai la canne d'un angle précis, afin d'amortir ses départs les plus violents. Je freinais autant que possible, le bridant comme je ne l'avais jamais fait auparavant, même pas avec un saumon King ou un chum. Le combat était très rapproché, à moins de dix mètres de moi. C'est alors que je compris que j'avais mis trop d'autorité, et mon impatience allait jouer contre moi. On sait souvent quand on va décrocher, et il arriva ce qui devait arriver. Il décrocha.
Mon propre record sur la mouche était de 112 cm. J'avais l’impression que j allais le dépasser aisément. Malheureusement, un cri de colère et de frustration se libéra, traversant tout le lac. Je savais que je ne retoucherai pas un tel poisson avant un moment, et certainement pas ce fameux jeudi. Je pestai, vexé, mais je continuai à pêcher avec Patrick.
Une heure plus t**d, sur le même montage et avec le même streamer, j'eus la chance de croiser un autre magnifique brochet, d'environ 95 cm. Ce dernier offrira un combat intense, mais sans aucune comparaison avec celui que je venais de mener. Néanmoins, il me permit de trouver un certain réconfort. Cette pêche du brochet est ardue et physique, un véritable exercice de lancer avec des mouches volumineuses .
Perdre un tel poisson m’amène à réfléchir sur mes manières de progresser, sur la façon de m'économiser pour mieux prospecter à l'avenir. Bref, je n'avais plus qu'à me promettre de revenir l'an prochain, et à exprimer ma gratitude envers l'Irlande et envers mes amis.