24/09/2022
Un roi de France fait prisonnier !
Le 19 septembre 1356, les Anglais remportent la bataille de Poitiers et font prisonnier le roi de France.
Jean II le Bon est en effet fait prisonnier au terme de cette bataille et est envoyé dans les geôles de Londres.
La bataille de Poitiers s’inscrit dans le contexte de la première partie de la guerre de Cent Ans, débutée trente ans plus tôt, en 1337.
Alors que le prince de Galles, Edouard de Woodstock, mène une chevauchée dévastatrice en Aquitaine avec sept mille hommes, il est intercepté par Jean II.
Ce dernier dispose de quatorze mille hommes installés près de Poitiers.
Trop sûr d’eux les Français se font surprendre et, le 19 septembre 1356, sont fait prisonniers.
La prise donne le vertige : le roi de France est captif, ainsi que son fils Philippe et une partie de la haute chevalerie française.
La France ne connaîtra qu’une poigné de captivités de ce genre au cours du millénaire.
Le premier à mentionner est Saint Louis, fait prisonnier en Egypte au cours de la Septième Croisade.
Le deuxième est donc Jean II, capturé à Poitiers puis envoyé en Angleterre.
Le troisième François Ier fait prisonnier en Italie au cours de la Sixième guerre du même nom, puis envoyé en Espagne par Charles Quint le temps de négocier sa libération.
Le dernier en date est Napoléon III. Capturé à Sedan, il est le seul parmi les quatre monarques cités à abdiquer sa couronne pour ne pas faire l’objet d’un troc par Bismarck. Il mourra trois ans plus t**d en Angleterre.
Concernant Jean II, c’est le traité de Brétigny de 1360 qui mettra un terme à ses quatre années de captivité.
Le roi de France est libéré contre paiement de trois millions d'écus d'or de rançon (qui ne sera pas payé intégralement).
Le traité formalise par ailleurs la partition du pays : Edouard III obtient la Guyenne et la Gascogne en pleine souveraineté ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes.
Il obtient également le Poitou, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge. Enfin, le roi d’Angleterre devient souverain de toutes les terres du comté d'Armagnac.
En contrepartie, Édouard III renonce à la Normandie, à la Touraine, aux comtés du Maine et d'Anjou et à la suzeraineté sur la Bretagne et les Flandres.
Il renonce aussi à revendiquer la couronne de France.
Au terme de ce traité, le royaume de France est amputé d’un quart de son territoire. L'humiliation est considérable, la noblesse française est en plein désarroi.
Du côté de Londres, Jean II n’est pas dans le même état d’esprit, il organise un grand banquet pour fêter sa prochaine libération ...
Son fils en revanche, le futur Charles V, ronge son frein.
C’est lui qui a été contraint de négocier et de conclure le désastreux traité de Brétigny de 1360 pour obtenir la libération de son père.
Il se fait la promesse de bouter les Anglais de son royaume quand il montera sur le trône.
Jean meurt en quatre ans après sa libération, son fils ceint la couronne de France le 8 avril 1364.
Il confiera à son célèbre « sabre », le connétable du Guesclin la charge de reconquérir l’une après l’autre toutes les places dans les mains des Plantagenet depuis le traité de Brétigny.
Illustration : Graham Turner (1964-) la capture de Jean II à la bataille de Poitiers, © Osprey Publishing, Oxford © CMN.
Pour aller plus loin : Françoise Bériac-Lainé et Chris Given-Wilson, « Les prisonniers de la bataille de Poitiers », éditions H. Champion, collection « Études d'histoire médiévale », 2002.
666 ans jour pour jour, 19 septembre 1356.